Avec l'arrivée des nouvelles normes constructives et l'urgence de la rénovation du parc bâti, la filière du Bâtiment se situe au coeur de la transition écologique. Un grand défi pour les acteurs du BTP qui progressent désormais dans un contexte d'évolutions rapides et d'exigences fortes. Ces évolutions influent indirectement sur la sécurité des ouvrages et posent de nouveaux challenges notamment dans le domaine de la sécurité incendie. Ainsi par exemple, le renforcement de l'isolation thermique et de l'étanchéité à l'air des bâtiments modifie profondément la dynamique du feu, en augmentant le risque d'embrasement généralisé rapide, ce qui remet en cause certaines conceptions classiques.

Les méthodes classiques de résistance au feu montrent aujourd’hui leur limites selon le CSTB. La taille limitée des bancs d'essais, les structures tridimensionnelles pas correctement testées, les chargements mécaniques et thermiques pas pilotés en temps réel, sont autant de frontières qui conduisent en général à adopter des solutions surdimensionnées afin de garantir le niveau de sécurité souhaité. Ce surdimensionnement n'est favorable ni en termes de compétitivité des acteurs, ni par rapport à l'économie des matériaux recherchée pour la construction durable. En effet, la mise au point de nouveaux matériaux « verts » pose aussi des questions en matière de sécurité incendie, même lorsqu'il s'agit de matériaux incombustibles, comme la terre crue ou le béton.

Le plus souvent, la résistance au feu est déterminée sur des produits pris isolément les uns des autres. L’évolution des techniques de construction induit pourtant un besoin de plus en plus fréquent de tester des associations d’éléments de construction qui interagissent entre eux. Pour répondre à ces besoins, le CSTB, avec le soutien de l’État et de la Région Ile-de-France, s’est équipé d’une plateforme de recherche et d’essais de 9 mètres de haut et de 6 mètres de long, dotée d’équipements métrologiques spécifiques. Un outil unique au monde.

Désormais opérationnelle, la plateforme va réaliser des évaluations globales d'ouvrages de taille importante et/ou de structure complexe : des éléments de grande hauteur (jusqu’à 9 m), des planchers de portée importante (jusqu’à 7 m), des assemblages complets… L’échelle 1 permet d’analyser les événements dans des configurations réalistes, afin d’assurer une représentativité excellente au regard des bâtiments réels, selon deux directions complémentaires : le respect de la mise en œuvre et la prise en compte des effets d’échelle. Enfin, Vulcain permet de reproduire des scénarios plus réalistes que jamais aussi bien dans la construction à haute efficacité énergétique neuve qu'en rénovation.

Bruno Poulard