Les entreprises du BTP mises à mal depuis 2008 (Etude)
« Les difficultés dans le Gros Œuvre s’expliquent notamment par l’augmentation du prix des matières premières, par une forte concurrence liée à la main d’œuvre étrangère, mais aussi par une activité sous tension selon les régions qui favorise une concurrence vive entre les entreprises », détaille l’étude.
Sur la période 2008-2015, le poids des frais de personnel dans la valeur ajoutée a augmenté de 8 points pour les activités de Gros Œuvre et de 6 points pour le Second Œuvre et les Travaux Publics. Les charges du personnel représentent désormais presque 88% de la valeur ajoutée pour les activités du Gros Œuvre, 89% pour le Second Œuvre et 82% pour les Travaux Publics.
Cependant, le coût de la main d’œuvre en France par rapport au chiffre d’affaires s’est stabilisé et l’intérim ne semble pas être « une réelle variable d’ajustement ». Cette stabilité confirme que la dégradation se situe au niveau de la valeur ajoutée, estime BTP Banque.
Des difficultés de trésorerie qui pèsent
L’Excédent Brut d’Exploitation (BEE) sur la valeur ajoutée a perdu 1,5 points sur la période 2010-2015 pour le Gros œuvre et environ 2 points pour le Second Œuvre et les Travaux Publics.La profitabilité des entreprises exprimée (ratio du résultat net et chiffre d’affaires) a été fortement « mis à mal » par les conditions économiques. Après la très forte chute de la rentabilité entre 2008 et 2009, le niveau moyen du résultat représente entre 1,4 et 1,8 points du chiffre d’affaires. La faiblesse des résultats constatée sur les quatre dernières années « empêche les entreprises de renforcer leur structure financière et devient un frein à la politique d’investissement ».
La trésorerie des entreprises a également connu une baisse régulière de 2009 à 2012 puis une baisse très significative entre 2013 et 2015 : de 4 points dans le Gros Œuvre, de 2,5 points dans le Second Œuvre et d’environ 1 point dans les Travaux Publics. Des résultats dus « à la structure financière des entreprises qui s’érodent » ainsi qu’à des comptes clients « trop lourds » et des difficultés à encaisser les créanciers.
Des délais clients et fournisseurs en hausse
En effet, les délais clients moyens restent toujours trop élevés à 85 jours dans le Gros Œuvre, 90 jours dans le Second Œuvre et 91 dans les travaux publics. Une analyse réalisée sur 50 000 factures « fait apparaître un délai client moyen de 52 jours en marché public et de 60 jours en marché privé. Il s’agit de délais réels constatés entre la date d’émission d’une situation de travaux ou d’une facture et sa date de règlement, lorsqu’il n’y a aucun litige ou différent entre le maître d’ouvrage et l’entreprise ».En ce qui concerne les délais fournisseurs, après une baisse significative entre 2008 et 2014 suite à l’application de la loi de Modernisation Economique (LME), ils sont repartis à la hausse : environ 2 jours pour le Gros Œuvre et le Second Œuvre et de 5 jours pour les Travaux Publics. Cet accroissement « n’est certainement pas insensible à la négociation du crédit fournisseur », avance la banque.
Qu’en est-il de la part des entreprises en perte ? Elle n’a cessé de croitre depuis 2013 : + 3 points dans le Gros Œuvre (18,2%), Second Œuvre (18,6%) et Travaux Publics (16,8%).
La productivité dans le vert
Petite note positive cependant. Les entreprises du BTP sont dans le vert en ce qui concerne leur productivité. Après une période de creux entre 2009 et 2010, pendant laquelle les entreprises n’avaient pas pu adapter leur outil de production et donc leurs effectifs à leur activité, la productivité s’est redressée pour retrouver des niveaux supérieurs à ceux de 2008, détaille l’étude. Elle atteint ainsi 154,4 k€ dans le Gros Œuvre (+ 11,5 k€), 140,1 k€ dans le Second Œuvre (+ 9,2 k€), et 150,6 k€ dans les Travaux Publics (+ 1,1 k€).« L’étude des comptes et bilans 2015 confirme la faiblesse de la rentabilité dégagée par les entreprises du BTP, en baisse continue en moyenne depuis quatre ans. Pour les bilans 2015, ce sont les secteurs du Gros Œuvre et du Second Œuvre qui sont les plus marqués par cette évolution. L’amélioration dans les Travaux Publics est plus difficile à apprécier, les budgets des collectivités restant limités pour la construction ou l’entretien des infrastructures », signale Claude Lavisse, Président du Directoire de BTP Banque.
« Dans ce contexte de reprise des volumes, mais de prix et de marges encore faibles, les entreprises doivent plus que jamais rester vigilantes sur la gestion de leur trésorerie qui demeure le « nerf de la guerre » pour accompagner leur croissance d’activité. », conclut-il.
*L’étude se fonde sur un échantillon de 4000 entreprises : 1055 entreprises de Gros-Œuvre, 2280 entreprises de Second-Œuvre et 660 entreprises de TP.
R.C
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