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Le secteur des travaux publics craint un « scénario noir » pour l'emploi

Publié le 13 mai 2014

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La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) s'alarme de la baisse à venir des dotations de l'Etat aux collectivité locales. Elle craint en effet un impact direct sur le chiffre d'affaires des travaux publics ainsi que de fortes destructions d'emplois. La fédération table déjà sur un recul de 4 % de l'activité des entreprises de travaux publics cette année et une perte de 12 000 emplois.
Le secteur des travaux publics craint un « scénario noir » pour l'emploi - Batiweb

« Après les annonces du premier ministre, il est désormais certain que les collectivités locales seront fortement sollicitées pour participer à l'effort de redressement des finances publiques », note Bruno Cavagné, le président de la FNTP, avec une baisse des dotations « d'environ 3 milliards d'euros chaque année entre 2015 et 2017 ».

« En partant de l'hypothèse que l'ampleur de la baisse des investissements liés aux travaux publics sera équivalente à celle de l'investissement global, il en résulterait un plongeon potentiel du chiffre d'affaires des travaux publics liés aux collectivités et de fortes destructions d'emplois », poursuit-il.

En cas de baisse de 21 % des dépenses d'investissement des collectivités locales en 2017 par rapport à 2014 - l'une des hypothèses envisagées dans une étude de la Banque Postale, citée par la FNTP -, le chiffre d'affaires des travaux publics reculerait ainsi de 3,8 milliards d'euros, provoquant la destruction de 37 000 emplois, selon la fédération. Et en cas de « scénario noir » (des dépenses en baisse de 34 %), ce sont 58 600 emplois qui disparaîtraient, estime la même source.

« Ces pertes d'emploi impacteront en outre durablement la compétitivité de notre secteur, en se traduisant par une perte de compétences dans certains domaines qui faisaient jusqu'à présent la force de nos entreprises sur le marché national et à l'export », estime la FNTP.

De 37 000 à 58 600 emplois supprimés

Si les entreprises de travaux publics sont « conscientes des contraintes qui pèsent sur les budgets publics », selon M. Cavagné, elles ne veulent pas que « l'investissement devienne, une fois encore, la variable d'ajustement des budgets », au « détriment de la compétitivité et de l'emploi dans nos
territoires »
, dit-il.

« Collectivement, la réduction des dépenses en infrastructures est un mauvais calcul : reporter ou annuler l'investissement en faveur de notre patrimoine en routes, ponts, réseaux d'eau et d'électricité fera porter un poids encore plus lourd sur la dépense publique... à venir », avertit la FNTP.
Et pour un secteur qui vit à 70% de la commande publique, l'horizon s'assombrit aussi du côté de l'Afitf (Agence de financement des infrastructures de transport de France) dont nombre de projets liés aux contrats de plan Etat/Régions sont gelés en raison de la suspension de l'écotaxe, ou encore des Agences de l'eau, au budget ponctionné par le gouvernement au nom de son programme de 50 milliards d'économies.

« On est en train de fermer tous les robinets en même temps », s'est désolé M. Cavagné lors d'une conférence de presse mardi. « Comment va-t-on financer les infrastructures en France ? Depuis 18 mois, c'est le brouillard complet, on ne vit que d'effets d'annonces : il faut que le gouvernement prenne enfin des décisions, avec un financement derrière »,
a-t-il martelé.

La FNTP espère être fixée « d'ici l'été » sur l'avenir de l'écotaxe, alors que le rapport de la mission d'information parlementaire Chanteguet sur l'écotaxe poids lourds sera rendu public mercredi. Elle devait rapporter 800 millions d'euros par an pour financer les transports notamment.

La fédération espère aussi que Ségolène Royal, qui doit s'exprimer jeudi à 18h à l'occasion de son forum annuel organisé à Paris,
« fera avancer le dossier ». La ministre de l'Ecologie a évoqué l'idée de mettre à contribution les sociétés d'autoroutes pour financer l'Afitf.

La fédération table sur un recul de 4 % de l'activité des entreprises de travaux publics cette année (après -3 % en 2013) et une perte de 12 000 emplois.


C.T (avec AFP)
© PhotographyByMK - Fotolia.com

 

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