Quel avenir pour le PVC dans le bâtiment ?
Quelle est l'évolution la plus importante pour le PVC en 50 ans ?
Yves Dubois : Il faut d'abord souligner que la croissance de ce matériau a été quasi continue sur 50 ans. Mais la filière aluminium nous a donné du fil à retordre avec l'apparition de gamme de menuiserie en couleurs. Il était temps de prouver que le PVC pouvait aussi se colorer. C'est un matériau qui dispose d'une palette de relief large (tons unis, bois naturel, bois peint) et de plusieurs aspects : mat irisé, lisse, structuré.
Aujourd'hui, nous souhaitons aller encore plus loin en redonnant un coup de jeune à ce matériau. D'où l'intérêt du partenariat avec l'Ecole Boulle*, une des grandes références dans l'enseignement des arts appliqués, du design et des métiers d'art en France. Nous souhaitons ainsi impulser une nouvelle dynamique à l'activité en communiquant de façon originale sur le thème « Privilégiez Votre Créativité » !
* A la prochaine rentrée universitaire, les étudiants de première année de BTS Design sont invités à laisser s'exprimer leur créativité à partir de compounds et de profilés en PVC pour une réalisation artistique design. Les étudiants visiteront les usines des adhérents du SNEP pour découvrir le métier de l'extrusion et des produits extrudés.
Avez-vous été impacté par la crise de la filière du bâtiment et de la construction ?
Y.D : La situation est complexe car le marché est structurellement en sur capacité. Nous assistons à un certain nombre de restructuration en amont de la filière avec les fabricants puis les transformateurs. Cela devrait aussi impacter prochainement le secteur des fabricants de menuiserie. La menuiserie PVC représente 62 % du marché dans la rénovation et 35 % dans le neuf. Avec la crise, les deux secteurs sont par terre et le système est bloqué.
Au niveau règlementaire, on doit faire face à de plus en plus de normes dans la construction (BBC, maison passive) qui augmentent le coût global. En période de crise, cela fragilise les primo-accédants qui ne peuvent plus acheter. On ne peut plus ignorer la souffrance de la filière construction. Notre filière ne manque de rien, juste d'activité. Nous aurions besoin d'avoir globalement entre 15 et 20 % d'activité en plus.
Quel est l'avenir du PVC ?
Y.D : Deux matériaux entrent dans la composition du PVC : l'éthylène, issu de dérivés du pétrole et le chlorure de sodium. Aux Etats-Unis, la production d'éthylène connaît de profonds bouleversements, en raison de l'explosion du gaz de schiste. Nous attendons de voir comment cette exploration va générer une nouvelle dynamique pour l'éthylène et la fabrication de PVC.
Le produit va également être optimisé, notamment en raison de la forte demande en provenance des pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Moyen-Orient. Le produit va bénéficier de toutes ses évolutions avec de nouvelles sources de matières.
Quant à l'utilisation du végétal (amidon de maïs) dans la fabrication de polymères, nous serons très attentifs à leur développement et très prudents pour éviter que les terres agricoles ne se transforment en terres industrielles.
Qu'est-ce que le SNEP ?Créé en 1964, le SNEP est organisé en trois collèges (compounds, extrudeurs, extrudeurs-gammistes) et comprend parmi ses rangs des membres associés qui représentent les métiers de la chimie, des films de plaxage et du recyclage (les régénérateurs). Il réunit 79 % des fabricants de profilés plastiques et 90 % des gammistes fenêtres. |
Claire Thibault
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