Marchés de la construction en France : ralentissement attendu en 2012-2013
Au 1er trimestre 2012, alors que de premiers signes de redressement sont apparus sur le front macroéconomique, un début de dégradation des indicateurs de la construction s’est manifesté : solde des opinions des entreprises en baisse, diminution du recours à l’intérim, début de repli des mises en chantier. Le court épisode hivernal de février ne suffit pas à expliquer cette évolution, qui manifeste plus profondément le retard habituel du cycle de la construction sur le cycle macroéconomique : la construction va subir en 2012 et 2013 le choc différé de la crise des dettes souveraines de 2011.
Ainsi, après le fort rebond des mises en chantier de logements en 2011 (400 000 en France métropolitaine), la dégradation des conditions économiques (stagnation des revenus, hausse de la pression fiscale, remontée du chômage) et financières (hausse des taux d’intérêt et diminution de la durée des prêts, réduction des incitations fiscales) limitera le pouvoir d’achat logement des ménages et devrait entraîner une baisse des mises en chantier en 2012 (355 000 en France métropolitaine), suivie d’une stabilisation en 2013. Cette prévision intègre l’effet attendu de la majoration de 30% des droits à construire, et seules des mesures contraignant les propriétaires fonciers et les communes à produire plus de terrains à bâtir permettraient de prévoir un nombre plus élevé de mises en chantier.
Reprise progressive des mises en chantier fin 2012
Un coup d’arrêt va probablement aussi être observé dans les mises en chantier de bâtiments non résidentiels au 1er semestre 2012, aussi bien dans le secteur des équipements collectifs (contrainte de réduction de la dette publique) que de l’immobilier d’entreprise (résultat de l’attentisme du 2ème semestre 2011 et des excès de capacités disponibles, dans l’industrie comme dans le secteur des bureaux). Dans le scénario macroéconomique actuellement retenu par le BIPE (croissance du PIB : +0,7 % en 2012 et +1,2 % en 2013, en euros constants), on assistera ensuite à une reprise progressive des mises en chantier fin 2012 et début 2013, d’abord tirée par le secteur privé, puis éventuellement par le secteur public local, à l’approche des élections municipales de mars 2014.
Dans ce contexte, et grâce au boom des mises en chantier de la fin 2011, le BIPE prévoit une croissance de la production de bâtiments neufs (résidentiels et non résidentiels) de +4,4 % en euros constants en 2012, ceci en dépit d’une baisse probable des mise en chantier. La situation devrait ensuite s’inverser en 2013 : reprise des mises en chantier et stagnation de la production de travaux (prévision BIPE : -0,8 % en euros constant).
Les travaux publics en croissance modérée
Handicapée par un contexte macroéconomique en convalescence (avec notamment une très faible croissance du revenu disponible des ménages), la progression des travaux de maintenance et de rénovation des bâtiments existants restera en faible, en dépit des besoins d’amélioration des performances énergétiques du parc immobilier (croissance prévue par le BIPE : +1,1 % en euros constants en 2012, puis +1,6 % en 2013).
S’agissant des travaux publics, une solution relais ayant été trouvée à la défaillance de Dexia, l’approche des municipales de 2014 verra comme d’habitude augmenter les investissements des communes en 2012 et 2013, mais de façon nettement moins vive que lors des précédentes périodes préélectorales, une fois encore en raison de l’impératif de maîtrise de la dette publique. Également soutenue par les grands chantiers ferroviaires (dans l’attente du lancement des travaux du Canal Seine-Nord Europe), l’activité des travaux publics sera en croissance modérée en 2012 et 2013 (prévision BIPE : +1,3 % et +1,7 % respectivement, en euros constants).
B.P (sources BIPE et Hays)