Progression de l’artisanat du BTP l’an dernier, avant de possibles difficultés en 2019
C’était sans compter les intempéries du début d’année, la mise à mal de plusieurs dispositifs d’aide aux travaux (CITE fenêtres, entre autres) et les grèves de transport qui ont frappé la France aux deuxième et troisième trimestres. De fait, l’activité de l’artisanat du bâtiment a connu un net ralentissement depuis juillet dernier, même si la tendance reste globalement bien orientée.
« L’activité dans l’artisanat du bâtiment a progressé, au quatrième trimestre, de +4% dans le neuf, +1% dans l’entretien-rénovation, +1% dans les travaux d’APEL (Amélioration de la performance énergétique du logement), et l’activité dans le bâtiment, dans son ensemble, a progressé à +2,5% en volume et +4,5% en valeur », détaillait Patrick Liébus, président de la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), lors d’un point conjoncture organisé ce 22 janvier.
« L’activité progresse sur l’année 2018, dans le bâtiment dans son ensemble, à +5% dans le neuf, et +1% dans l’entretien-rénovation », a-t-il poursuivi. « On voit quand même qu’il y a eu un effet de croissance en 2018 que l’on retrouve dans les chiffres. Il y a une baisse par rapport aux années précédentes (…) mais on peut largement comprendre pourquoi. »
La construction neuve en mauvais point, léger mieux dans l’ancien
Entre autres, le président du syndicat est revenu sur les mauvais chiffres de la construction communiqués tout au long de l’année par le gouvernement. Pour rappel, à fin novembre 2018, seulement 473 000 autorisations avaient été délivrées au cours des douze derniers mois, soit une baisse de -5,2%. Les mises en chantier, de leur côté, se stabilisaient péniblement à +0,6%, pour 415 500 biens concernés.Si le neuf a indéniablement été mis à mal, le marché de l’existant, lui, a été plus fluide. Avec une tendance annuelle de +1% (soit un retour à la moyenne des trois dernières années), l’activité entretien-rénovation représente 58% du chiffre d’affaires des entreprises de moins de 20 salariés. De leur côté, les travaux d’Amélioration de la performance énergétique du logement (APEL) ont progressé de +1,5% sur un an.
Toutefois, le quatrième trimestre a été marqué par une croissance limitée, à hauteur de +1,0% seulement, contre +2,5% à la même période l’année dernière. Des indicateurs en retrait qui mettent en exergue la nécessité d’améliorer certains paramètres, d’après Patrick Liébus, dont la mise en place d’un guichet énergétique unique ou encore la possibilité de réaliser des audits énergétiques en utilisant les Certificats d’économies d’énergie (CEE) comme moyen de financement de ces opérations.
Des indicateurs qui laissent planer le doute pour 2019
Il faudra cependant davantage que la mise en œuvre de ces propositions pour voir les carnets de commandes se remplir à nouveau. Comme l’a souligné le président de la Capeb, leur renouvellement est « de plus en plus difficile », à tel point qu’ils ne permettent d’assurer que 76 jours de travail à début janvier 2019, contre 82 l’an dernier. « Ce n’est pas énorme », a commenté Patrick Liébus.Sur une note plus positive, les créations d’entreprises dans le BTP affichent une hausse de +10,8% au 3e trimestre 2018. Sur les 17 162 sociétés concernées, 21% d’entre elles sont des microentreprises. En revanche, les défaillances ont elles aussi progressé : à +3,4%, elles regroupent 2 228 organisations qui ont dû mettre la clé sous la porte. Il n’en reste pas moins que 23 500 nouveaux emplois ont été créés dans le BTP en un an à fin septembre 2018, dont 8 190 dans l’artisanat.
« Maintenant, on va rentrer dans cette année nouvelle, 2019, et l’activité va progresser légèrement », a estimé Patrick Liébus. Selon la Capeb, l’artisanat du BTP devrait connaître une croissance globale de +0,5% dans les douze mois à venir, dont -0,5% dans la construction neuve et +1% dans l’entretien-rénovation. 2 000 nouvelles embauches sont également attendues… de même, du reste, que le ‘’choc d’offre’’ promis par la loi Elan, comme l’a scandé le président du syndicat.
Les Gilets jaunes, un mouvement qui pèse sur l’activité du BTP Déjà évoquée par l’Unicem en décembre dernier, la baisse d’activité liée aux manifestations des Gilets jaunes a également été pointée du doigt par la Capeb. Selon Patrick Liébus, le mouvement aurait un impact proche de 0,5% sur la croissance des entreprises. 20% des professionnels du bâtiment déclarent d’ailleurs avoir subi les conséquences de cette mobilisation, notamment du fait de problèmes d’approvisionnement sur les chantiers, voire même d’interruptions de travaux imposées dans certaines communes. Malgré tout, 50% des artisans seraient favorables aux Gilets jaunes, même s’ils sont également 60% à espérer une issue rapide au conflit. |
Fabien Carré
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