La prévention, formation n°1 dans le BTP
Les entreprises du BTP suivent de plus en plus de formation (+12 % par rapport à l’année précédente), mais les résultats de la 7ème édition de l’Observatoire national des formations à la prévention sont d’autant plus encourageants que « la prévention reste le 1er domaine de formation en 2018 », soit 55 % des formations suivies par les professionnels. Un résultat d’autant plus important que la CNAM rapportait, malgré une diminution du nombre de décès sur les lieux de travail en 2018 (107 décès contre 120 en 2017), une augmentation des accidents de travail de 1,9 % après plusieurs années consécutives de baisse. Conscients des risques liés à leur emploi, les salariés du BTP sont prêts à se former pour éviter les risques d'accidents.
Cette hausse du nombre de formations pour la prévention s’explique par « une forte augmentation des formations liées au risque électrique », avec +58 %, qui serait due « à l’obligation au 1er janvier 2018 pour les personnes travaillant à proximité des réseaux aériens et enterrés d’être formées et de détenir l’AIPR (Autorisation d’Intervention à Proximité des Réseaux) ».
Dans l’ensemble, les autres formations dans le domaine de la prévention sont en hausse. Les formations liées au travail en hauteur par exemple, ont augmenté de 13 %, celles sur le secourisme s’approchent également de ce niveau (+12 %), suivies de près par les formations sur la conduite d’engins de chantier (+11 %). Celles liées à la gestion de la sécurité connaissent également un bond en comparaison de l’année précédente (+ 27 %).
Un écart entre le choix des formations et les causes d’accidents
D’autres thématiques de formation connaissent un peu moins de succès, comme par exemple celles sur l’amiante (+1 %), ou celles relatives aux opérations particulières (-6 %).
Le suivi des formations concernant les contraintes physiques sont en revanche en hausse de 5 %. Même si le suivi de cette formation augmente peu, sa hausse est un signe prometteur quant à l’avenir de la sécurité sur les lieux de travail. La Capeb rappelle en effet, que « les contraintes physiques (manutentions manuelles) constituent la première cause d’accidents pour les professionnels du BTP ». Ils représentent chaque année environ 48 % des causes d’accidents, soit 86 886 accidents déclarés.
Les TMS (troubles musculosquelettiques) sont toujours la première cause de maladies professionnelles pour l’ensemble des métiers du BTP (90 %). Les startups développant des outils d’aide au port des charges lourdes, sont d’ailleurs plus récompensées qu’à l’accoutumée, signe que les TMS sont une préoccupation majeure dans le secteur. La Capeb encourage d'ailleurs de poursuivre la sensibilisation des entreprises sur cette thématique.
Qui suit ces formations ?
Quels sont les artisans qui suivent ces formations ? LaCapeb décrit une « dynamique inégale selon les profils ». Depuis 2018, les métiers des travaux publics, comme les électriciens, les couvreurs, les plombiers-chauffagistes, les maçons, les carreleurs et les serruriers métalliers, sont parmi les plus représentés dans les formations à la prévention. Côté formations techniques, les chefs d’entreprises artisanales sont sur-représentés (65 %), et suivent moins les formations à la prévention (23 %, soit une légère augmentation de 6 %). Pour les salariés de ces mêmes entreprises, le constat s’inverse, 24 % suivent des formations techniques, et 60 % se forment à la prévention. « Un écart qui ne reflète pas l’exposition des chefs d’entreprise aux mêmes risques professionnels que leurs salariés sur chantiers », commente la CAPEB.
L’Observatoire parle également d’une féminisation progressive des métiers. Toutefois, elles restent largement moins présentes en session de formation sur la prévention que les hommes (2 % de femmes contre 98 % d’hommes). Une autre variable montrant cette inégalité dans le suivi des formations est celle de l’âge. Les jeunes, dans la tranche des 20-40 ans, sont les plus impliqués dans le suivi des formation de prévention (60 %), à l’inverse, les 51 ans et plus tirent la corde vers le bas, seuls 15 % d’entre eux suivent ce genre de formation « alors qu’ils représentent 29 % des actifs du BTP ».
Les résultats de l’Observatoire attestent aussi d’une « inégale dynamique selon les régions ». Le Grand-Est, les Hauts-de-France et la Normandie sont particulièrement dynamiques dans les formations, à l’inverse, l’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les régions dans lesquelles on se forme le moins - un bilan similaire aux années précédentes.
Comment promouvoir la formation ?
Les résultats publiés par l’Observatoire ont permis aux fédérations et organismes du secteur de trouver des leviers d’action pour promouvoir le suivi de formations auprès des artisans. Il ressort ainsi qu’il est nécessaire de proposer des formations faciles d’accès, adaptées aux métiers et à la taille des entreprises, de développer des méthodes « en conditions réelles » grâce à la réalité virtuelle ou la réalité augmentée, avec un aspect ludique, et de poursuivre le développement des formations numériques.
L’OPPBTP mise déjà sur ces formations numériques, elle propose des «e-learning gratuits » sur plusieurs thématiques. Ces cours en ligne téléchargeables sont courts, et peuvent être facilement introduits lors de briefings entre équipes. Sur son site internet, l’IRIS-ST a dédié à la formation un onglet spécifique dans lequel on peut trouver des fiches par métier, par formation, et un « guide pratique sur les formations santé sécurité au travail ».
J.B
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