Au pays de soleil Levant, des immeubles pourraient ne pas se relever
La police a arrêté le principal accusé du scandale, l'architecte Hidetsugu Aneha, qui a reconnu qu'une centaine d'immeubles dont il avait dirigé la construction étaient susceptibles de s'effondrer lors de tremblements de terre de moyenne ampleur.
M. Aneha, 48 ans, avait sciemment réduit les dispositifs de résistance aux séismes des bâtiments afin de tailler dans les coûts. Il s'est déjà vu retirer tous ses diplômes et licences d'architecte. Le mois dernier, son épouse, dépressive, s'est suicidée. Les enquêteurs ont arrêté sept autres accusés, parmi lesquels le président de la société Kimura Construction, Moriyoshi Kimura, 74 ans, ainsi que le représentant de la même firme de BTP à Tokyo, Akira Shinozuka, 45 ans.
Kimura Construction, basée dans la préfecture de Kumamoto (sud), est l'entreprise qui a construit les immeubles vulnérables, parmi lesquels des complexes résidentiels et des hôtels. Elle s'est déclarée en faillite en décembre dernier. Pour sa défense, l'architecte discrédité a expliqué qu'il était sous la pression de la firme de BTP pour faire des économies. Le gouvernement japonais a dû débloquer une enveloppe d'urgence de 8 milliards de yens (57 millions d'euros) pour assister les milliers de personnes qui ont été contraintes de quitter à la hâte leurs logements défectueux.
"Le gouvernement fera de son mieux pour assurer la sécurité des habitants", a promis son numéro deux, Shinzo Abe. A la suite du scandale, le gouvernement a promis de renforcer la législation japonaise sur les normes de construction. Cette loi, déjà révisée en 2000, définit les critères techniques à remplir dans le double but de "limiter les dégât matériels et sauver un maximum de vies humaines". Différentes techniques sont disponibles pour "isoler" les immeubles neufs ou anciens face aux risques de déformation et d'effondrement lors de tremblements de terre. La plupart des procédés mis en oeuvre, de conception récente, sont en théorie efficaces mais encore onéreux.
Selon des projections de la mairie de Tokyo, plus de 5.000 habitants pourraient périr dans la capitale japonaise en cas de séisme de magnitude 7,3 sur l'échelle ouverte de Richter.