Prévisions inchangées pour Eiffage, malgré la baisse de l’activité construction
Le groupe Eiffage ne se laisse pas abattre malgré le contexte difficile auquel est confronté le secteur du BTP depuis de nombreux mois. L’entreprise a en effet maintenu ce 29 août ses prévisions pour 2024, espérant même obtenir un bénéfice net « du même ordre qu’en 2023 », et ce, malgré la baisse d’activité de sa branche construction.
Eiffage a récemment annoncé un bénéfice net pour le premier semestre de 382 millions d’euros, en recul de 2,6 % par rapport aux six premiers mois de 2023, sur un chiffre d’affaires en hausse de 6,3 % à 11,09 milliards d’euros.
Pour l’année en cours, le groupe français de BTP et de concessions de transport prévoit un bénéfice opérationnel courant « en hausse » dans les travaux, « porté par une nouvelle progression de la marge opérationnelle d’Eiffage Energie Systèmes ». Mais il prévient que dans les concessions, « la nouvelle taxe sur les infrastructures de transport longue distance viendra impacter significativement les résultats ». « Au global, le résultat net part du groupe pourrait être du même ordre qu’en 2023 », indique le groupe.
Un chiffre d’affaires variable selon les branches d’activité…
Le chiffre d’affaires de l’entreprise en France est resté stable au premier semestre, pour s’établir à 5,61 milliards d’euros. Celui-ci affiche une hausse de 18,4 % à l’international, à 3,63 milliards d’euros. « La part des travaux réalisés hors de France est désormais proche de 40 %, en progression constante sur cinq ans », indique le groupe.
Malgré un chiffre d’affaires stable en France et en hausse à l’international, la division construction est affectée par la chute de la construction de logements neufs, dans l’Hexagone notamment, avec l’augmentation des taux d’intérêt. Le CA de la branche a reculé de 12,4 % avec -13,5 % en France et -8,9 % à l’international. Dans l'immobilier, le chiffre d’affaires est en baisse de 28,3 %, à 302 millions d’euros.
« Les tendances constatées depuis 2022 en France persistent : chute du logement neuf partiellement compensée par la rénovation résidentielle et la construction neuve d’équipements publics et industriels », explique le groupe.
Mais un carnet de commandes en bon état de forme
Malgré cette mauvaise dynamique pour le secteur, le carnet de commandes est en hausse de 13 % sur un an, à 5,5 milliards d’euros au 30 juin, grâce à la signature d’un contrat de près de 700 millions d’euros pour un ensemble tertiaire à Saint-Ouen (Seine Saint-Denis) avec le ministère de l’Intérieur, annoncé en début de semaine.
Pour ce qui est de la branche infrastructures, le chiffre d’affaires est en hausse de 9,2 %, à 3,98 milliards d’euros, avec un carnet de commandes en hausse de 64 % sur un an à 14,9 milliards d’euros, renforcé par les contrats portant sur les travaux de génie civil des deux premiers réacteurs de type EPR2 de Penly, et la conception-réalisation d’un tronçon de la ligne 15 Est du Grand Paris Express, annoncés fin 2023.
La branche Énergie-Systèmes a vu son activité augmenter de 17,6 % à 3,33 milliards d’euros, dont +7,7 % en France et +37,4 % à l’international. Les concessions aéroportuaires et routières ont vu leur chiffre d’affaires progresser de 5,6 % à 1,86 milliard d’euros.
Côté autoroutes, le trafic de véhicules a baissé au premier semestre sur le réseau APRR (-09 %), reste quasiment stable sur l’A64 (-0,3 %), mais progresse ailleurs (A79, A41, viaduc de Millau, autoroute de l’avenir au Sénégal). Quant aux aéroports, le trafic de Lille et Toulouse a augmenté de 1,5 % par rapport au 1er semestre 2023.
Objectif : -46 % d’émissions de CO² d’ici 2030
Eiffage a par ailleurs annoncé que la « Science Based Targets Initiative » (SBTI), le principal organisme de vérification « scientifique » des objectifs climatiques des entreprises, avait validé ses objectifs de réduction des émissions à court et moyen terme ainsi que l’engagement à la neutralité carbone « à l’horizon 2050 ».
Le groupe a l’intention de réduire de 46 % ses émissions de CO² d’ici 2030 pour les scopes 1 (émissions directes) et 2 (émissions des fournisseurs), et de 30 % pour le scope 3 (émissions indirectes, clients), par rapport à 2019.
Jérémy Leduc
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