La prévention, premier domaine de formation dans l’artisanat du BTP
Avec 67 255 actifs formés en 2016, les formations à la prévention montent sur la plus haute marche du podium (49%) suivies par les formations techniques (38%) et les formations à la gestion (13%).
La formation continue enregistre un léger recul. Les auteurs de l’étude expliquent cette tendance par « une baisse de fréquentation des formations techniques, avec notamment une diminution des formations qui permettent d’obtenir une qualification RGE ».
Françoise Despret, Présidente de la Cnatp, se félicite des résultats de l’étude. Elle déclare : « C’est un enjeu fort pour nos organisations professionnelles que de poursuivre l’effort de sensibilisation de nos collègues concernant leur sécurité et d’accompagnement pour mieux se former à la prévention ».
La prévention selon les métiers du BTP
Dans le détail, les formations liées au secourisme connaissent un fort dynamisme et progressent de 39% pour atteindre 11 794 formations en 2016. Les formations au travail en hauteur (+ 19%), à la conduite d’engins (+ 13%), à l’électricité (+ 12%) et à l’amiante (+ 11%) ont également progressé par rapport à 2015. Les formations relatives aux contraintes physiques, à la gestion de sécurité ou encore aux explosions et incendies quant à elles se stabilisent.Les métiers du plâtre et de l’isolation (+ 32%), des travaux publics (26%) et de l’électricité (+ 21%) enregistrent la plus forte augmentation en matière de formation à la prévention. « Les charpentiers-menuisiers-agenceurs, couvreurs-plombiers-chauffagistes, électriciens et les métiers de travaux publics figurent parmi les métiers les plus représentés dans les formations à la prévention au regard de leur effectif de référence », précise l’Observatoire.
Des disparités entre chefs d’entreprise et salariés
Si les formations à la prévention sont en hausse, l’étude met en lumière « une disparité toujours trop importante » entre salariés et chefs d’entreprises, 16% d’entre eux seulement ayant suivi une formation à la prévention en 2016. Les chefs d’entreprise artisanale privilégie en effet des formations techniques (78%) contre 28% pour les salariés. « Ceci s’explique, selon toutes vraisemblances, par l’obligation générale de formation à la sécurité des salariés par les chefs d’entreprises ».L’étude identifie ainsi « un manque crucial de suivi de formations à la prévention par les chefs d’entreprise(s) et conjoints non-salariés », souligne Patrick Liébus, président de la Capeb.
« La formation des chefs d’entreprise reste encore insuffisante », ajoute Paul Duphil, secrétaire général de l’OPPBTP. « Nous devons poursuivre nos efforts pour donner envie aux chefs d’entreprise de se former, développer des messages positifs valorisant les effets induits, plus particulièrement dans les entreprises artisanales ».
Des disparités hommes-femmes et en termes d’âge
Des disparités hommes-femmes persistent également : 98% des stagiaires formés à la prévention sont des hommes. Les femmes qui représentent pourtant 8% des actifs du BTP, sont sous-représentées dans les formations à la prévention (2%), et ce malgré « une féminisation progressive des métiers».Les stagiaires âgés de 20 à 40 ans restent les plus impliqués (61%) contre 14% seulement pour les « 51 ans et plus ».
Concernant les régions, le Grand-Est, les Hauts-de-France, la Normandie et la Bretagne se démarquent tandis que l’Ile-de-France la région PACA et la Nouvelle Aquitaine montrent un dynamisme moins important.
Redoubler d’effort pour mieux prévenir
Dernier point : les auteurs de l’étude notent « une relative inadéquation » entre les formations suivies et les accidents de travail/maladies professionnelles.Ils proposent ainsi des leviers pour améliorer le suivi et l’impact des formations à la prévention : déployer des actions de promotion ciblée et valoriser la prévention comme source de performance ; développer des formations numériques et supports digitaux pour permettre aux participants de se former à leur rythme et aux entreprises de gagner du temps ; faciliter l’accès aux formations avec des horaires adaptés ; et identifier les thèmes de prévention à mettre en avant auprès des entreprises (contraintes physiques, chutes de hauteur, produits dangereux).
R.C
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