(Tribune Libre) « L’autoconsommation énergétique, les voyants sont au vert, allons-y ! »
« Tous les consommateurs seront [affectés], qu'ils soient particuliers, professionnels, ou industriels, qu'ils soient au tarif réglementé chez EDF ou fournis par un concurrent », indique le CLEEE.
Cette mise en garde survient alors François de Rugy, avait promis jeudi dernier, une hausse des tarifs de l'électricité « la plus modérée possible ». Il avait notamment précisé envisager une baisse de la Contribution au service public de l'électricité (CSPE). « La CSPE n'a pas été augmentée et nous allons même regarder s'il ne faut pas la baisser pour amortir la hausse des prix de l'électricité, ce qui a un coût », a dit le ministre de la Transition écologique et solidaire sur RMC.
Autoconsommer pour palier à la hausse des prix de l’énergie
Alors que le prix de l’énergie augmente, l’autoconsommation se présente comme une alternative logique pour les consommateurs et pour la planète. Dans une tribune libre, Clara Trévisiol, co-fondatrice de Monabee, startup lyonnaise spécialisée dans la réduction des consommations énergétiques et l’autoconsommation solaire, fait le point sur le développement des énergies renouvelables.Elle rappelle notamment que 96% des Français font confiance à au moins une énergie renouvelable (sondage OpinionWay pour Qualit’EnR). Se référant à l’autoconsommation, elle indique : « Jusque-là quasiment confidentielle, l’autoconsommation solaire vient de passer, au mois de septembre 2018, le cap des 33 000 clients raccordés au réseau, soit un doublement sur un an. Questions d’autonomie, d’indépendance, d’engagement environnemental et d’économies sur la facture, le consommateur devient un citoyen engagé, un consomm’acteur ».
Malgré l’intérêt des Français, Clara Trévisiol souligne qu’en matière d’autoconsommation, le pays est en retard. Les 33 000 clients ayant opté pour l’autoconsommation sont « une goutte d’eau à l’échelle des 37 millions de consommateurs en France » (en Allemagne, 2 millions de foyers sont équipés et en Italie, 750 000). « Les freins sont encore trop nombreux pour un développement individuel et collectif ambitieux de l’autoconsommation ».
« Pire, la France se trouve dans un paradoxe où sa dépendance forte au nucléaire la frappe d’un « symptôme vert » : l’objectif de 32% de production d’énergies renouvelables d’ici 2030 contre 20% aujourd’hui semble difficilement atteignable si des décisions ne sont pas prises immédiatement », prévient-elle.
Elle rappelle aussi que la France fait partie des pays d’Europe pour qui le prix de l’électricité est parmi les moins élevés. « Il est vrai que nos mêmes voisins payent leurs électrons deux fois plus cher que les nôtres » (15c€ en France, 20.8c€ en Italie et 30c€ en Allemagne). A noter cependant, « que le tarif du kWh a déjà augmenté de 43% ces 10 dernières années et aucun indicateur ne montre un freinage. A moins de garantir au particulier une stabilisation du prix d’achat de l’électricité, ce que permet justement de faire l’autoconsommation ».
Une politique qui manque d’audace
Clara Trévisiol pointe de nombreux freins au développement de l’autoconsommation : tout d’abord une loi « qui n’a que trop timidement poussé le photovoltaïque vers de nouveaux horizons. Timidement parce que cette réglementation reste incomplète ou incomprise » et « qu’elle n’a pas encore réussi à suffisamment simplifier et digitaliser les démarches ».La loi sur l’autoconsommation présente également « des incohérences, anciens vestiges de l’époque des installations en vente totale, notamment concernant les conditions de TVA qui favorisent les installations jusqu’à 3kWc alors que l’autoconsommation devrait inciter à choisir la puissance de l’installation en fonction des besoins électriques réels de l’utilisateur ».
« D’autre part, les solutions digitales qui permettent réellement l’utilisation de l’électricité solaire via le pilotage des équipements consommateurs, pourraient être encore plus encouragées/massivement diffusées si on ne limitait pas le Crédit d’impôt transition énergétique au simple déclenchement du chauffage ».
Clara Trévisiol insiste : « les enjeux liés à l’autoconsommation sont nombreux : c’est une énergie propre en parfait accord avec la mouvance du local, un levier important pour démocratiser la production d’une énergie verte, pour créer des emplois non délocalisables, pour encourager l’innovation autour d’un secteur de l’énergie en pleine évolution ! ».
Elle conclut : « Le potentiel de raccordement en autoconsommation est tout aussi large que la surface de toitures disponibles, d’autant plus que les toitures des maisons individuelles ne sont pas les seules à être exploitables. Immeubles, tertiaire, grande et moyenne distribution... Et demain, si seulement elle était encouragée, c’est l’autoconsommation collective qui pourrait porter une vision ambitieuse d’une énergie renouvelable et partagée. Les voyants sont au vert, allons-y ! ».
R.C (avef AFP)
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