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Philippe Servalli, nouveau président de la FFB Grand Paris Île-de-France

Publié le 14 janvier 2022

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Jeudi 13 janvier, la FFB Grand Paris Île-de-France nommait officiellement Philippe Servalli à sa présidence. L’homme succède ainsi à Jean-Luc Tuffier, et tend, comme son prédécesseur, à mettre les TPE et PME du BTP au cœur des priorités. Retour, avec l'élu, sur son parcours et son programme qui s’articule autour de cinq axes : l’environnement, l’innovation, les mobilités, le recrutement, et la transversalité entre entreprises franciliennes.
Philippe Servalli, nouveau président de la FFB Grand Paris Île-de-France - Batiweb

Certains professionnels du bâtiment sont tombés dans le milieu par hasard, Philippe Servalli, lui, est, comme Obélix, tombé « dans la marmite » quand il était « tout petit », narre-t-il avec humour.

Il faut dire que pour le nouveau président de la Fédération Française du Bâtiment Grand Paris Île-de-France, nommé jeudi 13 janvier, la construction est une affaire de famille. Fils de maçon et entrepreneur, mais aussi petit-fils de maçon-briqueteur, il sait qu’après le bac, c’est cap direct vers le bâtiment, car c’est « un métier, une ambiance qui [lui] a toujours plu », confie-t-il.
 

Des majors de la construction à la vie syndicale 
 

L’aventure commence en classe préparatoire et se poursuit à l’École Spéciale des Travaux Publics (ESTP), à Paris. Philippe Servalli en ressort avec son diplôme de la promotion 1986 et l’opportunité de faire ses débuts en tant qu’ingénieur travaux au sein de Bouygues. Il intègre après l’entreprise Campenon Bernard, devenue filiale de Vinci, tout comme Botte TP, où il devient ensuite directeur de travaux.

Six ans de carrière dans les majors du BTP, à laquelle Philippe Servalli met un terme en rejoignant Saint Denis Construction, entreprise de 65 ans rachetée par son père en 1970. Nous sommes en 1992, année durant laquelle l’homme, alors l’aune de ses 30 ans, décide parallèlement de s’engager dans la vie syndicale. Plus précisément auprès du Syndicat Entrepreneurs de la Construction, membre de la FFB Grand Paris Ile-de-France. 

Au sein de de la fédération, « il y avait et a toujours ce groupe de jeunes ou de jeunes entrepreneurs que le réseau invite, pour découvrir un petit peu ce qu’est la fédération, quels sont nos métiers (…) Et j’ai trouvé à travers ce groupe un intérêt de retrouver mes confrères, un esprit de camaraderie, pour discuter de nos préoccupations, d’abord de jeunes. Mais après, on échangeait sur des difficultés, sur des solutions, que ça soit sur nos métiers et pas que. On discutait sur les problèmes administratifs, les manières de gérer une entreprise, les risques, etc. », raconte Philippe Servalli.

Autant d’aspects de la vie d’une entreprise du bâtiment sur lesquels le professionnel s'exprime encore auprès de la FFB Grand Paris Île de France. Depuis 2005, Philippe Servalli a assumé différentes fonctions au sein de la fédération : membre du groupe jeunes, administrateur, membre du bureau, vice-président des affaires économiques…

Pourtant, malgré ce parcours syndical, Philippe Servalli se considère « avant tout entrepreneur du bâtiment », insiste-t-il. Il précise cependant : « C’est ce métier qui m’emmène ensuite à la fédération, qui pour moi est une passion, avant d’être un travail ».
 

5 grandes priorités pour son mandat


Désormais président de la FFB Grand Paris Île-de-France, Philippe Servalli compte bien, à l’image de son prédécesseur Jean-Luc Tuffier, mettre l’entrepreneur du bâtiment au cœur des priorités. Car d’après le nouveau président : « Pour nous, nos TPE, nos PME du bâtiment, c’est la base du système, et c’est la base de notre branche. Il ne faut pas non plus négliger les grandes entreprises. Les majors existent, ils sont à nos côtés. Les ETI nationales existent, elles sont à nos côtés ».

Il tient toutefois à accompagner les petits entrepreneurs franciliens, encore marqués par la crise sanitaire, comme l'a montré la dernière conjoncture de la FFB Grand Paris Île-de-France en décembre dernier. 

