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Le Frioul, ou le rêve inachevé

Publié le 23 mai 2006

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Au large de Marseille, l'archipel du Frioul, un amas de roches calcaires mangées par le soleil et dont l'une des quatre îles, If, a été rendue célèbre par le roman d'Alexandre Dumas, "Le comte de Monte-Cristo", attire chaque année 600.000 visiteurs.Si nombre de touristes s'arrêtent au chateau d'If, sur les traces d'Edmond Dantès, beaucoup poussent la traversée jusqu'à Ratonneau, la seule des îles habitée, attirés par ses criques sauvages ou son festival musical d'été, "Les Nuits Caroline" organisé dans le lazaret du même nom.
 Le Frioul, ou le rêve inachevé - Batiweb
Mais son avenir dépend en grande partie des navettes qui le relient au centre-ville et dont le nouvel opérateur, Veolia, a été désigné lundi par la communauté urbaine après plusieurs semaines de crise. L'ancien opérateur, la Société des armateurs côtiers marseillais (SACM) a vu ses bateaux saisis en avril et ses gérants mis en examen dans une enquête pour détournements de fonds.

150 personnes seulement vivent à Ratonneau à l'année: des commerçants, des retraités mais aussi des employés qui travaillent à Marseille et font chaque jour la traversée, tout comme la dizaine d'enfants et d'adolescents qui s'y rendent en cours. Car il n'y a ni crèche, ni école dans cette île qui, il y a 36 ans encore, appartenait à la marine nationale comme en témoignent les ruines de nombreuses fortifications et blockhaus.

C'est Gaston Defferre qui a racheté à l'armée le Frioul, situé à moins de deux kilomètres des côtes marseillaises, au début des années 1970 avec un rêve ambitieux: en faire le 17ème arrondissement de sa cité, explique le président de l'Association Frioul, un nouveau regard (AFNR), Gérard Prolhac.

L'ancien maire de Marseille, mort en 1986, pensait sortir de terre 2.400 logements, une crèche, une école, un bureau de poste, un hôtel et un port de plaisance de 1.500 anneaux... Et transformer en grand centre de loisirs ouvert à tous les Marseillais ces îles qui avaient longtemps servi de port de quarantaine pour éviter la propagation de maladies contagieuses.

Mais rapidement les promoteurs abandonnent le projet; les premiers acheteurs, fortunés, déçus de ne pas voir les promesses tenues revendent à perte. Seuls quelque 450 logements seront finalement construits ainsi que le centre de vacances Leo Lagrange qui accueille classes de mer, clubs sportifs ou séminaires. Quant au port, il compte 650 anneaux.

"Pendant 25 ans, il ne s'est rien passé et les Frioulais ont eu l'impression d'un abandon des pouvoirs publics", explique Gilles Benoît, président du comité d'intérêt de quartier (CIQ) du Frioul, qui ne comprend pas comment la municipalité a pu se détourner de "cette vitrine touristique".

France Gamerre, adjointe au maire déléguée aux affaires maritimes et au projet Frioul, affirme que ce n'est plus le cas, énumérant les projets en cours: création d'un centre culturel européen, doublement de la capacité du port de plaisance, création de centres d'hébergement dont un hôtel, de centres de plongée sous-marine et de voile...

La mairie compte aussi porter la population du Frioul à 350-400 habitants, "seuil à partir duquel on pourra mettre des équipements collectifs comme des classes ou un médecin". Cela dans le respect de l'équilibre naturel de l'archipel, qui abrite près de 400 espèces végétales et une centaine d'espèces d'oiseaux dont certaines protégées, et de ses fonds marins, insiste la candidate à la présidentielle de Génération écologie.

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