La grande révolution architecturale de Pékin
"Nous allons créer des chefs-d'oeuvre d'infrastructures sportives qui reflèteront la fusion des technologies de construction, de l'art architectural et de la protection de l'environnement", proclame le plan d'action du Comité d'organisation des JO de Pékin. Ce qui pourrait être perçu comme de la vantardise ne l'est pas, soulignent les observateurs, témoins des bouleversements que la ville aux 13 millions d'habitants affiche et affichera dans la perspectives des Jeux, le genre de transformation radicale qu'une métropole ne connnaît qu'une fois dans sa vie, comme Paris l'a vécue au XIXe siècle. Enterrée l'architecture stalinienne de l'époque Mao, comme le confirme aussi le futur Opéra de Pékin, voisin du très orthodoxe Palais du peuple.
"Cela bat tout ce qu'on a connu jusqu'à présent", estime Laurence Brahm, un avocat américain basé à Pékin, spécialiste de l'héritage culturel de la capitale. "Depuis Kubilai Khan (empereur mongol) qui a fait bâtir Pékin au XIIIe siècle, c'est de loin le changement le plus extraordinnaire", dit-il. Même si les autorités locales ont récemment appelé à respecter le budget, voire à faire preuve de "frugalité", rien ne semble vouloir arrêter une machine destinée à organiser les "meilleurs Jeux Olympiques de tous les temps".
L'objectif est une fin de chantiers des sites olympiques en 2007, emblèmes d'une révolution touchant une ville entière, à l'image des gratte-ciel qui sortent de terre chaque jour ou des 150 kilomètres de ligne de métro qui devraient être construits d'ici quatre ans. Rénové et agrandi pour le nouveau siècle, l'aéroport international de Pékin, qui sera relié à la ville par un train rapide, va encore subir un énorme lifting d'ici 2008 avec l'ajout d'un terminal qui portera sa capacité totale à 42 millions de passagers contre 25 millions actuellement.
Cette formidable révolution pékinoise n'a pas qu'un coût financier, relèvent les experts. La destruction engagée de la vieille ville dépasse de loin les dévastations maoïstes dans les années 50 et 60, comme l'éradication des anciens murs d'enceinte de la ville. "Bien sûr des bâtiments traditionnels vont disparaître", déclare Wu Huanjia, professeur d'architecture à l'Université Qinghua de Pékin. "Mais il est impossible de conserver une cité pour l'éternité. Les villes doivent évoluer", dit-il.
par Peter HARMSEN pour l'AFP