Le chantier de Roland Garros touche à sa fin
Depuis cinq ans déjà, les ouvriers se relaient pour rendre sa gloire au stade Roland Garros, accueillant chaque année le grand chelem. La remise à neuf du stade de tennis comprend la création d’un nouveau court de 5 000 places, la réhabilitation de deux bâtiments, un parvis pour le public, un court semi-enterré, ainsi que le toit amovible tant attendu par les spectateurs et les tennismen.
Si les débuts du chantier furent compliqués (l’instruction du permis de construire a durée deux ans, il y a eu plusieurs recours, des plaintes du voisinage lors de travaux nocturnes…), les derniers travaux touchent à leur fin. Dans sa globalité, le montant des travaux est estimé à 400 millions d’euros, « financés par la Fédération Française de tennis » majoritairement sur « fonds propres » nous précise t-on.
Lors de cette visite, le groupe Essor, en charge des travaux, nous fait voir trois sites. La visite s’articule autour du chantier presque terminé d’un court semi-enterré, de l’accueil, et du nouveau court « Simone Mathieu », « qui compte 5 000 places ».
Diversification et choix environnementaux
Alors que la visite commence, Pascale Sicard, Directrice d’Opérations du groupe Essor, annonce une volonté d’ouverture. Le stade Roland Garros n’accueillerait plus seulement des événements sportifs, mais d’autres évènements destinés au grand public, dans la continuité des défilés Lacoste et Etam s’étant déjà déroulés au stade. De là, le groupe Essor fait une halte pour présenté le court semi-enterré.
Pascale Sicard parle alors du revêtement de sol des allées menant au court, un mélange de pavés dans les tons orange et de lames pareilles à celles utilisées pour les terrasses. Un choix environnemental est mis en avant : le long des allées, des buissons et arbustes, encore tous jeunes, sont plantés pour mettre un peu de vert dans les allées du stade, couleur fétiche arborée chaque année lors du tournoi Roland Garros.
La visite continue vers le bâtiment accueillant les particuliers. Si à l’extérieur, il apparaît comme bâtiment commun aux autres, l’intérieur a été soigneusement travaillé, avec des formes rondes, un contraste de couleurs, et la luminosité de la pièce.
Les murs et plafonds recouverts de bois ressortent particulièrement à côté des sols et des meubles blancs. Le mobilier et la décoration harmonisent l’ambiance chaleureuse de cet accueil volumineux. Véritable labyrinthe, ce bâtiment peut être traversé de tous côtés, menant aux loges que « chacun peut décorer comme il le souhaite ».
Un toit particulier
Pascale Sicard nous conduit ensuite dans un autre bâtiment, montant plusieurs escaliers, jusqu’à nous trouver face au court « Philippe Chatrier » et son fameux toit amovible. Il ne s’agit pas d’un toit ordinaire, loin des tuiles des maisons de campagne. En haut du court, 11 ailes de chacune 350 tonnes - fabriquées par une entreprise italienne : Cimolai - permettent de créer un toit « étanche mais pas hermétique ». Chaque aile est divisée en sept tronçons faits de toiles et de panneaux acoustiques. Les composants du toit (ailes + tronçons) ont été entièrement soudés sur le site puis acheminés en haut du court à l’aide de machines de chantier imposantes.
Pour fermer le toit, les ailes viennent s’emboîter les unes dans les autres, en coulissant sur des rails. Les manoeuvres du toit (ouverture ou fermeture) prennent environ 15 minutes, le temps d’une pause pour les tennismen. Pour répondre ici aussi aux besoins environnementaux, le toit est équipé d’un système de récupération des eaux de pluie menant à des bassins de récupération et de rétention. Pascale Sicard évoque la loi Eau, qui a posé problème dans la conception du système de récupération des eaux. « L’idée est que rien ne soit rejeté », un défi validé par ce chantier laborieux de 30 millions d’euros.
Maintenant que toutes les ailes formant la toiture ont été posées, la mise en service pour le fonctionnement va commencer avec des phases de tests d’ouverture et de fermeture au minimum une fois par mois.
Vers le court « Simone Mathieu »
Se rendre au nouveau court nécessite un peu de marche. Le terrain « Simone Mathieu » se trouve à l’opposé du court « Philippe Chartier ». Au cours de cette expédition, nous passons de l’autre coté du plus grand court de Roland Garros. Pascale Sicard nous fait remarquer la « résille » montée sur une petite partie du stade, sur laquelle le nom Roland Garros est inscrit en lettres grises.
Il faut traverser les serres d’Auteuil pour se rendre au court. La rue situé entre le chantier proéminent de Roland Garros, et les erres d’Auteuil sera « privatisée lors des tournois ». Des « barrières » seront installés pour créer un chemin rectiligne menant au nouveau court. Mais nous bifurquons pour passer entre deux bâtiments réhabilités dans le jardin de l’Orangerie. La réhabilitation de ces deux bâtiments a demandé un peu plus de temps car ils sont classés parmi les monuments historique. Un acteur spécifique de la construction s’est chargée de les remettre à neuf tout en « conservant l’aspect d’autrefois », expliquant le choix du vert émeraude contrastant avec les pierres. Plusieurs boutiques et restaurants sont ouverts au public, même en dehors des périodes de compétition.
C’est après ce détour que nous arrivons finalement au court « Simone Mathieu » d’une capacité de 5 000 places. Encore en chantier, la plupart des places assises sont bachées, mais on peut distinguer les « sièges en châtaignier ». Le tour du court est une immense baie vitrée donnant sur quatre serres ouvertes au public, toutes représentent la culture des différents continents. Plusieurs types de plantes, ainsi que leurs utilisations sont indiquées sur des petits panneaux. Les effets climatiques, comme la chaleur et l’humidité sont de mise pour que cette « serre tropicale » fonctionne le mieux possible.
À un an de la fin du chantier, le groupe Essor, en charge de la construction, tient à mettre en avant l’avant et après travaux. Le groupe nous offre ainsi une vision aérienne de Roland Garros en 2015 et en 2021.
Julie Baranton
Photo de une : ©FFT