ConnexionS'abonner
Fermer

Défaillances : « La construction tente de ne pas s’écrouler »

Publié le 15 octobre 2024

Partager : 

Le cabinet Altares a publié son bilan du troisième trimestre 2024. 13 400 défaillances d'entreprises ont été enregistrées, dont 3 359 dans la construction.
Défaillances : « La construction tente de ne pas s’écrouler » - Batiweb

13 400. C’est le nombre de défaillances d’entreprises en France au troisième trimestre 2024, soit une progression de 20 % sur un an, selon le dernier bilan du groupe Altares. « La décélération se confirme mais le record de 66 000 défauts sur 12 mois glissés est franchi », lit-on dans la note de conjoncture. 

Thierry Millon, directeur des études Altares, fait état d’« un peu plus de 64 000 cessations de paiement ». « Bien que le chiffre impressionne, notre pays affiche encore un solde positif par rapport à sa moyenne de long terme puisque la moyenne des cinq dernières années, post Covid, se situera fin 2024 aux environs de 45 500 défaillances. Cependant, l’irrégularité des sinistres observée durant l’été ne permet pas d’excès d’optimisme », poursuit-il, tout en évoquant de fortes incertitudes quant à l’investissement et l’emploi. 

« Par conséquent, si un mur de faillites au-delà de 70 000 reste toujours évidemment exclu, il semble difficile de redescendre sous le plafond actuel dans les prochaines semaines. Le point de vigilance portera, cependant, moins sur le nombre historique attendu des défaillances que sur la fragilité des PME et ETI dont les défauts reportent le risque sur les fournisseurs et l’emploi », abonde M. Millon.

Une situation préoccupante chez les TPE

 

« Nous avions observé un tassement de la hausse des défaillances d’entreprises depuis le mois de mars ; il s’est poursuivi cet été à l’exception d’un mois de juillet qui a été particulièrement sinistré. En moyenne, sur sept mois, l’augmentation est retombée à 15 %, soit deux fois moins rapide que sur la période d’octobre à février lorsque les Urssaf avaient repris fortement la voie du recouvrement forcé. Certes, le volume est un peu au-dessus des pics atteints durant la crise financière puis celle des dettes souveraines, mais plus que le nombre c’est la taille des entreprises en défaut qu’il faut surveiller », analyse Thierry Millon.

Altares s’inquiète entre autres de la situation des PME - notamment celles de plus de 50 salariés, observant +47 % d’ouvertures de procédures sur un an et 52 000 emplois menacés. Les PME de moins de 50 salariés sont plus résiliantes, avec 970 procédures ouvertes (+13 %) et 45 % d’entreprises liquidées. « Pour cette typologie d’entreprises, la poursuite d’activité est privilégiée », en conclut l’expert de la donnée d’entreprise. 

8 % des défaillances concernent des PME-ETI. « Une proportion qui reste au plus haut sur dix ans, très au-dessus de celle observée avant Covid (6,4 % en moyenne). Les difficultés de ces employeurs font peser un risque fort sur l’économie et l’emploi des territoires », craint Thierry Millon.

Les TPE de six à neuf salariés affichent plus de difficultés, car 775 d’entre elles sont tombées en défaillance (+31 % sur un an). Les redressements judiciaires pèsent beaucoup dans la balance, augmentant de 61 %. À savoir que « 86 % des entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés et donnent donc le ton de la tendance globale », souligne Altares. Sur l’ensemble des TPE, 11 600 sont entrées en défaillance (+20 % par rapport au T3 2023), dont trois-quart visées par une liquidation directe. 

De bonnes surprises dans le bâtiment 

 

« Après des mois d’activité atone, les activités à destination du consommateur, notamment le commerce de détail et les services à la personne, pénalisés par une forte inflation retrouvent des clients. En revanche, le B2B est encore à la peine notamment dans les transports ou le commerce de gros », précise Altares. 

« Dans un contexte encore difficile la construction souffre mais ne s’écroule pas », note l’expert, avant d’ajouter : « De fortes tensions continuent de peser sur le secteur, néanmoins la sinistralité ne s’emballe pas ».

Ainsi, ce champ d’activité affiche 3 359 défaillances au cours du troisième trimestre (+26 % sur un an). Le taux est certes un peu au-dessus de la moyenne globale, tiré par les tendances dans la promotion (+85 % ; 74) et les agences immobilières (+30 % ; 226).

Toutefois, bonne surprise dans le bâtiment, alors que le second oeuvre passe en dessous de la moyenne globale (+16 %; 1 596). Et ce malgré de mauvais résultats dans l’activité de revêtement des sols et des murs (+ 65 % ; 129). 

Le gros oeuvre peine davantage (+33 %, 1 019). Cela s’explique par les conditions du segment maçonnerie, qui affiche 676 défaillances (+36 %). Dans la construction de maisons individuelles, particulièrement en crise, la hausse des défaillances se limite à +29 % (222).


Virginie Kroun
Photo de une : Adobe Stock 

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.