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Bibliothèque de Prague : un futur qui passe mal

Publié le 25 juillet 2008

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A la fin du 19e siècle, les Tchèques se dotaient d'un Théâtre national financé par des fonds récoltés auprès de la population. La devise «La nation à elle-même», inscrite à l'intérieur, traduit le rôle clé de ce bâtiment néo-renaissance dans le processus d'affirmation nationale. Un siècle plus tard, les Tchèques envisagent de se doter d'un autre monument d'envergure nationale: une nouvelle Bibliothèque nationale. Pour l'instant, ce projet, censé propulser Prague au rang des capitales avant-gardistes, tourne surtout à la confusion.
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L'affaire de la Bibliothèque pose donc la question de l'évolution architecturale de Prague, de l'attitude des Tchèques à l'égard de leurs émigrés et même de l'avenir politique du pays. Sa construction est devenue une affaire culturelle et politique de premier ordre, à laquelle chacun veut apporter sa voix.

La nouvelle Bibliothèque nationale ne sera pas construite sur l'esplanade de Letná à Prague. Pourtant, il y a quelque mois encore, il semblait que les institution concernées, dont la municipalité de Prague et le gouvernement, étaient plutôt favorables à la réalisation de ce projet futuriste de l'architecte tchéco-britannique Jan Kaplický. Seul le président tchèque, Vaclav Klaus, s'y opposait énergiquement dès le début. Aujourd'hui cependant le projet semble définitivement condamné.

Ministr kultury Václav JehličkaJan Kaplický a imaginé la nouvelle bibliothèque sous la forme d'un immense animal à tentacules qui devait dominer le parc de Letná non loin du Château de Prague. L`aspect insolite de l'édifice qui devait se détacher nettement de l'architecture environnante, lui a valu bientôt plusieurs surnoms péjoratifs dont « la pieuvre » qui est passé même dans le langage officiel. Il a divisé la société tchèque en deux camps inconciliables. Ces partisans le considèrent comme un chef-d'œuvre d'architecture moderne, ses adversaires comme un intrus arrogant dans l'architecture historique de la ville. Bien qu'il ne manque toujours pas de beaucoup de fans, le projet a fini par perdre le soutien de la ville et finalement même celui du gouvernement.

Ce mercredi, le ministre tchèque de la Culture, Vaclav Jehlička, a coupé court au débat sur son éventuelle réalisation : Klementinum« La pieuvre de l'esplanade de Letná ne sera pas construite. Ce projet n'a pas été préparé comme il fallait et ce n'était donc qu'une certaine aventure. Maintenant, nous devons nous concentrer sur la revitalisation de l'ensemble du Klementinum à la lumière de nouvelles circonstances. Nous devons évaluer à juste titre les possibilités d'exploitation du Klementinum afin que le Klementinum puisse rester toujours un centre d'érudition. »

Et le ministre de rejeter la responsabilité de l'échec du projet sur la direction de la Bibliothèque nationale. Les salles de lecture et d'étude ainsi que la grande partie des fonds de la Bibliothèque nationale devraient donc rester là où ils sont aujourd'hui - au Klementinum de Prague, ancien collège des Jésuites qui forme un vaste ensemble architectural dans le centre historique de la capitale.

La réaction amère et ironique de Jan Kaplický ne s'est pas fait attendre : Jan Kaplický«Moi, en tant qu'architecte, je suis très surpris par le fait que le ministère tchèque de la Culture, est le seul ministère de la culture en Europe et peut être même dans le monde, qui lutte contre la culture.» Est-ce la fin définitive de ce projet qui a déjà coûté plus d'un million d'euros ? Ce n'est pas sûr, car le directeur de la Bibliothèque nationale, Tomáš Ježek, continue d'affirmer que la bibliothèque a absolument besoin de nouveaux locaux pour stocker ses fonds. De surcroît, Jiří Paroubek, le président de la social-démocratie, formation principale de l'opposition, annonce d'ores et déjà que si son parti gagne les prochaines législatives, il trouvera les moyens pour ériger «la pieuvre» au-dessus de Prague.

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