Aprés le "boum boum" argentin, l'Irlande guettée par la fin du boom immobilier
Mardi, une étude gouvernementale sur les perspectives 2007-2009 du secteur de la construction a montré que 20.000 ouvriers du bâtiment risquent de perdre leur emploi dans les deux prochaines années alors que la production du secteur a reculé pour la première fois depuis le début des années 90. L'économie irlandaise repose largement sur la construction actuellement. Le secteur a rapporté 35,5 milliards d'euros l'an dernier soit 24% du produit national brut (PNB), mesure économique préférée en Irlande. Selon le même rapport, 55% de ce chiffre provient du résidentiel. Outre les 20.000 pertes d'emplois directes prédites, "il devrait également y avoir des pertes d'emplois dans les secteurs connexes", note le rapport gouvernemental.
Ses auteurs s'attendent à ce que le ralentissement "continue encore un certain temps", indiquant qu'il s'agit "d'un risque majeur pour l'économie, particulièrement en 2008. Le principal défi à relever sera d'amener une transition vers un marché immobilier plus mûr et équilibré à moyen terme", notent-ils. Ronan Lyons, du site daft.ie, remarque parallèlement une hausse du stock de maisons à vendre. Il y a actuellement plus de 80.000 propriétés à vendre sur daft.ie et M. Lyons estime que cette tendance va continuer. "Rien que pour les reventes, nous en avions 40.000 en mars, 45.000 en juillet, et maintenant plus de 50.000", a-t-il remarqué. Ce spécialiste observe que "la confiance en a pris un coup, en raison de la conjonction de différentes facteurs". Notamment, l'euphorie qui a suivi les élections générales en mai s'est dissipée.
"Les prix sont revenus à leur niveau de l'an dernier", remarque-t-il, avec cette différence qu'alors les vendeurs espéraient un prix final supérieur à leur offre, et qu'à présent ils acceptent qu'il soit en-dessous".
Cependant, Ronan Lyons remarque que pour l'instant les baisses de prix sont de l'ordre de 5.000 à 10.000 euros en moyenne. "Même avec beaucoup d'imagination on ne peut pas parler d'effondrement. il ne faut pas être trop pessimiste", souligne-t-il. Dans son étude trimestrielle sur la croissance irlandaise, parue vendredi, l'ESRI (Institut de recherche économique et sociale) a néanmoins considérablement revu en baisse ses prévisions de croissance, de 4,9% à 4,7% pour cette année et surtout de 3,7% à 2,7% en 2008, à cause de la révision à la baisse des prévisions de construction.
L'institut attend désormais l'achèvement de 78.000 logements en 2007 et 65.000 en 2008, contre des prévisions respectives de 82.000 et 76.000 en juin. L'emploi devrait ralentir aussi, passant de 25% en 2007 à seulement 0,6% en 2008, selon l'institut.