Artisans du bâtiment : grande inquiétude pour 2012
Ce coup d'arrêt à la croissance s’explique principalement par la vague de froid qui a sévi en France au mois de février dernier précise la Capeb. « Alors que nous comptions sur un premier semestre porteur d’activité pour nos entreprises artisanales, les intempéries du mois de février ont réduit cet espoir. Au regard des prévisions, nos entreprises ressentent une grande inquiétude pour 2012 » indique Patrick Liébus, Président de la Capeb. Un recul plus important est évité grâce au marché de la construction neuve (+1,5 %) qui résiste mieux que celui de la rénovation. Autre grande inquiétude de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, les principaux indicateurs de l’état de santé des entreprises sont dans le rouge. La Capeb s’alarme d’une baisse significative des carnets de commandes, et la trésorerie des entreprises artisanales est au plus bas depuis 2010.
La croissance piétine
Alors que la Capeb n'envisageait un repli d'activité qu'au second semestre, en prévision d’une baisse attendue dans le neuf, les perturbations climatiques importantes au mois de février n’ont pas permis de réaliser les travaux rendus possibles par la hausse des permis de construire et des mises en chantier observée fin 2011. Résultat, l’activité des artisans du bâtiment s’est enrayée en ce début d’année, avec une progression à peine perceptible de +0.5 % en volume. « L’arrêt de 3 à 4 semaines des chantiers au mois de février a créé un véritable trou d’air. L’application des plans de rigueur décidés en 2011 n’améliorera pas la situation du secteur avec le recentrage du PTZ+, la disparition du dispositif Scellier et la hausse du taux réduit de TVA de 5,5 % à 7 % » déplore Patrick Liébus.
L'activité reste encore, pour le 5e trimestre consécutif, soutenue par le segment de la construction neuve (+1,5 %). Ce marché connaît néanmoins des signes d’essoufflement avec un recul de -3,5 % points par rapport au trimestre précédent. Le segment de l’entretien-amélioration, qui avait connu une croissance moindre que le neuf en 2011, stagne à 0 % malgré la bonne tenue des travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements (+ 3%).
Des écarts d’évolution contrastés entre les différents corps de métiers sont à noter ce trimestre. Les travaux de maçonnerie sont les plus impactés avec une baisse de -1 %, notamment en raison des intempéries, alors que les travaux plus orientés second œuvre (électricité, menuiserie-serrurerie, aménagement-décoration-plâtrerie) progressent dans une fourchette comprise entre +1 % et +1,5 %. Enfin, les spécialistes de la couverture-plomberie-chauffage sont face à une stabilisation de leur activité.
Réduction des carnets de commandes
La Capeb fait état d’une baisse des commandes ce trimestre, aussi bien en construction neuve qu’en entretien-rénovation. Alors que cette situation ne s’était plus reproduite depuis 2010, une plus forte proportion d’artisans déclare désormais une baisse des commandes (17 % en construction neuve et 18% en entretien-rénovation). Cette situation s’explique notamment par l’attentisme des particuliers en vue du prochain changement de gouvernement.
Si le renouvellement des plans de charges est difficile dans toutes les régions, certaines régions font figure d'oasis comme l’Ouest (+7 % en solde d’opinions), la région Rhône-Alpes (+5 %), le Nord (+4 %) et l’Est (+2 %). En revanche, de plus fortes difficultés se font ressentir dans le Sud-Ouest (-7 %), le Sud-Est (-1 %) et l'Île-de-France (-2 %) qui affichent des baisses significatives des commandes.
Une trésorerie au plus bas depuis 2010
L’accès au crédit indispensable à la vitalité des entreprises artisanales, la détérioration des délais de paiements des particuliers et la dégradation des marges sont autant de facteurs qui affectent la trésorerie des entreprises annonce la Capeb. « Si les réseaux bancaires ont besoin de reconstituer leurs fonds propres avec l’application de Bâle III, il est inadmissible qu’ils tarissent l’accès aux crédits aux petites et moyennes entreprises. Pour stopper l’asphyxie, nous réclamons d’urgence une rencontre avec l’ensemble des acteurs concernés par cette problématique pour trouver des solutions viables pour maintenir l’activité et l’emploi de notre pays » affirme Patrick Liébus.
22 % des entreprises déclarent connaître une dégradation de leur trésorerie contre seulement 10 % qui font état d’une amélioration. Alors qu’au 4e trimestre le solde d’opinion redevenait positif, il s’effondre ce trimestre pour revenir à une situation semblable à 2010 au plus fort de la crise.
B.P