L’humain, pilier de la stratégie d’innovation des acteurs du BTP
KPMG a publié, le 18 juillet dernier, la 12e édition de l’étude annuelle « Global Construction Survey : Future-Ready Index ». L’étude fait le point sur le degré de maturité des entreprises du BTP face aux enjeux de l’innovation.
Élaborée à partir des réponses formulées par 223 dirigeants, elle identifie trois catégories d’acteurs :
- - Les « Leaders Innovants » (20%) ;
- - Les « Suiveurs » (60%) ;
- - Et les « Décrochés » ou « Retardataires » (20%).
KPMG explique que les « Leaders innovants » sont « convaincus qu’il s’agit de l’unique chemin pour continuer à se développer et à assurer leur pérennité ». Les « Suiveurs » sont plus sceptiques et moins enclins à investir dans les nouvelles technologies. « Ils s’engagent dans l’innovation prudemment avec le « ROI » comme principal critère, afin de limiter les risques et coûts liés aux projets qu’ils développent ». Quant aux « Décrochés », ils sont « toujours en recherche d’un modèle viable d’innovation pour leur organisation »
Innover pour être compétitif
L’innovation semble pourtant être gage de performance, d’attractivité et de compétitivité. L’enquête montre en effet « un lien fort » entre innovation et maîtrise des projets complexes. Les « leaders innovants » livrent par exemple la quasi-majorité (90%) de leurs projets dans les délais.
Ceux qui sont « en retard » utilisent des outils de gestion hétérogènes et non communicants. Le faible taux d’adoption des nouvelles technologies impacte ainsi l’activité : seuls 14% des « Suiveurs » livrent dans le délai prévu ou proche de la date initiale.
Quelles sont les technologies adoptées par les dirigeants ?
Le BIM reste la technologie la plus utilisée contrairement à l’impression 3D qui peine encore à se généraliser, une situation qui se doit, selon KPMG, « aux cas d’usage encore limités et peut-être aussi à l’interrogation des clients sur la pertinence de cette technologie versus les techniques plus classiques de la construction ».
Le cabinet note également le développement de l’analyse basique des données et le déploiement progressif de l’Intelligence artificielle et du machine learning. Il souligne cependant que les répondants sont toujours un peu perplexes « quant au potentiel de ces deux innovations : seuls 52% des leaders nous disent les voir jour un rôle important dans un horizon de 5 ans ».
2/3 des « leaders innovants » estiment que les nouvelles technologies vont favoriser l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché de la construction et des infrastructures. Quelles seraient les caractéristiques de ces entreprises ? Selon les sondés, elles s’appuieront sur des offres centrées sur une expérience client « différenciante » grâce à l’usage des données, sur des techniques de construction performantes et proposeront un service « à la demande ». Leurs actifs seront adaptables en fonction de l’évolution de leur environnement et privilégieront le travail en réseau. Les profils de leurs talents évolueront du fait de l’automatisation des travaux peu complexes et très risqués. Ils passeront d’une « main d’œuvre manuelle vers une main d’œuvre digitale ».
Valoriser les talents
KPMG révèle enfin que l’ensemble des acteurs se livre une véritable « guerre des talents ». « L’enjeu de l’attractivité et de la rétention des profils à hauts potentiels est au centre de toutes les stratégies de développement », précise la société. « Les talents les plus recherchés par les acteurs du secteur seront agiles face au monde digital, qualifiés en matière d’ingénierie et dotés de capacités managériales ».
En ce sens, les « leaders innovants » sont plus à même d’attirer les Millenials et la Génération Z. Ces entreprises offrent en effet la possibilité d’évoluer dans une « organisation dotée de moyens de communication et de management très innovants (…). Plus de liberté, plus de flexibilité grâce aux nouvelles technologies ».
Elles placent également l’humain au cœur de leur stratégie (contrairement aux autres répondants qui le classent à la 5e place), et font de la diversité une priorité ! Les « leaders innovants » sont en effet plus attentifs à cette question estimant en retirer des avantages en termes de « performance, d’image et donc in fine d’attractivité ».
Dans cette course aux talents, les répondants ont mis ou commencent à mettre en place des « softs controls » : programmes de formation, parcours de développement ou encore reconnaissance du travail effectuée.
« L’industrie de la construction s’est engagée avec vigueur et pragmatisme sur le chemin de l’innovation. C’est parce qu’elle sera au service des clients et des talents que l’innovation sera un exceptionnel levier de performance pour les acteurs du secteur », déclare Xavier Fournet, associé KPMG, responsable du secteur Infrastructure & Construction, en guise de conclusion.
R.C
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