Dans son esprit, l’homme de 59 ans a déjà un programme tout tracé pour son mandat de trois ans, développé en cinq axes, à commencer par le respect de l’environnement. Lui et ses équipes souhaitent ainsi accompagner leurs adhérents vers une « démarche RSE, bas carbone, complète. Aujourd’hui, ce mode de construction, on ne peut plus l’ignorer et ce sera l’enjeu des trois prochaines années ». 

Autre point quelque peu oublié par le bâtiment « très traditionnel » pour reprendre les mots de Philippe Servalli : faire de l’innovation « un levier de développement des entreprises », « en particulier pour les TPE et PME qui n’ont pas forcément les moyens pour cette mutation, mais qui est irréversible », détaille le président. Il ajoute que cette « notion d’innovation ne veut plus seulement dire en faire un logo commercial, mais vraiment rentrer dedans et s’approprier cette innovation. Et quand je parle d’innovation, c’est au sens large : innovation métier, innovation matériaux et innovation du numérique », abonde-t-il.

Le président de la FFB Grand Paris Île-de-France souhaite également « s’inscrire dans la logistique urbaine en Île-de-France ». Il constate les « mesures coercitives » qui bouleversent les mobilités région francilienne, entre les zones à faible émission (ZFE ) et l’espoir placé dans les véhicules électriques.

Ce mode de circulation a son potentiel mais ses limites selon Philippe Servalli. Il craint que ces technologies ne soient encore au stade « du dernier kilomètre, donc il faut avoir des points relais. Et vous savez que dans le bâtiment, comme dans les TP d'ailleurs, on manipule des charges et masses considérables. Il faut savoir qu'un camion de terre c'est 26 tonnes. Pour livrer trois boîtes de clous ou une boîte de vis, on peut envisager une livraison en véhicule électrique, voire en vélo électrique. Mais pour certains types de matériaux, aujourd'hui, les outils compatibles n'existent pas ». D'où la nécessité, aux yeux du président de créer un dialogue entre les professionnels du bâtiment, qui doivent adapter leur méthode de travail, mais aussi les donneurs d'ordre qui doivent réaliser voire peut-être réajuster de telles ambitions, au niveau des capacités d'investissement des entreprises.

Entreprises frappées également d'un manque de main d'oeuvre. « Et dans ce processus, la promotion des métiers, la découverte des métiers, la fidélisation des collaborateurs vont être un enjeu essentiel sur les trois années », appuie le président de la FFB Grand Paris Île-de-France. La fédération devra également « cultiver l'esprit de filière », c'est-à-dire encourager les professionnels du bâtiment franciliens, qu'importe leur spécialisation, à travailler en transversalité.  

Cela passera notamment par la création d'une chaîne de valeur, qui consiste à instaurer un « équilibre économique entre les acteurs dans l'acte de construire », résume Philippe Servalli. « Pourquoi je dis ça ? Parce que le coût d'une construction ne doit pas plus être une variable d'ajustement financière d'une opération. Nos entreprises deviennent des variables d'ajustement, sur le coût de la construction, comme sur le plan technique et administratif », poursuit-il.

Autrement dit : ne pas soumettre les entreprises aux caprices du marché, conduisant à déprécier la valeur et la qualité du travail des constructeurs. C'est le cas actuellement avec les tendances inflationnistes tirées par les pénuries des matières premières et le rattrapage de retards de chantiers, notamment. Pour Philippe Servalli, l'enjeu est de taille, en particulier pour ce qui est de la construction neuve, qui a dû mal à redécoller chez les TPE et PME du bâtiment franciliennes.

Ce n'est pas faute pourtant de voir des projets associés au Grand Paris se développer. Bien que les gares soient évidemment confiées aux grands groupes de génie civile, il serait bien selon le nouveau président de la FFB Grand Paris Île-de-France, d'assister à un « ruissellement des marchés » - de lôtissements ou autres chantiers - vers ces entreprises locales. D'autant que, dans le cadre des chantiers des Jeux Olympiques de Paris 2024, les petites sociétés franciliennes sont souvent appelées en tant que « sous-traitantes pour de grosses structures », souligne Philippe Servalli.

 

Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : FFB Grand Paris Île de France

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