Le site Viessmann de Faulquemont, entre innovation et valorisation du territoire
2,8 milliards de chiffre d’affaires en 2020, 20 sites de production, +55 % de croissance depuis 2009 : le fabricant de solutions thermiques Viessmann s’exporte dans le monde. Aujourd’hui, 12 750 membres travaillent pour le groupe allemand au niveau international, dont 7 000 en Allemagne et 900 en France. Une expansion qui dure depuis sa création en 1917 par Johann Viessmann, avec son invention de la chaudière en acier.
L’entreprise familiale continue de prospérer actuellement entre les mains de Max Viessmann, la quatrième génération qui raisonne plus en termes de « transformation numérique, alors que les générations précédentes réfléchissaient à des solutions techniques ». « Les solutions climatiques sont extrêmement importantes pour lui », explique Christian Grundler, PDG de Viessmann France. Des défis qui semblent s’implanter petit à petit dans les innovations produites sur le site de Faulquemont, en Moselle, qui concentre une bonne partie de la production dans l’hexagone.
Une mécanique bien huilée et innovante
Lorsque l'on rentre dans l’usine de 85 000 m2, on se retrouve dans une ambiance de ruche, happé par le bourdonnement des machines et des ouvriers besogneux. Dans la première partie, c’est le grand défilé des ballons thermodynamiques. Dotés d’une capacité de stockage de 46 à 2000 litres, tous les modèles circulent de la tôlerie au moussage isolant en fin de parcours : Vitocal, Vitocell 100-E, Vitocell 300… Bien que certains fonctionnent encore au fioul ou au gaz, « la plupart s’orientent de plus en plus vers les énergies renouvelables », précise l’entreprise durant la visite.
Un ouvrier de Viessmann travaillant sur les serpentins en acier, nécessaires pour l'échange de chaleur dans les ballons thermodynamiques
Parmi les 500 salariés permanents et 200 intérimaires de l’usine, certains s’activent sur la production des capteurs solaires thermiques, tout particulièrement sur le dernier prototype : le Vitosol 200-T SPX. Alternative aux chaudières à gaz, l’appareil est optimisé pour les grandes installations consommatrices de chaleur, notamment les industries, zones agricoles ou bien les réseaux de chaleurs. Des technologies « qui nécessitent beaucoup de foncier » commente Adrien Letullier, chef produits solaires thermiques, pour décrire le modèle disponible en deux versions : un de 5,05 et l’autre 10,3 m2. Soit plus grands que les premiers modèles élaborés par Viessmann, oscillant entre 1,98 m2 et 5,3 m2.
Exemplaire du Vitosol 200-T SPX en 5m2 et ses tubes composés des capteurs solaires thermiques
Leur puissance permettrait ainsi d’atteindre jusqu’à 120 degrés de chaleur de façon décarbonée. Son succès, déjà présent en Allemagne, migrerait potentiellement en France. Ici, le nombre d’appels à projets financés par l’Ademe auraient multiplié par 10 l’extension de surfaces dédiées à ces installations. Ainsi, ce serait 50 000 m2 de terrains français prêts à l’implantation du Vitosol 200-T SPX.
L’innovation accompagne le nouveau système de ventilation spécialement conçu face l’épidémie de Covid-19 : Vitovent 200-P. Bien qu’étant le petit dernier d’une longue gamme développée depuis 2008, l’appareil a sa particularité : il ventile et assainit l’air d’une pièce de 90 m2 maximum, grâce à un système double de flux, avec une partie purificatrice et une silencieuse. Le filtre HEPA qui l’équipe permet au Vitovent 200-P de retenir jusqu’à 99,9 % des virus. « Pour comparaison c’est exactement le même type de filtre que vous allez trouver dans les blocs opératoires », affirme Sebastien Zieber, chef de produits thermodynamiques de Viessmann.
...au service de l’attractivité territoriale et économique des environs
Le fonctionnement silencieux du Vitovent 200-P, inférieur à 40 dB(A), le rend adaptable aux salles de réunions et salles de classe, comme celle de l’école de Guessling-Hémering, à proximité de Faulquemont. Daté des années 1960, l’établissement est le premier endroit à accueillir le dispositif en France. Les 18 élèves de CM2 se réjouissent de bénéficier d’un tel dispositif si peu bruyant qu’ « on entend plus les mouches que le ventilateur »,selon Chloé, une élève de primaire.
Une ouvrière de Viessmann travaillant sur les boitiers de caloduc, destinés à transporter l'énergie thermique interceptée par les capteurs du Vitosol 200-T SPX
Leur institutrice a l’air aussi ravie : « Lorsqu’on passe de cette pièce à une autre non climatisée, on sent vraiment la différence. Il faut vivre avec son temps et s’ouvrir aux innovations technologiques ». Au-delà d’être un gage de modernité, cette installation est aux yeux du maire de Guessling-Hémering, Rémy Franck, « une chance d’attirer d’autres élèves des villages voisins et leur montrer qu’on est capable d’accueillir et éduquer dans notre structure ».
Installation du Vitovent 200-P à l'école de Guessling-Hémering, à proximité de Faulquemont
L’activité de Viessmann semble contribuer à l’attractivité territoriale des alentours, aussi bien du côté du village de 930 habitants, que du côté du site de Faulquemont, employant plus de 900 salariés. Réparti entre l’usine et la partie commerce, le parc industriel s’engage peu à peu vers des méthodes de gestion plus vertes, à l’image des ambitions du dirigeant Max Viessmann.
Ainsi des actions ont vu le jour comme la sensibilisation des bons gestes de tri des déchets à la cantine, ou bien l’opération ViMove. Ce défi, appliqué à toute la communauté Viessmann, encourage les employés à planter un arbre pour chaque course à pied et à vélo. A cela s’ajoute un projet d’installation de panneaux photovoltaïques sur le parking du site, prévu dans 18 mois, et censé alimenter les voitures électriques des employés, mais également l’usine.
Le site mosellan de Viessmann est donc bien parti pour une gestion plus verte de sa production.
Virginie Kroun
Photos : Virginie Kroun