La construction modulaire bois, en réponse à la pénurie de logements étudiants
Six mois de développement immobilier et sept mois de travaux, voici le calendrier ambitieux que s'est fixée le groupement CIRMAD-Norpac-Ossabois pour la construction d'une résidence étudiante de 150 logements à Arras. Pour tenir ces délais serrés la filiale du groupe Bouygues a retenu un procédé constructif, déjà mis en oeuvre à plusieurs reprises dans les bâtiments d'enseignements : les modules en bois.
Dans ce programme, situé à proximité immédiate de l'université d'Artois, chaque logement se présente sous la forme d’un bloc en structure bois entièrement fabriqué, équipé et meublé (salle d’eau, kitchenette, mobilier) en usine. Les 160 éléments seront superposés in situ, à raison de 6 par jour puis raccordés aux différents réseaux (eau, électricité…).
« Il y a 3 motivations qui justifient le procédé mis en oeuvre à Arras. La première est l’utilisation du bois : grâce à sa performance en terme d’isolation thermique et phonique, à la légèreté du mode constructif, moins long à mettre en place qu’une structure béton, et au carbone qui est capté par la structure bois plutôt que d’être émis. La seconde est qu’il s’agit d’une solution économiquement performante. Enfin, la dernière, concerne l’optimisation de la qualité : les éléments normalisés de la structure bois sont calculés par nos bureaux d’études et les finitions sont réalisées en usine, au propre, à plat, sans poussière, sans bruit et sans vibration », explique Michel Veillon, directeur général d'Ossabois.
Deux unités travaillent aujourd’hui sur la création des modules bois : une première unité est en charge des salles de bains, créées à plat (carrelage, électricité, protections), qui sont ensuite assemblées en cube avant d’être verrouillées. La seconde unité reçoit les cubes salle de bain qui sont ensuite placés sur les plateaux finaux, puis reçoivent les 4 côtés du module et son plafond pour constituer le module lui-même.
L’intégralité du procédé est réalisé en usine, de l’assemblage à l’aménagement intérieur. Une fois le module terminé et contrôlé, il est fermé à clef jusqu’à la réception par le chantier. « Un module bois est construit et contrôlé en 1 jour et demi », précise Michel Veillon dont l'usine emploie 80 personnes.
Des logements de 18 à 36 m2
La résidence regroupe ainsi 140 studios (T1 de 18m2), 8 logements T3 (36m2) et deux logements T2 (36 m2), une salle de travail destinée aux étudiants, des locaux pour le personnel du CROUS, une laverie, un parking de 30 places et un local à vélo.
Un exemple d'aménagement des logements modulaires à Bourget du Lac (c) GFC Construction
Côté esthétique, la régularité des percements dus à l’utilisation du module est assumé et s’exprime comme des trous dans l'enveloppe homogène du bâtiment. Des nuances sur les teintes de l’enveloppe permettent de rompre la linéarité des façades mais l'esthétique demeure tout de même très sobre.
Parfaitement isolées sur l’extérieur, les façades sont revêtues d’une peau en panneau de ciment-bois. Ces panneaux composites combinent la résistance et la flexibilité du bois et la durabilité et la rigidité du ciment. Un travail sur la calepinage permet d’affirmer une matérialité au projet proche de la pierre ou du béton. Le bâtiment répond à la norme RT 2012.
Le BIM pour maîtriser les délais et la qualité
De plus, la résidence étudiante d'Arras a bénéficié des avantages de la technologie BIM. « La maitrise du délai et de la qualité de l’opération dans des conditions optimales de sécurité et d’ergonomie réside principalement dans notre capacité à préparer minutieusement l’opération et d’utiliser, avec nos partenaires, toutes les possibilités du BIM (Building Information Modeling) afin de construire une première fois virtuellement avant de construire réellement », explique Nicolas Jean, Conducteur de travaux Responsable de l’opération d’Arras.
La première chambre de ce programme a été posée le 23 mars et la résidence devait ainsi être livrée entièrement fin juillet, après sept mois de travaux contre 14 mois pour une construction traditionnelle équivalente.
La future résidence à Arras
Près de 784 logements seront livrés selon cette méthode dans cinq villes française, pour répondre à la pénurie de logements étudiants dès la rentrée prochaine : à Bourget du Lac (120), Saint Nazaire (78), Nantes (236) et Arras (150) pour la rentrée 2015, et Nice (200) pour la rentrée 2016. D'ici 2017, le Cnous ambitionne de créer 40 000 nouvelles places pour les étudiants en France.
C.T