Des constructions de piscines en repli, mais le marché reste porteur
Entravé par l’inflation, les arbitrages budgétaires des Français et la stigmatisation du secteur dans le contexte des restrictions d’eau de cet été, « le marché des piscines a été malmené » au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, introduit Stéphane Figueroa, président de la Fédération des professionnels de la Piscine et du Spa (FPP), lors d'une conférence de presse.
Une baisse de 15 % du nombre de nouvelles piscines construites a été enregistrée par rapport à la même période en 2022, après deux années de croissance soutenue en 2020 (+27,5 %) et 2021 (+22 %).
Pourtant, le secteur continue de croître à un rythme supérieur à celui d'avant la pandémie, avec une augmentation de 8,6 % par rapport à la même période en 2019. Quant au chiffre d’affaires, il ralentit également (-8 %) sur les neuf premiers mois de l’année 2023, mais il demeure « largement positif » par rapport à l’avant-covid.
Les Français ont toujours autant envie de piscine
« Il semble que ces obstacles actuels n’aient pas enlever l’attrait des Français pour les piscines », souligne M. Figueroa, qui explique que dans un contexte où certains privilégient les loisirs à domicile pour économiser et réduire leur empreinte carbone, la piscine offre de nombreux avantages. « Source de bien-être et de convivialité », selon ce dernier, elle représente également une solution « accessible » et « utile » pour se rafraîchir pendant les canicules estivales.
Selon les récentes enquêtes menées par l'Institut CSA pour la FPP, 4 propriétaires de terrains piscinables sur 10 expriment le désir d'avoir une piscine dans leur jardin. Parmi eux, 71 % affirment que les restrictions d'eau en période de sécheresse ne compromettent pas leur volonté d'en posséder une.
Une consommation d’eau surévaluée ?
Face à cette conjoncture, la FPP, qui représente plus de 1 500 entreprises du secteur, s'attèle à répondre aux attentes des consommateurs tout en mettant la préservation de l'environnement et les économies d'eau « au cœur de ses priorités », indique son président.
Précurseur dans ce domaine, la fédération a mis en place dès 2006 une Commission développement durable, et depuis 2012, son Label Propiscines intègre des critères environnementaux et de gestion de l'eau.
Au printemps dernier, elle accélère son mouvement et lance une Charte sur les économies d'eau, signée par 200 entreprises. L'objectif : explorer de nouvelles pistes de travail collectif. Parmi celles-ci, le développement d'un Calculateur sur l'utilisation d'eau des piscines est en cours. Cet outil évalue une quinzaine de paramètres pour déterminer précisément la quantité d'eau utilisée par une piscine et ainsi identifier les leviers pour réduire cette consommation.
Ce calculateur, qui sera accessible au grand public dans une version simplifiée pour des auto-diagnostics et des recommandations sur-mesure, a permis de démontrer qu'une piscine familiale de taille moyenne, de 4x8 mètres, utilisant des techniques telles que l'hivernage actif, consomme seulement 7 mètres cubes d'eau par an, sans jamais être partiellement vidée. Cela représente seulement 0,06 % de la consommation d'eau nationale, soit environ 21,6 millions de mètres cubes par an, « bien loin des pertes du réseau d'eau potable français », commente M. Figueroa.
Adopter une démarche éco-responsable
Et la FPP n’entend pas s’arrêter là. Une campagne de sensibilisation à grande échelle a été lancée pour inciter les propriétaires de piscines à adopter des pratiques responsables, comme fermer la couverture ou l'abri après la baignade. Des gestes simples qui peuvent avoir un impact considérable sur les économies d'eau.
Une démarche éco-responsable déjà comprise par de nombreux Français, propriétaires d’une piscine. En effet, selon une étude Xerfi Specific sur le marché de l’abri de piscine en France, en 2022, plus de 16 000 nouveaux abris ont été installés pour équiper les piscines françaises. Un chiffre record, en hausse de plus de 8 % par rapport à 2021. La FPP estime ainsi que « la France a passé le cap des 265 000 abris », la plupart d’origine française (86 %).
Marie Gérald
Photo de Une : ©CL VISUAL MAKER