Exosquelettes dans le BTP : un marché qui gagne en dynamisme
Le secteur du BTP rencontre aujourd’hui de nombreuses difficultés, notamment pour rendre ses métiers attractifs. Le bâtiment souffre ainsi d’une pénurie de main d’œuvre, en particulier pour les professions qui nécessitent une activité physique soutenue et une charge physique intense.
Pour pallier ce problème, le secteur se dirige vers une prise en charge de plus en plus généralisée des sollicitations physiques au sein des métiers du bâtiment, dans le but d’agir sur la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS). Il faut donc accompagner les entreprises dans les projets d’intégration de ce genre de dispositifs mais également les aider à choisir les matériaux adéquats, en fonction de la tâche réalisée.
Le secteur des exosquelettes est aujourd’hui très dynamique et le développement récent de ces équipements est surtout porté par la forte demande des entreprises, mais aussi par les évolutions technologiques. À titre d’exemple, les premiers robots d’assistance physique (RAP) faisaient plus de 42kg, tandis que trois ans après, les versions finales ne pesaient que 8 kg. En 2015, on comptait ainsi 15 entreprises au monde qui commercialisaient des exosquelettes, alors qu’en 2021, on en compte 56, soit une hausse de 350 %, en l’espace de cinq ans. Le secteur du BTP estime donc une augmentation annuelle de 40 % du marché, sur les cinq prochaines années.
Quelles offres et quels usages pour les exosquelettes ?
Les exosquelettes sont un sous-ensemble des dispositifs d’assistance physique (DAP) ou de RAP avec contention, ce qui signifie qu’ils s’attachent directement sur l’opérateur, sur les membres inférieurs ou supérieurs, sur le dos, voire même sur le corps entier. Les DAP ou les RAP peuvent être actifs, c’est-à-dire motorisés (moteur, capteurs et batteries), mais ils peuvent être également passifs, donc sans moteur, avec un effort déplacé sur des muscles moins sollicités.
« La position de l’OPPBTP n’est pas de permettre à l’opérateur d’être plus fort, plus rapide ou même plus endurant, mais de bien de faire le même travail dans de meilleures conditions » précise Pascal Girardot, ergonome et responsable du Domaine Prévention de l'Usure Professionnelle à l’OPPBTP. Les exosquelettes sont donc utilisés pour soulager et pour réduire l’effort lors du port ou de la manipulation des outils lourds, qui sollicitent en premier les membres supérieurs et le tronc. Ils peuvent aussi intervenir lors des manutentions finales, au sol ou en hauteur, avec des sollicitations qui sont plus au niveau des dorsaux, des lombaires, bien qu'elles concernent aussi des membres supérieurs, comme les épaules.
Enfin, les exosquelettes peuvent également être utilisés pour toutes les postures maintenues. « Les travaux du type bras en hauteur sont sans doute ceux qui ont appelé l’offre commerciale la plus importante aujourd’hui. Mais les exosquelettes s’avèrent aussi utiles sur une posture extension cervicale, sur le tronc en flexion, donc penché vers l’avant ou bien sur la position debout prolongée », détaille l’ergonome.
Quelques points de vigilance à souligner…
L’introduction d’exosquelettes dans les activités construction n’est cependant pas aussi propice que dans d’autres secteurs, comme celui de l’industrie par exemple. « L’environnement de chantier présente des contraintes, notamment en termes d’espaces disponibles, en termes de proximité des opérateurs qui vont travailler sur une nacelle ou sur des échafaudages par exemple, en termes d’exposition aux poussières, à l’humidité, au soleil, au froid ou au chaud, qui peuvent affecter les équipements », souligne Pascal Girardot.
Le secteur du BTP présente aussi une grande diversité et variabilité des situations de travail. Ainsi, pour être performants, les équipements proposés doivent être bien adaptés aux tâches réalisées, bien qu’il reste difficile de trouver un équipement qui soit suffisamment polyvalent pour couvrir, en qualité et en performance, un nombre de situations suffisant. « Il y a un compromis à trouver puisque dans le BTP, une tâche principale s’accompagne souvent d’un grand nombre de tâches secondaires. Mais rares sont encore les équipements à contention, tels que les exosquelettes, qui apporteront à la fois une aide significative sur la tâche principale, tout en permettant de réaliser sans aucune gêne les autres tâches du travail en question », poursuit le responsable du Domaine Prévention de l'Usure Professionnelle à l’OPPBTP.
On relève également une diversité des salariés du BTP, au niveau des caractéristiques physiques, mais surtout au niveau des savoirs-faire, puisqu’une même tâche ne sera pas réalisée de la même manière par deux personnes. « C’est aussi ce qui fait la valeur du geste professionnel et au final la qualité du travail qui est réalisé. Si la conception des équipements n’intègre pas la prise en compte un peu fine de ces modes opératoires singuliers, le risque est d’entrainer une standardisation et un appauvrissement du geste professionnel », ajoute Pascal Girardot.
Robin Schmidt
Photo de une : Adobe Stock