La tentation portugaise vers l'Angola
Une opération de charme destinée à développer la coopération économique avec l'ancienne colonie, un pays immense renfermant d'importantes ressources pétrolières, d'une population d'environ 14 millions d'habitants.
Le secteur du bâtiment, qui a connu un véritable essor lors du boom économique de la fin des années 1990 au Portugal, est aujourd'hui en crise et présente un excès de capacité, qui permet aux entreprises d'envisager d'investir à l'étranger et notamment en Afrique, explique Cristina Casalinho, économiste de la banque privée BPI.
"L'Angola est une alternative intéressante pour les investissements étrangers, par rapport à d'autres pays comme l'Europe de l'Est où il est dispendieux d'entrer et où les perspectives de retombées économiques sont souvent plus limitées", a-t-elle expliqué.
Les entreprises portugaises bénéficient par ailleurs d'importants atouts en Angola, une ancienne colonie devenue indépendante en 1975, comme une langue commune, une législation proche de celle qu'ils connaissent et parfois même une expérience préalable dans le pays, poursuit la responsable de BPI, spécialisée dans la couverture de l'économie angolaise.
Contrairement au Portugal qui est contraint de limiter ses investissements publics afin de résorber un déficit public qui ne cesse de s'envoler ces dernières années, l'Angola, qui a connu 27 ans (1975-2002) d'une guerre civile ayant fait au moins 500.000 morts et des dégâts matériels considérables, se lance aujourd'hui dans un ambitieux plan de reconstruction.
Le gouvernement angolais a alloué l'année dernière quelque 910 millions d'euros à la construction d'infrastructures publiques et a prévu d'en affecter quelque 652 millions cette année. Les projets d'investissements pour les groupes portugais ne manquent pas.
Les trois principaux groupes de BTP lusitaniens --Somague, Mota-Engil et Soares da Costa-- s'apprêtent par exemple à participer à l'appel d'offre pour la construction du nouveau port de Luanda, la capitale, un investissement de plus de 100 millions d'euros. Le groupe Soares da Costa, implanté en Angola depuis une vingtaine d'années, envisage même d'étendre son activité et de tirer parti de la croissance économique, dont le gouvernement espère qu'elle dépassera les 27% cette année.
Soares da Costa a dégagé un chiffre d'affaires de 127 millions d'euros en Angola l'année dernière, et devrait y réaliser près de la moitié de ses ventes cette année, a indiqué son président Pedro Gonçalves.
Quant à Mota-Engil, l'Angola représente près de 13% de son chiffre d'affaires global, qui s'est élevé l'année dernière à 1,4 milliard d'euros, dont 183 millions rien que pour son activité dans ce pays. Attirés par le succès de ces groupes, d'autres sociétés de BTP tentent à leur tour l'aventure.