Adaptation des logements au vieillissement de la population : les impacts positifs
Le vieillissement de la population continue de s'accélérer en France. Un phénomène qui va entraîner une hausse du nombre de séniors dans le pays, puisqu’au cours de la prochaine décennie, ces derniers devraient être au nombre de 21 millions d’individus, contre 19 millions aujourd’hui. De plus, 85 % d’entre eux ont l’intention de vieillir à domicile.
Face à ce constat, l’enjeu de l’adaptation des logements au vieillissement est devenu primordial. C’est en ce sens que va être mise en place l’aide financière d’État MaPrimeAdapt’, proposée en mai 2021 par Luc Broussy, et qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024. Cette future aide vise à améliorer l’habitat des personnes âgées, en l’adaptant à leurs nouveaux besoins liés à la perte d’autonomie et de mobilité.
Ce dispositif constituerait un véritable progrès en termes de lisibilité et de réduction des délais de traitement pour ce type de travaux. Le consortium d’acteurs du bâtiment (CAPEB, FFB, IGNES, Coedis, Fédération des Ascenseurs, Club de l’Amélioration de l’Habitat, AFISB, Saint Gobain, Indépendance Royale, FFIE), rassemblés autour de la filière Silver Économie, estime par ailleurs qu’une politique ambitieuse d'adaptation massive d’au moins 2,3 millions de logements pour les séniors sur 10 ans, s’autofinance.
6,9 millions de logements à adapter au vieillissement d’ici à 2033
MaPrimeAdapt’ est une aide dont peuvent bénéficier les individus âgés de 70 ans ou plus, propriétaires ou locataires de leur bien, et dont les revenus annuels sont inférieurs à 25 000 €. Le pourcentage élevé (85 %) de séniors souhaitant rester vivre chez eux doit inciter les différents acteurs à étendre cette politique globale d’adaptation des logements au vieillissement à tous les séniors, et pas uniquement à ceux éligibles à la prime.
Pour cela, un véritable travail est nécessaire sur l’aspect psychologique lié au tabou du vieillissement. De nombreux séniors peuvent être réticents à l’idée d’entreprendre de tels aménagements dans leur logement. Il apparaît donc nécessaire de lancer une véritable campagne de sensibilisation, qui révèlerait les atouts de ce type d’adaptations.
Les collectivités territoriales (départements, EPCI, communes) ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre de ces ambitions, notamment dans l’articulation de MaPrimeAdapt’ avec des aides complémentaires fiscales. Selon la filière Silver Économie, l’accélération ne pourra se faire sans l’impulsion des collectivités.
Maintenir une politique budgétairement équilibrée
Afin d’assurer un équilibre pour la puissance publique, la politique d’adaptation du logement au vieillissement doit aboutir à minima à l’adaptation de 2,3 millions de logements en 10 ans, à savoir une croissance progressive de nouveaux logements adaptés par an de 110 000 en 2024, à 230 000 à partir de 2030. Seul un effet d’entraînement d’adaptation des logements au-delà des seuls logements subventionnés permettra d’atteindre une neutralité économique en 10 ans. Il faut d’ailleurs compter 1 logement aidé via MaPrimeAdapt’ pour 1,4 logement adapté sans subvention. Le dispositif crée alors un effet démultiplicateur d’entraînement pour l’ensemble des logements des séniors.
Il est cependant essentiel de pérenniser MaPrimeAdapt’, afin de lui laisser le temps non seulement de permettre la structuration de l’écosystème de l’adaptation du logement et du maintien à domicile, mais aussi de lui donner de la visibilité, tant auprès des personnes âgées et leur entourage, qu’auprès des professionnels des secteurs du bâtiment et de la santé.
Des répercussions positives sociétales et économiques
Au-delà des économies générées et du développement d’une nouvelle filière prometteuse, cette politique d’adaptation du logement au vieillissement génère aussi des externalités positives importantes. Dans un premier temps, en favorisant le maintien à domicile amélioré plutôt que le placement en hébergement spécialisé, qui peut se révéler très coûteux. Les séniors et leurs proches réalisent ainsi d’importantes économies.
On observe également que les aménagements réalisés dans les habitations améliorent l’espérance de vie des occupants, ainsi que leur qualité de vie, avec par exemple une diminution de 20 % des chutes dans les logements adaptés.
Une politique qui a également un impact encourageant concernant les métiers du domicile et les aidants familiaux, puisque la prise en charge de proches en état de dépendance mobilise aujourd’hui près d’un Français sur six, soit 16 % des salariés de France.Ainsi, adapter son logement permettra de le rendre évolutif, et à même de répondre aux différents événements de la vie.