Une caméra pour engins de chantiers qui détecte les piétons
En 2009, Franck Gayraud et Patrick Mansuy, deux ingénieurs issus de l’industrie aérospatiale et de défense, sont en contact avec l’entreprise Colas, spécialisée dans les travaux publics, qui cherche à améliorer les conditions de sécurité sur ses chantiers, et l’INRS, qui souhaite des solutions pour des charriots élévateurs dans l’industrie.
« C’est sur la base de ces échanges que nous avons lancé la société Arcure, PME industrielle française qui développe des produits de sécurité pour les engins de construction et véhicules industriels », explique Franck Gayraud, co-fondateur et PDG.
Une caméra intelligente
Les deux ingénieurs conçoivent alors le Blaxtair, une caméra qui s’installe sur les engins de construction ou véhicules industriels (pelleteuse, chargeuse, charriot élévateur…), et capable de distinguer les piétons de tout autre obstacle afin de prévenir les risques de collisions. Grâce à un écran LCD, le conducteur visualise l’image grand angle vue par la caméra de recul, et reçoit une alerte qui remonte sur l’écran en cas de détection d’un piéton.
« Blaxtair c’est une caméra avec deux yeux. Cela ressemble à une tête de robot. Il surveille les mouvements du véhicule, et lorsque ces mouvements mettent en danger une personne, cela va freiner automatiquement la machine, ou prévenir le conducteur par une alarme sonore ou visuelle », résume Franck Gayraud.
Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, le Blaxtair se révèle particulièrement utile pour les chantiers de construction de ponts ou de tunnels, « notamment lorsqu’il y a un espace assez confiné et des circulations très contraintes par la géologie du site, et pour lesquels il est important d’apporter une protection », précise Franck Gayraud.
L’outil, qui en est désormais à sa troisième version, donc de plus en plus performant, est aujourd’hui utilisé pour des chantiers internationaux, dans une trentaine de pays.
Différents partenariats et options
Un seul Blaxtair est produit, mais il peut être équipé d’options supplémentaires, comme un enregistreur, qui permet de re-visualiser toutes les détections. La seule manipulation à effectuer consiste à régler la taille des zones de danger, en fonction du véhicule et de ses mouvements.
« Pour quelqu’un qui est en charge de la sécurité sur un site industriel, l’enregistreur va lui permet d’avoir une visibilité sur ce qui se passe sur le site. Il permet de se rendre compte de ce qui pourrait être amélioré en termes de process de sécurité sur le chantier, et de prendre des décisions en termes de restriction de circulations des piétons », donne pour exemple Franck Gayraud.
Si le Blaxtair s’adapte à tous types d’engins, certaines entreprises développent toutefois des partenariats avec Arcure pour des demandes spécifiques : « Nous avons notamment fournit le Blaxtair dans une version spécifique pour Liebherr, pour sa gamme de chargeuses qui est intégrée dans ses usines. Nous sommes également en discussions avec pas mal de constructeurs pour des partenariats similaires ».
« Le Blaxtair est notre produit-phare. Il représente 90 % de notre chiffre d’affaires », souligne le directeur d’Arcure, qui présente tout de même « Oméga », une caméra stéréoscopique lancée il y a un an, qui résiste aux conditions météorologiques extrêmes (pluie, brouillard, boue, éblouissements, chocs…) et présente un capteur d’images 3D.
« Avec Omega, on vise un marché beaucoup plus large qu’avec le Blaxtair. Parmi les secteurs concernés, on retrouve le BTP, mais aussi l’agriculture, la robotique en extérieur, la logistique, ou encore le portuaire », ajoute le PDG d’Arcure.
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Arcure