La hausse des importations de pierres inquiète l’industrie française
Alors que le plan de relance vise une réindustrialisation de la France, et que le « consommer local » prend une place toujours plus importante, le Syndicat national des Roches Ornementales et de Construction (SNROC) s’élève une nouvelle fois contre les importations de pierres étrangères. Dans un communiqué, le Syndicat souligne que la part des importations de produits finis « ne cesse d’augmenter passant de 382 millions d’euros en 2016 à plus de 440 millions en 2018 ».
Récemment, la Ville de Paris aurait commandé à une carrière étrangère, pour deux millions d’euros, les matériaux pour la fourniture des bordures et pierres prévues pour le prolongement du tramway T3 de la Porte d’Asnières à la Porte Dauphine. Quant à la RATP, elle aurait passé commande de granit auprès de fournisseurs hors hexagone dans le cadre d’un marché de l’ordre de 6 millions d’euros.
Les professionnels de la filière appellent ainsi l'Etat à prendre ses responsabilités. « La profession ne peut plus accepter des décisions de commande publique basées sur le seul critère du prix, sans tenir compte de tous les autres paramètres, tels que les impacts sur l’emploi français et le bilan carbone subis par la France sans contrepartie ».
Le SNROC indique en effet que depuis près de 20 ans, les 700 entreprises de la filière, majoritairement des PME et des TPE, « subissent l’impact négatif des commandes publiques qui favorisent les fournitures étrangères ». Résultat, en moins de 10 ans, plus de 150 sociétés ont disparu, soit 20% des entreprises. Et si le chiffre d’affaires a augmenté de 2,5% en 2018, il avait fortement baissé en 2015 (- 3,5%) et en 2016 (- 2,2%).
Ce type de décision « va à l’encontre des intérêts de tous les acteurs de la filière française » et empêche l’utilisation de ressources locales permettant le maintien de l’emploi en France, le respect de l’environnement et l’aménagement du territoire.
Le secteur est pourtant en capacité de répondre à la demande et d’approvisionner de grands chantiers, assure le SNROC ajoutant que les carrières françaises utilisent des équipements de transformation de haute technologie et sont « parfaitement » capables de produire et livrer dans les délais demandés.
Sylvain Laval, président du SNROC, précise que la filière a saisi le gouvernement et des maîtres d’ouvrages. « Nous réitérons notre volonté d’échanger avec les pouvoirs publics afin d’obtenir un arbitrage au plus vite sur cette question ».
Rose Colombel
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