Quelles précautions dans le BTP à l’approche de l’hiver ?
Ça y est : la baisse des températures nous annonce l’arrivée de l’hiver. Pour l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP), voilà l'occasion de faire une piqûre de rappel sur les risques que les compagnons doivent surveiller en cette période de grand froid.
« Gare à l'intoxication au monoxyde de carbone »
« Avec la chute des températures, les compagnons peuvent s’exposer à de nouveaux risques, dont celui d’intoxication au monoxyde de carbone par l’utilisation de chauffage d’appoint », relève en premier lieu l’OPPBTP.
Le monoxyde de carbone peut être également dégagé par la mise en marche des cuisinières d’appoint, des matériels de camping (barbecue, grill…), les groupes électrogènes… En bref, tout appareil à moteur fonctionnant avec un combustible (bois, essence ou propane).
L’OPPBTP rappelle le risque mortel d’intoxication au monoxyde de carbone. Inodore et incolore, il est impossible de le détecter, contrairement au propane ou au butane. Selon la concentration, elle peut mener à des conséquences très graves, notamment le décès. Un risque augmenté avec un mauvais réglage de l’appareil, le confinement dans un endroit fermé, ou le manque de ventilation.
Si les compagnons doivent recourir à cet équipement sous abri, il convient, grâce à un détecteur de monoxyde de carbone, de vérifier et contrôler l’absence de gaz. « À noter que d’autres cas d’intoxications similaires peuvent se produire dans certaines situations, lorsque l’on met en marche son moteur de voiture dans un garage, même ouvert, ou lorsque le pot d’échappement du véhicule est obstrué par de la neige à la suite d’une tempête », mentionne l’OPPBTP.
L’organisme préconise également de surveiller les signes d’intoxication : maux de tête, nausées ou troubles digestifs. En présence de ces symptômes, il faut impérativement « sortir vite à l’extérieur », « aérer les espaces confinés » et bien sûr « appeler les secours ». C'est-à-dire le 18 pour les pompiers, le 112 pour le centre d’appels secours, ou le 15 pour le Samu.
Une période propice à la mesure du radon
À l’approche de l’hiver, les compagnons doivent mesurer le radon. « Ce gaz peut s’accumuler dans des pièces fermées et certaines activités en sous-sol ou au rez-de-chaussée des bâtiments peuvent nécessiter de le mesurer, en fonction de la zone géographique », décrit l’OPPBTP.
À en croire les chiffres de l’IRSN et de Santé publique France, en 2018, 3 000 décès par cancer du poumon par an en moyenne sont liés à l’exposition au radon en France. Soit environ 10 % des décès pour ce type de cancer.
D’après l’Agence de sûreté nucléaire (ASN), le mesurage doit se faire entre le 15 septembre et le 30 avril, sur une période de deux mois. « Pour les activités saisonnières, cette période peut être adaptée mais doit être justifiée », précise l’OPPBTP.
Comment mesurer le risque radon ?
Afin d’évaluer le risque d’exposition au radon, l’organisme de prévention recommande de consulter la carte du potentiel radon des communes de France, et ainsi vérifier si la zone du bâtiment suspecté est concernée. Ensuite, l’utilisation de détecteurs solides de traces nucléaires (DSTN) de fournisseurs accrédités (Algade, Pearl, et Radonova) est nécessaire. Les mesures peuvent être faites par l’entreprise, en suivant le précautions suivantes :
À noter cependant qu’il est conseillé de faire appel à un organisme agréé (liste sur ce lien). Ce dernier sera plus à même d’établir la stratégie d’échantillonnage : le nombre de détecteurs à installer dans les locaux, les pièces à investiguer, la position des détecteurs dans les pièces, les interprétations de résultats… |
Toutes les informations précises sur la démarche de mesure du risque radon est disponible sur un guide pratique, conçu par la Direction générale du travail.
Certains véhicules doivent être équipés de dispositifs antidérapants
Depuis 1er novembre 2021, en période hivernale, les entreprises du BTP sont obligées d’équiper certaines catégories de véhicules de dispositifs antidérapants (pneus neige, chaînes ou chaussettes). Cette obligation est inscrite dans le Code de la route, dans le but de prévenir le risque routier.
L’obligation concerne les véhicules de transport de personnes et de transport de marchandises (M1, M2, M3, N1, N2, N3).
« Il appartient à chaque préfet de département de prendre, pour le ressort de son département, un arrêté listant les communes concernées par l’obligation d’équiper des véhicules en circulation, en période hivernale, de dispositifs antidérapants. Les préfets pourront également, si besoin, octroyer des dérogations à cette obligation », lit-on sur le site de l’OPPBTP.
Des mesures de prévention collective et individuelle par l’employeur
Mais à partir de quelle température l’employeur doit déployer des mesures de prévention et de sécurité face au grand froid ? « Tout d'abord, sachez que le code du travail ne donne pas d'indication de température minimale », indique l’OPPBTP.
Les entreprises doivent cependant mettre en place mesures de prévention collective et individuelle, comme :
- Aménager des postes de travail : chauffage adapté des locaux de travail, accès à des boissons chaudes, moyen de séchage et/ou stockage de vêtements de rechange… ;
- Organiser le travail : planifier des activités en extérieur, limiter le temps de travail au froid, instaurer un temps de récupération supplémentaire après des expositions à des températures très basses ;
- Fournir des vêtements et équipements de protection thermique.
Les employeurs peuvent consulter sur le sujet la médecine du travail et le Comité Social et économique (CSE) ou, à défaut, les délégués du personnel. Ils doivent également traiter le risque lié au froid dans le DUER, recensant l’évaluation et le classement de tous les risques professionnels.
L’OPPBTP propose par ailleurs une formation courte en e-learning intitulée « Je travaille par grand froid ». Pour la suivre, rendez-vous sur ce lien.
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock