En France comme ailleurs, le secteur de la construction ralentit
En France, la croissance en volume du secteur devrait connaître une évolution semblable avec un ralentissement à + 1,6% en 2018 et à + 1,5% en 2019 (contre + 2,5% en 2017).
« En effet, 2018 a été une année difficile pour la construction française en termes de volume, particulièrement pour le secteur résidentiel ». Les perspectives pour 2019 ne sont pas plus optimistes, prévient Euler Hermes. A cela s’ajoute, des marges d’exploitation en diminution.
Cette année, « les entreprises françaises de la construction ont été prises entre le marteau et l’enclume, avec d’un côté un recul des revenus et de l’autre une augmentation des coûts, provenant de la hausse du prix des matériaux de construction et des coûts de main d’œuvre », explique les spécialistes d’assurance-crédit.
Les délais de paiement moyens appliqués dans la construction française continuent d’affecter la liquidité du secteur, ajoute Euler Hermes, précisant qu’ils ont augmenté de + 7 jours entre 2016 et 2017, et s’élèvent désormais à 75 jours.
Le spectre de la crise de 2008
Euler Hermes relève deux tendances pour expliquer ce ralentissement : durant plusieurs années, la majeure partie de la croissance du secteur de la construction à l’échelle mondiale provenait de marchés émergents (+ 57% de croissance entre 2008 et 2018). Pendant ce temps, les pays développés « ne sont pas parvenus à retrouver leurs volumes d’avant-crise ». Qui plus est, « le secteur de la construction n’a pas été capable de mettre en place les pare-feux nécessaires et de se relever pleinement de la crise de 2008, malgré un contexte économique mondial porteur ».Ainsi, les experts d’Euler Hermes note que « la liquidité est historiquement, et restera, la préoccupation principale pour le secteur à l’échelle mondiale » ; « la demande n’est que très légèrement repartie dans les plus gros marchés du secteur de la construction (France, Allemagne, Italie et États-Unis entre autres) et n’a pas encore retrouvé ses niveaux d’avant-crise. En effet la croissance moyenne en volume du secteur dans ces pays s’avère négative entre 2008 et aujourd’hui » ; « la rentabilité s’est également retrouvée sous pression du fait de la hausse du coûts des intrants, et plus particulièrement du coût du travail ».
La première conséquence du ralentissement de l’activité est « la détérioration de la santé financière des entreprises dans plusieurs pays ». Ainsi, lors des 9 premiers mois de 2018, Euler Hermes a comptabilisé 41 défaillances de grandes entreprises de la construction (+7% vs 2017).
Le secteur pourrait même être plus affecté par une prochaine crise. Pour 2019, le ralentissement attendu trouvera sa source dans la décélération de la croissance économique mondiale et le resserrement des conditions financières et monétaires, selon Euler Hermes.
Une conclusion « inquiétante, surtout lorsque l’on sait que le secteur pèse lourd dans la plupart des économies avancées et émergentes, et représente 10% de l’activité économique mondiale ».
R.C
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