Pénurie de carburant : le secteur des matériaux de construction à la peine
De ce fait, la production de matériaux de construction « est à l’arrêt », s’alarme la fédération, « de nombreuses entreprises, en rupture de ravitaillement », étant dans « l’incapacité de livrer leurs clients ».
Des entreprises fragilisées
Le syndicat affirme que l’activité des entreprises « au mois de mai, voire juin » se verra « obligatoirement impactée » par la situation même s’il est « aujourd’hui difficile d’évaluer le préjudice sur l’ensemble de la filière au niveau national ». Il regrette par ailleurs que cette pénurie advienne alors même que les entreprises du BTP restent fragilisées par les 8 années de crise.Parmi les zones les plus touchées par la pénurie de carburant, on retrouve la région PACA où de nombreuses unités de production de béton, de bitume et de granulats « vont être amenés à fermer au cours de la semaine à venir ».
« L'activité tourne déjà au ralenti au niveau des granulats. Certains ont vu leur chiffre d'affaires baisser de 25% sur la semaine, d'autres ont 15 à 20% de leur parc de véhicules immobilisé, il y en a qui envisagent déjà de mettre au chômage technique une partie de leur personnel », rapporte à l'AFP Marie-Thérèse Aubrieux-Gontero, présidente de l'Unicem PACAC (région PACA et Corse).
« Nous ne pouvons pas livrer nos clients, certains chantiers ne peuvent pas démarrer. On ne peut pas encore chiffrer les conséquences mais ça va faire mal », avertit-elle, pour un secteur qui représente 450 sociétés et quelque 4 200 emplois directs dans la région.
Au nord, notamment en Normandie, la production de matériaux de construction, à l’arrêt partiel la semaine dernière, sont en veille sur les évolutions à venir dans la semaine, notamment sur le secteur du Havre. « C’est tout l’approvisionnement en granulats de l’Ile-de-France qui est potentiellement menacé », indique l’Unicem.
A l’ouest, en Bretagne et Pays-de-la-Loire, la situation est d’autant plus critique que les centrales d’enrobés, en manque de bitume, ne fonctionnent déjà plus.
Un manque à gagner de plus de 8 millions d’euros
Dans la production de béton prêt à l'emploi, où il n'y a par nature pas de stock, « en cas de statu quo » plus de la moitié des unités de production devront arrêter leur production dès le milieu de la semaine. Le manque à gagner pour la profession serait de plus de 8 millions d'euros par semaine, selon l'Unicem.Au-delà de ces prévisions, ce sont des centaines de salariés sur l’ensemble de la chaine de production qui sont menacés de chômage technique « avec toutes les conséquences que cela implique ».
La fédération demande donc aux pouvoirs publics « d’assurer aux entreprises les moyens d’honorer leurs carnets de commandes », de veiller au respect du droit et de prendre les mesures permettant de garantir l’intérêt général, la liberté de travailler et de circuler librement.
Elle leur demande en outre d’instaurer un service minimum applicable au secteur de production et de la distribution d’énergie afin d’assurer l’approvisionnement des entreprises. « Il en va de la survie économique des entreprises de notre filière », conclut-elle.
R.C
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