Entreprises de BTP : un regain d’activité aux dépends de la valeur ajoutée et des marges
La création de valeur en berne
L’exercice 2011 a confirmé la fragilisation des entreprises de BTP dans une conjoncture qui continue à se dégrader en 2012. Une étude récente de la Fédération Française du Bâtiment montre une situation particulièrement préoccupante en termes d’activité avec un repli des permis de construire et des mises en chantier de logements neufs depuis le début de l’année : projection en année pleine de la mise en chantier de 350 000 logements soit un recul de 16.5% par rapport à 2011 et de 22.5 millions de m² en cours de réalisation dans le non résidentiel soit en repli de 9.3%. Quant à l’amélioration-entretien, la production en volume s’inscrit en baisse de 0.5% au premier semestre 2012. Ces éléments étayent les prévisions de la FFB pour l’ensemble de l’année d’un recul de la production en volume de 1.9% et expliquent l’effritement des carnets de commande observé depuis mars 2012.
La hausse globale des prix et des matières premières, l’augmentation du personnel intérimaire pour palier au surcroît d’activité ponctuelle et les plans de charges inégalement répartis sur l’année sont autant de paramètres auxquels les entreprises ont dû faire face sur cette période. Entre 2008 et 2011, la création de valeur est, quant à elle, en berne selon BTP Banque. Malgré une crise touchant le secteur, les entreprises de Gros-Oeuvre ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 12% entre 2010 et 2011. Quant aux entreprises de Second-Oeuvre et de Travaux Publics elles enregistrent respectivement des hausses de leur chiffre d’affaires de 8.3% et 7.9%.
Les trésoreries très touchées
La baisse du ratio Valeur Ajoutée/Chiffre d’Affaires, plus marquée que sur les 3 dernières années, montre que le regain d’activité qui a été constaté s’est fait aux dépends de la valeur ajoutée et des marges. L’analyse des bilans montre également une baisse significative de la rentabilité des entreprises de BTP entre 2008 et 2011 (-57% pour le Gros-Oeuvre, -43% pour le Second-Oeuvre et -38% pour les Travaux Publics). Ce déclin s’explique par le niveau des prix anormalement bas et par la hausse des charges de personnel et de matières premières. Les trésoreries des entreprises de BTP sont elles aussi très touchées et de plus en plus fragilisées, notamment par des délais fournisseurs qui tendent à se réduire quand les délais clients, eux, s’allongent.
Selon la Fédération Nationale des Travaux Publics, l’activité 2012 devrait quant à elle rester stable, dans un environnement incertain du fait des difficultés rencontrées par des collectivités locales dans l’accès au financement de leurs projets. Depuis le début de l’exercice 2012, BTP Banque constate une évolution de plus de 10% du nombre des dépôts de bilan sur son fonds de commerce. Ces défaillances d’entreprises se concentrent sur le secteur de la construction compte tenu de sa plus forte représentativité sur le métier du Bâtiment que sur celui des Travaux Publics. Parallèlement les trésoreries des entreprises continuent à se tendre. A titre d’exemple à fin août 2012, les concours de trésorerie consenties à la clientèle comparés à août 2011 progressent de 18.6% après une progression de près de 10% en 2010.
B.P