Rénovation énergétique : mieux comprendre les besoins pour massifier les travaux
Dans un communiqué, l’Ademe rappelle qu’en France, 7 millions de logements sont mal isolés et que le secteur résidentiel représente 27% de la consommation d’énergie primaire. Alors que le Gouvernement s’est fixé un objectif de rénovation de 500 000 logements par an, comment massifier les travaux ? Pour répondre à cette question, l’Ademe a mené trois études.
La première concerne le coût des travaux. L’enquête, qui a duré un an et demi, a permis de faire remonter près de 12 000 données du réseau FAIRE sur les prix des gestes. 5 gestes principaux ont été recensés :
L’enquête rend compte d’une grande diversité de prix reflétant « la diversité des chantiers réalisés ». Elle fournit, aussi bien pour les ménages que pour les professionnels des repères sur les prix médians et la variabilité des prix réellement observés. Pour l’isolation des planchers, des combles perdus, et des murs par l’intérieur, le prix médian est de 50 à 60 €HT/m2. L’isolation des murs par l’extérieur est quant à elle plus élevée. Compter en moyenne 150 €HT/m2.
Vers un meilleur accompagnement
La deuxième étude répond à la question « Comment mieux accompagner les ménages ? ». L’Ademe recense ici des pistes pour améliorer les pratiques d’accompagnement des acteurs de la rénovation (collectivités, associations, professionnels) pour qu’elles répondent vraiment aux besoins des ménages.
L’Ademe note en effet que malgré le lancement de nombreuses initiatives, publiques et privées, « la notion d’accompagnement apparaît très floue. Elle nécessite d’être clarifiée et mieux conceptualisée ». Les travaux de rénovation doivent notamment avoir du sens pour le particulier. Plus que massifier la rénovation, l’Ademe préconise de la personnaliser, une approche bien plus qualitative et qui permettrait d’améliorer la relation accompagnant-accompagné. L’étude recommande aussi aux accompagnants de se doter d’outils de suivi de la relation client, « afin de mieux qualifier et caractériser les clients, suivre leur processus de décision, programmer des relances, apporter des informations utiles au bon moment, etc. (...). La maturation d’un projet de rénovation d’ampleur prend du temps, un temps long auquel les dispositifs d’accompagnement doivent s’adapter », poursuit l’Ademe.
Un travail de prospection devrait également être mis en place, à partir d’une segmentation des ménages, pour « éviter les occasions ratées de la rénovation énergétique ».
Mieux comprendre les besoins
Pour mieux cibler les ménages, l’Ademe s’est intéressé à leurs besoins. L’enquête, qui s’appuie sur l’étude TREMI publiée en 2018, décrit les cinq grands profils de ménages vis-à-vis de la rénovation énergétique de leur maison :
- L’entretien courant (24%) : ces ménages ne sont pas inscrits dans une dynamique positive de travaux. Les gestes sont uniquement entrepris pour assurer les réparations et l’entretien courant du logement. L’enjeu est de les amener « à réinvestir leur maison comme un lieu de projet ».
- L’amélioration à petits pas (42%) : ici pas vraiment de prise en compte des enjeux énergétiques. L’idée ici est de faire entrer l’énergie dans le radar des ménages comme une des composantes de la dynamique de l’amélioration continue dans laquelle ils se situent.
- L’effet booster des aides (16%) : le remplacement d’un appareil défectueux enclenche une dynamique de travaux plus large. Pour ces ménages, l’objectif est de « transformer l’essai », c’est-à-dire de les inciter à poursuivre les travaux pour parfaire la rénovation énergétique.
- L’énergie au sein des arbitrages (11%) : il s’agit de ménages « plus aisés » qui embarquent l’énergie dans leurs projets de travaux. L’enjeu est de les inciter à aller « le plus loin possible » dans la performance énergétique.
- La rénovation complète (6%) : cette catégorie concerne les ménages qui s’impliquent à long terme, financièrement et sur leur temps libre, pour rénover complètement une vieille maison. L’enjeu pour la politique publique est de « les faire gravir les dernières marches de la performance ».
Les leviers d’actions doivent s’adapter au profil de chacune des classes. Il est ainsi nécessaire de « mieux différencier la communication », de « cibler les aides financières sur la performance et une logique globale », et pour les dispositifs d’accompagnement, « de focaliser la prospection sur les ménages qui sont dans une dynamique positive de travaux ».
R.C
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