Maison à 100.000 euros : des propriétaires déchantent
L'Etat a lancé en 2005 le dispositif de la « Maison à 100 000 euros » sous l'impulsion du Ministre de l'Emploi et du Logement Jean-Louis Borloo. Des remboursements du montant d'un loyer HLM, des maisons de 85 mètres carré, de haute qualité environnementale, à l'extérieur soigné. Et surtout, un prix assuré 100 000 euros, clefs en main avec toutes les finitions. Tel était le programme que les promoteurs et constructeurs devaient respecter.
Une dizaine de foyers modestes du Havre a eu de mauvaises surprises à la réception des maisons. Electricité non conforme, fissures dans les murs, peintures inachevées, jardins transformés en mares... Pour tous, l'emménagement prévu en mars s'est effectué avec plusieurs mois de retard. Mais pendant ce temps, ils ont du payer à la fois les traites de la maison et le loyer de leur appartement. Tous craignent maintenant une dépréciation rapide de leur bien. « Je me demande comment la maison va vieillir », s'interroge, désabusée, une aide-soignante de 35 ans.
La mairie gèle ses négociations avec le promoteur
Face à ces récriminations, le promoteur, Les nouveaux ateliers urbains, installé dans le Val-de-Marne, reconnaît sa responsabilité et assure ne pas être resté inactif. « Nous avons déjà dédommagé pas mal de gens des troubles qu'ils ont pu avoir », assure son PDG, Michel Vitry. Mais il met aussi en cause la société lettone qui a réalisé les travaux en mettant en œuvre un concept novateur de maison à ossature bois. « Elle ne maîtrisait pas la réglementation française, a mal réalisé ses approvisionnements et a été victime de vols », assure-t-il. La mairie a décidé de « geler » toutes les négociations en cours avec lui sur d'autres opérations tant que ce problème ne serait pas réglé.
Autre mauvaise surprise : le prix de ces maisons dépasse largement les 100 000 euros annoncés par Jean-Louis Borloo. Ils s'échelonnent en réalité entre 134 000 et 155 000 euros.« C'est le désenchantement, le procédé nous paraissait innovant mais le promoteur a été défaillant et n'a pas surveillé de près les travaux », regrette Agathe Cahierre, première adjointe UMP au maire du Havre. Elle souligne toutefois que 150 maisons Borloo ou assimilées ont été livrées « sans problème » au Havre en 2010.
Bruno Poulard (source AFP)