La crise du logement neuf pourrait détruire 100 000 emplois, selon la FFB
En décembre dernier, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) alertait sur un « coup de froid » pour le logement neuf en 2023.
En cette mi-avril, les craintes de la FFB se confirment. La fédération prévoit désormais une chute de 20 % du logement neuf en 2023 « si rien n’est fait ».
Entre décembre et février, en glissement annuel, le nombre de permis de construire s’est effondré, avec - 37,8 % pour l’individuel, et - 14,9 % pour le collectif.
Pour les constructeurs de maisons individuelles, la chute d’activité est de 31,4 % à fin février sur 12 mois, et de -16,2 % pour les promoteurs à fin décembre.
Les chiffres du logement neuf
Vers la destruction de 100 000 emplois d’ici fin 2024 ?
Cette crise du logement neuf, en plus d’aggraver la pénurie de logements et d’alimenter la hausse des prix, risque d’être à l’origine de la perte de 100 000 emplois salariés et intérimaires équivalents temps plein dans le bâtiment d’ici fin 2024, alerte la FFB, alors même que le secteur pouvait se féliciter d’avoir recruté plus de 240 000 personnes en deux ans.
« Le ressort du logement neuf est cassé, donc l’emploi est menacé en 2024. Fin 2024, 100 000 salariés sont en danger », a résumé Olivier Salleron, président de la FFB, en introduction.
Ce dernier a jugé ce coup d’arrêt « vraiment dommage », et espéré qu’il ne se propage pas à l’apprentissage, ayant enregistré un nouveau record, avec 102 900 apprentis se formant aux métiers du BTP en 2022-2023.
Le bâtiment mise sur la rénovation énergétique pour compenser la chute du neuf
Outre le logement neuf, la tendance ne serait pas plus glorieuse côté amélioration-entretien. Selon la FFB, la croissance de ce segment aurait augmenté de +2,1 % en 2022, mais le score est jugé « décevant » pour la rénovation énergétique, avec « seulement », +1,9 % entre 2021 et 2022.
Les chiffres de l'amélioration-entretien
Selon les prévisions de la fédération, l’activité du segment amélioration-entretien devrait rester stable ces trois prochaines années, avec en moyenne +2 % par an en volume jusqu’en 2025.
Afin de soutenir la rénovation énergétique – et plus particulièrement les rénovations globales –, la FFB appelle le gouvernement à ajouter 1 milliard d’euros supplémentaire par an au budget MaPrimeRénov’, et ce « pendant cinq ans minimum ». Pour rappel, le budget alloué pour 2023 est de 2,4 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent près de 600 millions d’euros pour MaPrimeRénov’ Sérénité.
« 530 000 employés du bâtiment, soit 40 % de l’effectif, travaillent dans une entreprise Reconnu Garant de l’Environnement (RGE), ce qui va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues, de fake news, qui diraient qu’on n’est pas assez nombreux pour traiter la rénovation énergétique dans les prochaines années », a par ailleurs souligné Olivier Salleron.
Bilan : tous segments confondus, l’activité du bâtiment devrait baisser de 4 % d’ici 2025, selon les prévisions de la FFB, et entraîner une chute de 7 % de l’emploi.
Dans ce contexte, la fédération réitère ses demandes, à savoir le rétablissement d’un PTZ à 40 % dans les zones B2 et C, un crédit d’impôt RE2020 sur les premières annuités d’emprunt, le statut de bailleur privé, ou encore l’assouplissement du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) des sols.
Côté prix des matériaux, la fédération note une décélération, estimant que le pic de la crise a été atteint mi-2022. Olivier Salleron a toutefois alerté sur une remontée des prix pour certains produits depuis début 2023 : « Les prix des tuiles, des produits céramiques, du verre, et des produits issus du ciment accélèrent nettement depuis le début 2023, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Par exemple, le béton prêt à l’emploi (BPE) affiche + 17,2 % sur les deux premiers mois de l’année 2023 », a-t-il alerté, espérant que la mise en place de l’Observatoire des prix aura un impact sur ces variations.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock