Pénurie de matériaux : l’État met en place une médiation de filière
La Fédération Française du Bâtiment (FFB) avait alerté le Gouvernement à de nombreuses reprises au sujet des difficultés d’approvisionnement et de la flambée des prix sur les matières premières.
Un appel auquel Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’industrie, et Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, répondent aujourd’hui. Dans un communiqué, le ministère de l’Économie revient sur les pénuries constatées dans de nombreux secteurs d’activités, une situation qui résulte de « multiples facteurs tels qu’une reprise économique mondiale particulièrement vigoureuse après la récession de 2020 », ainsi que des difficultés sanitaires et sociales dans certains pays fournisseurs.
Le Gouvernement annonce ainsi une série de mesures pour soutenir les entreprises impactées, qui ne peuvent exercer leur activité, ni « honorer leurs contrats » dans le contexte actuel.
Un médiateur pour le secteur du BTP
Alain Griset a notamment annoncé la mise en place d’une médiation de filière entre les différents acteurs du secteur, du producteur jusqu’au client final, en passant par les transformateurs et les distributeurs. L’objectif « identifier les éventuels comportements abusifs », sécuriser les approvisionnements ainsi que l’activité des entreprises. Une première réunion devrait se tenir avant la fin du mois de mai. Pour la FFB, l’initiative ouvre « la possibilité d’un échange plus approfondi entre acteurs, de façon à restaurer une confiance qui s’effrite avec l’allongement de cette crise ».
Les ministres ont également confirmé le gel des pénalités lorsque les retards de livraison ou d’exécution étaient liés à la flambée des prix des matières premières ou à des pénuries d’approvisionnement. Et ont appelé les acheteurs publics de l’État, ainsi que les collectivités locales et les établissements publics, locaux comme nationaux, à accorder, quand cela était possible, des reports de délais, et de réfléchir « au cas par cas, aux autres mesures d’exécution » qui permettraient d’apporter une réponse à cette situation.
Ils ont en outre rappelé que les marchés publics de plus de trois mois doivent obligatoirement prévoir des mécanismes d’indexation des prix, confirmant ainsi, selon la FFB, que les chantiers du BTP nécessitent une part importante de matières premières soumises aux évolutions des cours mondiaux.
Ces annonces constituent « une véritable avancée sur un sujet lourd de préoccupation pour les tout prochains mois », a déclaré Olivier Salleron, président de la FFB. « Reste à s’assurer de leur prise en compte effective dans les marchés publics et de l’impact qu’elles pourront avoir également sur les marchés privés. Reste aussi à trouver des solutions pour les marchés en cours, lorsqu’ils souffrent d’un choc de prix totalement imprévisible mais sans problème lourd d’approvisionnement. Par ailleurs, la FFB réitère sa demande de prise en charge à 100% de la mise au chômage partiel de compagnons faute de matériaux », conclut-il.
Rose Colombel
Photo de une : Adobe Stock