Dépollution : la filière se refait une santé
Cette hausse s’expliquerait par des évolutions conjoncturelles favorables telles que le redémarrage des projets immobiliers et des mises en chantier de logements, le redressement des marges et de l’investissement des entreprises mais aussi par les besoins élevés de logements et de bureaux sur des terrains décontaminés.
Des terrains pollués de plus en plus nombreux
Cette année, 275 000 sites ont été recensés comme susceptibles d’être contaminés, c’est-à-dire deux fois plus qu’il y a dix ans. La crise industrielle est en partie responsable de ces chiffres puisqu’elle a entraîné le regroupement des activités et la fermeture de certains sites qui doivent être remis en état.Le nucléaire est l’un des secteurs les plus rentables puisque d’ici 20 ans, les observateurs considèrent que 300 réacteurs devront être traités et démantelés dans le monde. Du côté des substances chimiques, de nouveaux polluants nocifs pour la santé et l’environnement, ne cessent d’être identifiés.
Dans ce contexte, les professionnels de la réhabilitation voient leur activité grandir et les opportunités de négoces s’accentuer.
Une concurrence redoutable
Entre 2009 et 2014, le nombre d’établissements recensés au sein de la « dépollution et autres activités de gestion des déchets » a doublé atteignant plus de 300 unités. Ainsi, des TPE ont fait leur apparition dans un secteur qui réunit des professionnels aux profils très divers : entreprises du BTP, ingénieristes, acteurs des services de l’environnement, etc.Les professionnels du BTP sont d’ailleurs les mieux placés pour gagner des parts de marché dans les années à venir grâce à des moyens financiers et humains importants. Des groupes comme Bouygues, Eiffage et Vinci intègrent déjà dans leur offre de construction, l’étape de la dépollution, et ils proposent des solutions « tout en un » adaptées à la reconversion de friches industrielles à des prix très compétitifs.
Pour faire face à la concurrence, les opérateurs de la réhabilitation devront se former et s’appuyer sur un personnel mieux qualifié (l’Enag propose par exemple une formation en licence professionnelle de « technicien spécialisé en dépollution des sols »).
La certification sera aussi un enjeu crucial pour les sociétés. Aujourd’hui seule une quarantaine de sociétés a obtenu le label délivré par le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE) en tant que prestataires de gestion des sites et sols pollués en France. « Les petites entreprises peinent à se faire habiliter notamment en raison du coût global de la certification (…). Ce label créera à terme un fossé entre les leaders et le reste de la profession » précise l’étude.
Dans un contexte de dépollution durable, les professionnels du secteur devront être capables de développer des techniques novatrices de traitement des sols : la dépollution verte étant une manière de se différencier.
Un nouveau « business model » pour une plus grande plus-value
Grâce à la loi Alur, les exploitants d’une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) pourront transférer les obligations de dépollution à un acquéreur. Ainsi, les professionnels de la dépollution pourront proposer une offre intégrée « comprenant le rachat du site, les étapes de réhabilitation et la vente du terrain en projets immobiliers pour financer les travaux de dépollution et réaliser une plus-value » explique Olivier Lemesle, auteur de l’étude.Bien sûr, pour se positionner comme « tiers payeurs », les acteurs de la réhabilitation devront débourser d’importantes sommes d’argent. Malgré cela, le fait d'anticiper l'usage futur des sites à dépolluer leur permettra de réduire les délais de chantier de réhabilitation et donc les coûts de dépollution.
R.C