Les chantiers mortels du Mondial 2022 au Qatar
Au moins 44 ouvriers népalais, travaillant dans des conditions s’apparentant à de l'esclavagisme, sont morts en 2013 sur des chantiers au Qatar, qui organise la Coupe du monde de football en 2022, indique le quotidien britannique The Guardian. S'appuyant sur des documents obtenus auprès de l'ambassade du Népal à Doha, où une trentaine de ressortissants népalais auraient trouvé refuge, le journal écrit que plus de la moitié des victimes sont décédées par crise cardiaque, insuffisance cardiaque ou dans un accident de travail, entre le 4 juin et le 8 août de cette année.
Une forme d'esclavage moderne
Le journal britannique dit avoir trouvé des preuves et des témoignages de travail forcé sur un projet d'infrastructure majeur en vue de la Coupe du monde 2022, même si les travaux liés directement à l'événement n'ont pas encore commencé. Le journal relaye les allégations de certains ouvriers qui disent ne pas avoir été payés depuis des mois, qu'on leur a confisqué leur passeport et qu'on les prive d'eau potable gratuit sur les chantiers, malgré des températures caniculaires.
Presque tous les travailleurs migrants ont d'énormes dettes du Népal. L'obligation de rembourser ces dettes, combinée avec le non-paiement des salaires, la confiscation des documents et l'incapacité des travailleurs à quitter leur lieu de travail, constituent du travail forcé, une forme d'esclavage moderne, précise l'enquête du Guardian. Selon Aidan McQuaid, directeur de « Anti-Slavery International », les documents du Guardian, qu'il a pu consulter, sont révélateurs d'un environnement de travail brutal qui n'est bon pour personne.
Des chantiers" Coupe du Monde 2022"
Ces documents « laissent indiquer du travail forcé et ça a même l'air d'aller au-delà. Ce n'est pas vraiment un secret mais il n'y a pas d'effort concerté de la part des autorités qatariennes d'y mettre fin », explique Aidan MqQuaid. « On appelle les autorités du Qatar à mettre fin au système du "kafala" (tutelle s'appliquant aux émigrés). Elles devraient également autoriser les ouvriers à se réunir en comité pour négocier de meilleurs conditions de travail et fixer un salaire minimum », a-t-il ajouté.
Interrogé par le Guardian, le comité d'organisation de la Coupe du monde 2022 s'est dit « profondément préoccupé » par ces accusations et ajoute « avoir été informé que les autorités gouvernementales compétentes mènent une enquête sur ces allégations ». Des organisations internationales s'alarment régulièrement des conditions de travail pour les émigrés au Qatar, en particulier dans le secteur du bâtiment, en amont de la Coupe du monde 2022, attribuée dans des conditions controversées en 2010.
B.P