Rénovation d’équipements sanitaires : quels points de vigilance ?
Après les sinistres de vitrage, l’entretien de la chaudière biomasse et le bâtiment réversible c’est sur la conception et le dimensionnement des équipements techniques en rénovation que le nouveau rapport REX BP se penche.
Pour rappel, ce dispositif géré par l’AQC définit, à partir d’observations et d’échanges avec des professionnels sur chantier, des enseignements. Ces derniers portent sur différents travaux d’amélioration de performance du bâtiment et tendent à compléter les régles de l’art, par une approche terrain.
Côté chauffage, l’étude de l’existant et la modularité sont à privilégier
En ce qui concerne la partie chauffage, le rapport REX BP recommande avant tout un ciblage des besoins et attentes des maîtres d’ouvrage et des usagers. Cela vaut notamment pour un bâtiment tertiaire, où le confort peut varier d’une équipe à une autre et se confronte à une programmation uniforme du chauffage.
D’où l’intérêt donc d’établir un cahier des charges précis – incluant la fréquence et les horaires d’occupation du site – ou de désactiver la programmation selon certaines zones ou pièces.
Le professionnel devrait aussi inciter son client à la réalisation d’un audit énergétique, d’une étude rénovation par étapes – quand une rénovation globale n’est pas envisagée ou envisageable, – pour mieux hiérarchiser les travaux à effectuer et choisir un équipement modulable. Cela éviterait un surdimensionnement des installations de chauffage, par exemple.
Autre contrainte à étudier : les nuisances et sonores découlant des équipements, en particulier en maison mitoyenne. L’installateur doit mesurer l’ampleur acoustique des équipements sélectionnés, en vérifiant leur niveau de pression sonore, la proximité du voisinage et la distance par rapport aux murs et ouvrants.
Une attention particulière doit être portée sur l’état des réseaux, par exemple hydrauliques dans le cas d’installation d’une PAC au sein d’un bâtiment de bureaux. L’installateur peut récolter ces informations auprès de l’exploitant et/ou du maître d’ouvrage (âge, composition, difficultés éventuelles) ou par un diagnostic plus poussé. Le REX BP suggère de « planifier si nécessaire, en amont des travaux, un désembouage chimique, ou si le réseau est fortement emboué ou obstrué, un désembouage hydrodynamique ».
Le REX BP incite également les installateurs à miser sur la modularité en fonction de l’évolution de l’usage des espaces. Il convient donc de « quantifier, dimensionner et positionner » les unités intérieures en fonction de « la trame des fenêtres et des possibilités de cloisonnement ». Considérer ces éventuels cloisonnements peut se faire en positionnant les thermostats des cloisons non amovibles.
Pour un dimensionnement plus optimal, le rapport piloté par l’AQC conseille de déterminer la puissance à installer par un calcul des déperditions thermiques du bâtiment, voire la puissance de préchauffage en concertation avec le maître d’ouvrage.
L’ensemble des conseils varient et se déclinent spécifiquement selon le type d’équipement (PAC, chaudière bois, panneaux rayonnants électriques…) et le type de bâtiment (tertiaire, résidentiel, ERP)
Tenir la ventilation loin des sources de pollution
Les mêmes réflexes sont à appliquer pour les installations de ventilation. Un état des lieux de l’existant, dont des gaines et de leur étanchéité, est de rigueur. « L’absence d’un relevé précis de l’existant peut générer d’importantes difficultés voire, un risque sanitaire, et conduire à l’arrêt du système. L’insuffisance de renouvellement d’air peut avoir des impacts sur l’occupant (inconfort, maladies...) et le bâti (dégradation) », justifie le REX BP.
D’autant qu’il permet de limiter les singularités (coudes, points bas...) et d’anticiper les réservations de dimensions susceptibles d’être utilisées. Il convient également d’éviter l’usage des gaines souples, surtout en maison individuelle composée de plusieurs niveaux et construite en montage de pieuvres, où ces portions doivent être rigides.
Repérer les volumes disponibles pour le passage des gaines est également recommandé, de l’esquisse du bâti jusqu’à la phase d’exécution. Le but ? Proposer une bonne dimension des bouches de soufflage dans le plenum et réduire la vitesse de l’air, nuisible sur le plan sonore.
