Les déchets du BTP sont encore trop peu valorisés (rapport)
Un rapport réalisé dans le cadre du projet collaboratif Démoclès rappelle que ces déchets issus des chantiers de démolition ou de réhabilitation représentent chaque année « plus de dix millions de tonnes chaque année » alors même qu’ils disposent, dans la majorité des cas, de filières de valorisation.
Les auteurs de l’étude, menée sur 19 chantiers, estiment cependant qu’il est possible « d’arriver à terme à valoriser sans surcoût jusqu’à 80% des déchets du second œuvre », à condition de suivre un certain nombre de recommandations opérationnelles allant d’une meilleure connaissance de la réglementation aux outils techniques.
Des maitres d’ouvrage trop peu impliqués
Ils préconisent notamment de former tous les intervenants à la gestion des déchets, à commencer par les maîtres d'ouvrage, et d'intégrer cette question à la formation initiale notamment des architectes.Concernant les maitres d’ouvrage, le rapport note qu’une majorité d’entre eux « ne se sent pas concernée par la gestion des déchets issus de leurs chantiers ». Pourtant, la gestion des déchets est « l’affaire de tous » et repose sur « une responsabilité partagée ».
En effet, l’étude rappelle que dans les faits, la responsabilité de la gestion des déchets pèse sur les entreprises de travaux alors que sur le plan juridique, elle repose sur la maitrise d’ouvrage qui doit s’assurer que les déchets soient correctement traités. Ainsi, « l’absence d’implication de la maitrise d’ouvrage dans la gestion des déchets entraine une insécurité juridique pour l’ensemble de la chaine des acteurs », souligne l’étude.
Il est donc nécessaire que les différents acteurs soient plus coordonnés et que la maitrise d’ouvrage se considère comme le « 1er maillon de la chaine » afin de mettre en œuvre « un réel pilotage de la gestion des déchets » avec une préparation en amont et un suivi tout au long du chantier.
Une meilleure connaissance de la gestion des déchets
Mais pour que la valorisation des déchets du BTP monte en puissance, encore faut-il que les gestionnaires de déchets proposent des services adaptés aux caractéristiques de chaque chantier et des objectifs de valorisation des déchets.En effet, sur les 24 catégories composant ce type de déchets, « 15 peuvent bénéficier d'un recyclage », souligne le rapport. Neuf seulement ne sont donc pas valorisables, comme la tapisserie et le tissu mural, le mâchefer, le polyuréthane ou la brique plâtrière.
« Les entreprises doivent ainsi connaître les filières de valorisation pertinentes pour les déchets générés », insiste l’étude qui déplore une collecte des déchets « en mélange », le plus souvent en benne.
90% des déchets de réhabilitation sont collectés en mélange, indique le rapport. « Or la collecte en mélange est incompatible avec le recyclage des déchets du second œuvre » parce qu'elle ne permet pas toujours de conserver leurs caractéristiques techniques, indique l'étude.
Certains déchets sont dangereux et peuvent en effet contaminer l’ensemble de la benne. L’étude cite notamment les tubes fluorescents, les déchets d’équipements électriques et électroniques, les lampes à économie d’énergie, le bois traité…
Autre exemple, le verre plat qui une fois brisé « devient irrécupérable » et ses brisures vont s’incruster dans les autres matériaux. Le plâtre nécessite également une certaine intégrité pour pouvoir être recyclé, intégrité non assurée par la collecte en mélange.
Des contenants spécifiques
Au total, dix des 15 déchets de second oeuvre valorisables devraient être collectés sur les chantiers dans des contenants spécifiques, pour permettre « une valorisation optimale » et « sans surcoût ». On parle ici d’un conditionnement « mono-flux » en pied de chantier. Ces contenants plus petits que les bennes sont plus maniables et transportables. La dépose sélective représente ainsi « moins de pénibilité et plus de rapidité pour les opérateurs ».Par ailleurs, l’utilisation de contenants dédiés de plus petite taille au plus près du lieu de dépose des matériaux et des équipements permet de « limiter les manipulations et d’assurer la propreté du chantier ». Cela permet également de faire disparaître les coûts cachés (main d’œuvre pour l’entreprise de travaux) et donc de compenser les surcoûts de certaines filières de recyclage actuellement plus chères que la mise en décharge.
Pour atteindre les objectifs de valorisation des déchets, l’étude préconise donc de clarifier les responsabilités de chaque acteur, de former des acteurs éco-responsables de la gestion de déchets et de mettre en place une collecte séparée dans des contenants différents et adaptés aux différents types de déchets.
R.C