La méthode Sereine, une « réussite » qui veut aller toujours plus loin
Jeudi 16 décembre, l’équipe du programme Profeel présentait le bilan de son expérimentation Sereine. Celle-ci consistait initialement à tabler sur une méthode d’évaluation de la performance énergétique de l’enveloppe d’un bâtiment. Plus précisément, le projet Sereine mesurait deux niveaux de l’enveloppe : celui de son imperméabilité à l’air et celui de son isolation.
Pour rappel, elle porte pour le moment uniquement sur les maisons individuelles, après travaux, que ce soit de construction comme de rénovation.
Plus d’un millier de simulations énergétiques sur l’enveloppe
Achevée cette fin d’année, l’expérimentation est une « réussite » d’après Philippe Estingoy, directeur général de l’Agence Qualité Construction (AQC).
Au total, plus d’un millier de simulations énergétiques ont été réalisées, avec une centaine d’essais sur les maisons expérimentales INCAS et une trentaine d’essais en conditions réelles.
Les logements ont suivi la même procédure : installation du matériel de mesure, mise en chauffe du bâtiment obligatoirement non-occupé, analyse automatisée via la plateforme Batnrj, et génération d’un rapport d’essai.
Autant d’étapes « gages de la fiabilité de cette mesure », estime Stéphanie Derouineau, directrice adjointe Énergie Environnement au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). L’interessée ajoute : « Nous avons travaillé un compromis entre durée et précision de cette mesure. Car en pratique, plus la mesure est longue, plus elle va être précise. A l’issue de ce travail, nous avons trouvé un équilibre qui nous semble très satisfaisant ».
Un équilibre qui varie selon le type d’isolation employé et la saison durant laquelle l’évaluation s’effectue. Ainsi, pour une maison isolée par l’extérieur, la durée de mesure s'étale sur 72h en été, mais seulement 48h en hiver.
Rendre le matériel de mesure plus compact et intuitif
Durant l’expérimentation Sereine, il a fallu se munir d'un kit de modules chauffants, capteurs et sondes thermiques, répartis entre l’intérieur et l’extérieur du bâti.
« Néanmoins, on a voulu aller plus loin sur cet aspect matériel, car ces éléments prennent un peu de place. Imaginez qu’il faut un élément comme ça par pièce dans la maison. Jusqu’à présent, on avait besoin d’un gros Kangoo pour transporter tout le kit », explique Rémi Bouchié, directeur du CSTB'Lab.
Le module intérieur a donc dû être miniaturisé pour devenir un pavé de 20 cm sur 15 cm de largeur, doté d’une poignée rétractable. Le module de pilotage, quant à lui, a été repensé en mallette afin de faciliter le transport et renforcer sa robustesse, tandis qu’un grand écran tactile permet de naviguer de façon beaucoup plus intuitive.
Côté matériel extérieur, le nombre de capteurs a été réduit considérablement, notamment ceux des façades, passant de 7 à 3. Un travail a été mené sur la plateforme Batnrj, afin qu’elle permette de réunir et classifier les données récoltées sur le terrain et accessibles en multimodal (ordinateur, smartphone, tablette).
Cap vers le collectif pour le projet Sereine 2 ?
Autre nouveauté évoquée au cours de l’expérimentation Sereine : le lancement du dispositif de mesure Sereine Systèmes. Annoncée début décembre par Profeel, le dispositif se penche sur les systèmes énergétiques (chauffage, ventilation, eau chaude sanitaire…).
L'objectif est double consistant d'un côté à « évaluer la performance énergétique des systèmes en présence. Ça veut dire identifier les défauts, mais aussi expliquer pourquoi ces défauts sont plus ou moins impactant. On a aussi pour ambition d’accompagner la qualité. On n’est pas là pour dénoncer des malfaçons, on veut faire progresser les pratiques de manière générale, et montrer quand c’est très bien fait », détaille Pierre Oberlé, ingénieur solaire thermique et bâtiment de l’Institut National de l'Énergie Solaire (INES).
L’application qui émane de ces principes rassemble à la fois les données du bâtiment, les règles de l’art associées aux systèmes, ainsi qu'un centre de ressources photos montrant les bons et mauvais exemples. L’approche qualitative a pour périmètre de départ la maison individuelle, mais met aussi un pied dans l’habitat collectif.
Une perspective qui intégrera le cadre de Sereine 2, soumis à l’Etat. La deuxième phase du projet vise à trouver une mesure non globale mais d’ « échantillonnage intelligent » pour le collectif. Un autre volet consistera à établir une corrélation entre résultats de mesures et certains sinistres constatés sur le bâti.
Pour ce faire, des partenaires seront appelés, et un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sera diffusé pour recruter 240 opérateurs sur les trois prochaines années. Soit une multiplication par huit des effectifs déjà impliqués dans le projet Sereine, qui compte 34 opérateurs formés par Profeel.
Virginie Kroun
Photo de Une : Profeel