D’ailleurs, REX BP préconise un accès sécurisé aux locaux techniques, surtout dans un immeuble de logements collectifs, sans quoi une perte de temps peut être provoquée durant une panne. « En cas de création d’une trappe d’accès, vérifier son classement au feu et sa résistance thermique », recommande le rapport.
Spécifiquement à la ventilation double flux, la prise d’air neuf doit être éloignée de tout polluant potentiel (micro-organismes, radon…) « Elle peut se faire dans un espace tampon sans pollution spécifique et correctement ventilé », suggère le REX BP. Cet espace doit se tenir à l’écart du rejet, à au moins 0,4 m de toute baie ouvrante, 0,6 m d’une entrée d’air, et plus de 4 m d’une prise d’air collective, précisément.
Ces installations requièrent aussi un diagnostic amiante avant travaux (DAAT), dans le but de contrecarrer toute contamination lors d’un perçage malencontreux des murs. Cela vaut particulièrement pour les bâtiments construits avant 1997.
L’eau chaude sanitaire, entre contraintes administratives et économies
Si on soumet la ventilation et le chauffage à des impératifs d’audit et de diagnostic, l’eau chaude sanitaire (ECS), est un poste aussi exposé aux contraintes administratives. Le rapport de REX BP cite notamment l’exemple d’une maison individuelle dans un site protégé, pour laquelle un dépôt de travaux d’installations de capteurs solaires en toiture a été rejeté par l’Architecte des Bâtiments de France. D’où l’intérêt pour les installateurs et leurs clients de se renseigner préalablement en ce sens, auprès des services dédiés (mairie...)
REX BP défend l’idée d’identifier les points faibles d’installation avant chantier. Par exemple, pour éviter un délai trop long de diffusion d’eau chaude, l’installateur doit s’arranger pour maintenir une distance réduite entre la production d’eau chaude et le point de puisage. Si l’écart entre les deux est trop grand, la mise en place d’un deuxième système de production est à envisager. La pression d’eau du réseau et les débits aux points de puisage avant rénovation doivent être en outre vérifiés, afin d’éventuellement installer des mitigeurs, mousseur, stop douche, ou douchette avec économiseur d’eau.
A propos de débit, le REX BP recommande, comme pour le chauffage, un échange avec le maître d’ouvrage pour statuer les besoins en eau chaude. L’eau chaude peut être coupée par ailleurs automatiquement dans les établissements du public, notamment. Un système de production instantanée électrique à proximité et/ou un levier accompagnent le dispositif pour activer l’eau chaude à volonté.
Vérifier la bonne gestion des appoints électriques est d’autre part conseillé par REX BP. Ces équipements doivent être placés en partie moyenne ou haute du ballon. Ce dernier doit être dimensionné de façon à contenir entre 1,5 et 2 fois des besoins journaliers tandis que le fonctionnement de l’appoint la nuit est à privilégier. En retour, l’installateur devrait inciter les occupants à utiliser l’eau chaude le matin pour limiter le fonctionnement de l’appoint. Le tout équipé d’un système de visualisation et de suivi des consommations sensibilisant les utilisateurs en ce sens.
Choisir l’installation en concertation avec le maître d’ouvrage évite des problèmes de surdimensionnement, proscrits pour les ballons d’eau chaude thermodynamiques. Le client doit détailler au professionnel l’usage prévu du ballon dans un foyer (bains, douches), accompagné de précisions sur l’emplacement et les heures de fonctionnement du chauffe-eau.
Côté stockage, le local abritant le ballon d’eau chaude doit prévoir un système de ventilation afin d’évacuer les calories, tandis que l’isolation dudit ballon et des réseaux de distribution doit être renforcée, pour limiter les déperditions.
Autres réflexes de sécurité : un calorifugeage séparé des conduites d’eau froide et d’eau chaude, et une longueur limitée des réseaux EF et EC font reculer l’apparition de légionelles selon le REX BP. Pour ce qui est de contrer les risques de brûlures, l’installation des mitigeurs thermostatiques dans la salle de bains, voire d’une vanne thermostatique en sortie de ballon est une voie à explorer.
Pour lire l’intégralité du rapport « Conception et dimensionnement des équipements techniques rénovation », rendez-vous sur le site de l’AQC.
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock