Les centrales sur l'eau, un potentiel illimité pour le photovoltaïque
Ciel et Terre existe depuis 2006. Nous étions spécialisés dans les toitures industrielles du sud de la France et à l'île de la Réunion. Depuis le moratoire de 2010, le marché du photovoltaïque est quasi-inexistant en France. Mais, nous avions commencé à travailler en 2009 sur le solaire sur l'eau. Nous sommes partis de la réflexion qu'il fallait avoir du foncier libre pour le photovoltaïque. Or, les surfaces agricoles sont réservées à l'agriculture. Au Japon il y a beaucoup de bassins pour arroser les rizières. En France il y a des lacs de carrière. En Israël, il y a des bassins pour le stockage de l'eau pour alimenter les villes et l’agriculture. Il est possible d'y faire du solaire tout en protégeant l'eau de l'évaporation. C'est également possible sur des barrages hydro-électriques pour compléter la production électrique.
Pouvez-vous nous décrire les spécificités techniques de ces installations ?
Nous avions mis au point une première version avec une structure métal. Mais elle n'était pas compétitive en terme de prix face au solaire au sol. Ce système était trop rigide et nécessitait des moyens lourds pour son installation. Aujourd'hui notre procédé breveté Hydrelio consiste en un flotteur, sur lequel est monté un panneau solaire, et un flotteur secondaire qui permet de faire les liaisons des flotteurs supports entre eux. L'ensemble forme une grande île. Un module standard mesure environ 1x1,60 mètres et pèse 22 kg.
Quelles sont les premières centrales installées et vos projets à venir ?
La première installation de démonstration était en France, elle produisait 15 kWc (kiloWatt crête). Nous avons ensuite vendu une installation de 66 kWc en Allemagne. Et enfin celle d'Okegawa, d’une puissance de 1,2MWc au Japon qui est inaugurée ce vendredi 19 juillet 2013. Elle produira 1680MWh à l'aide de 5.000 panneaux répartis sur 2 hectares de bassin. Elle a été raccordée le 10 juillet. Nous visons un bon développement au Japon, au Vietnam, en Indonésie ainsi qu'en Thaïlande, qui sont les marchés sur lesquels nous nous concentrons pour le moment. Ce sont des pays où la technologie est plus facile à déployer car il n'y a pas besoin de permis de construire pour ce type de projets. Au Japon par exemple, les propriétaires font ce qu'ils veulent sur leur lac ou bassin. En France, c'est la même réglementation que pour les centrales solaires au sol qui s'applique. Et le système d’appel d’offre ne permet pas d’avoir un vrai marché.
Propos recueillis par Laurent Perrin
Centrale solaire flottante d'Okegawa (Japon), puissance : 1,2 MWc