La crise sanitaire est un « accélérateur de transformation digitale », selon Otis
Otis a été créé aux États-Unis il y a un peu plus de 160 ans. Dans le monde, la marque représente plus de deux millions d’appareils, dont 1,1 million sur la zone « Europe ». Pour ce qui est de la France, on compte un peu moins de 200 000 équipements, un chiffre qui s’agrandit d’années en années « à mesure que nos appareils neufs sont installés dans les bâtiments », explique Thibault Lefebure.
La gamme Otis tourne autour d’un produit qui s’appelle le Gen2, une technologie en constante évolution, lancée il y a une quinzaine d’années. Une de ses particularités, le fait « d’avoir remplacé le câble d'acier de traction conventionnel par une courroie flexible en acier recouverte de polyuréthane », ce qui demande moins de maintenance que les courroies en acier. Le local machinerie a également été supprimé. « Des toutes petites chaines de traction, passées au-dessus de la gaine, permettent de tirer la cabine ». Cette technologie standard est associée à un Regen Drive « qui donne la puissance à la cabine, et permet de récupérer l’énergie » créée par le déplacement de l’appareil. L’énergie est réinjectée dans le réseau électrique de l’immeuble. « C’est une tendance forte de l’ascenseur. Nous cherchons à recycler l’énergie de manière à tendre, dans un futur proche, vers un appareil à énergie positive ».
Pour rappel, la société avait déjà introduit la technologie Switch qui permet de stocker de l’énergie via des batteries qui fonctionnent à 220V, et de la redistribuer pour que l’appareil continue à fonctionner « sur plusieurs centaines de départ » en cas de coupure de courant.
Et pour rendre les appareils encore plus disponibles (et prévenir les pannes), Otis a lancé le programme de maintenance prédictive Otis One. En cours d’installation en France, en Allemagne et en Autriche pour l’Europe, cette technologie « va améliorer grandement le service des ascenseurs pour ses utilisateurs ».
Des solutions pour chaque marché
Les solutions Otis s’adaptent à chaque typologie de bâtiments, et aux besoins des clients. Dans les hôpitaux par exemple, Otis peut installer des détecteurs de brancard à 45°, qui permettront d’adapter les temps d’ouverture et de fermeture des portes au passage de brancard.
Dans les bâtiments résidentiels, les cabines sont de taille plus réduite « puisqu’il faut parfois s’intégrer sur des cages d’escalier beaucoup plus petites ». Mais ici, c’est l’expérience utilisateur qui prime avec des écrans connectés « dont sont friands » ces ensembles. Le service eView propose des contenus informatifs : fonctionnement de la cabine, météo, informations de la copropriété et peut-être même un jour, les actualités du quartier.
Une transformation digitale qui s’accélère
Thibault Lefebure explique que la période « un peu particulière que nous vivons, est un accélérateur de transformation pour Otis, et les gaines d’ascenseurs jouent un rôle tout à fait critique dans le management des bâtiments de demain ». Ainsi, si la crise a inévitablement impacté les marchés, elle est venue confirmer « un certain nombre d’intuitions que nous avions, et qui concernent l’accessibilité des bâtiments, ou encore les innovations de type sanitaire et santé pour protéger les personnes dans cet espace exigu qu’est la cabine, et l’écosystème dans lequel l’ascenseur s’intègre ».
Il révèle que 40 000 écrans connectés eView ont été installés ou sont en cours d’installation en Europe. Sur ces écrans, dans le cadre du COVID, « les consignes sanitaires étaient diffusées de manière continue ». Il rappelle aussi que les hôpitaux ont nécessité « plus d’attention. Nous avons travaillé de concert avec les bâtiments hospitaliers pour augmenter la maintenance. Nous avons installé à titre gracieux notre solution de diagnostic et d’intervention à distance Service Elite dans tous les hôpitaux dont les ascenseurs le permettaient. C’est un sujet qui n’a fait que s’accélérer ».
Quant aux bâtiments de bureaux ou encore les hôtels, des standards de maintenance ont été conservés « car un ascenseur s’abime s’il ne fonctionne pas». Puis lorsque le déconfinement est arrivé, de nouvelles demandes ont surgi. « Nous avons aidé nos clients à créer les conditions de réouverture des bâtiments : la distanciation sociale, le calcul des flux. » Otis a mis à disposition de ses clients des kits de signalisation pour créer des flux d’attente dans les ascenseurs. Et a développé des solutions de purification d’air et de désinfection.
« Autre tendance que nous avions anticipée mais qui n’avait pas de volume de demandes en amont du COVID, ce sont tous les applicatifs qui permettent de commander les ascenseurs à distance et de ne plus utiliser les boutons en palier, ou en cabine », poursuit Thibault Lefebure. En ce sens, l’application exclusive Otis eCall permet, depuis un smartphone, d’appeler l’ascenseur.
Qu’en est-il de l’appel vocal ? Otis mène des projets dans le monde, et notamment aux Etats-Unis pour tester « Hey Otis ». « A distance raisonnable, nous sommes capables d’appeler l’ascenseur et de lui dire à quel étage nous souhaitons aller. Les hôtels s’intéressent à ces solutions ». « Nous sommes également capables de faire de la détection de gestes. Ce sont de nouvelles formes d’interaction avec l’ascenseur ».
Des tests sont en outre menés pour l’intégration de tout ce qui est robotique. « Beaucoup d’hôpitaux et même d’hôtels nous demandent d’être capables d’intégrer la reconnaissance de robots qui pourraient transporter du matériel médical, ou bien un room service ».
En guise de conclusion, Thibault Lefebure rappelle qu’en France, des centaines de milliers de bâtiments n’ont pas encore d’ascenseurs. « L’avenir pour nous, c’est l’équipement de ces bâtiments au regard de ce que sera la ville de demain. Il faut continuer à se transformer et à s’interfacer dans l’écosystème du bâtiment ».
Propos recueillis par Rose Colombel
Photo de une : ©Otis