Décarboner l’énergie grâce aux réseaux de chaleur et de froid
L’étude réalisée par le Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU) en partenariat avec AMORCE, revient tout d’abord sur les chiffres clés d’un secteur qui se dit « au cœur de la transition énergétique ».
Pour cette enquête, les organismes ont étudié 781 réseaux de chaleur qui ont, en 2018, assuré le confort thermique de 87% de bâtiments résidentiels et tertiaires. L’an dernier, ce sont en effet 40 116 bâtiments qui ont été raccordés (contre 38 212 en 2017), soit 2,42 millions d’équivalents logements.
37% de ces réseaux sont alimentés par du gaz naturel, 25% par une unité de valorisation énergétique et 22% par une énergie biomasse. L’étude note : « En dix ans, les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) sont passées de 27% à 57,1% des énergies utilisées par las réseaux de chaleur. Pour la cinquième année consécutive, les EnR&R comptent pour plus de la moitié dans le bouquet énergétique ».
Le contenu moyen en Co2 s’élève à 0,116 kg/kWh, soit 36% de moins que l’électricité, 50% de moins que le gaz naturel et 61% de moins que le fioul, soit un recul de 45% en 12 ans. Grâce aux réseaux de chaleur, 5,7 millions de tonnes de CO2 ont été évitées en 2018, un bénéfice qui résulte du recours aux énergies vertes pour 77% et à la cogénération pour 23%.
Du côté des réseaux de froid, 1 381 bâtiments ont été raccordés en 2018 contre 1 234 un an auparavant. Le contenu moyen de CO2 est de 0,010 kg/kWh (contre 0,011 en 2017). Rappelons que ces réseaux assurent les besoins (climatisation) en froid des bâtiments raccordés à l’échelle d’un site, d’un quartier ou d’une ville, et concernent principalement des bâtiments tertiaires.
Accompagner davantage le développement des réseaux
Si les réseaux se présentent comme « un vecteur reconnu de la décarbonation », l’étude regrette que « la chaleur » bénéficie de moins de 10% des soutiens publics aux énergies renouvelables. Ses auteurs révèlent en effet que le verdissement des réseaux se poursuit positivement mais que « l’augmentation de 0,4 TWh de la chaleur verte livrée en 2018 n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs fixés », à savoir 24,4 TWh en 2023 (PPE) et 39,5 TWh en 2030 (loi de transition énergétique).
« Il est urgent d’accélérer le rythme de développement des réseaux (création, extension) et de poursuivre leur verdissement afin d’atteindre l’objectif de 2023, soit une multiplication par 5 du rythme de développement de 2018 (+ 2 TWh/an) », insistent-ils.
Des mesures gouvernementales à saluer
Les mesures lancées par le Gouvernement dans le cadre du groupe de travail « Réseaux de chaleur et de froid » pourraient contribuer à développer la filière. Ces annonces, couplées à l’augmentation du Fonds chaleur de l’Ademe, doivent permettre de :
- Redonner attractivité et compétitivité aux réseaux dans tous les territoires ;
- Lancer de nouveaux projets de chauffage urbain ;
- Étendre, densifier et verdir les réseaux existants ;
- Innover en faveur de solutions multi-énergies.
Soutenir les réseaux de chaleur et de froid, c’est également favoriser l’emploi. L’étude précise qu’en 2017, les réseaux ont représenté 12 800 emplois directs et indirects temps plein (ETP) dont 6 800 directs en France (source Ademe).
R.C
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