Construction métallique : +3,5 % de croissance d’activité entre 2022 et 2023
Alors que la FFB et la CAPEB notent une activité dans le rouge en 2023, celle de la construction métallique semble dans le vert. Le Syndicat Français de la Construction Métallique (SCMF) affiche effectivement +3,5 % de croissance d’activité entre 2022 et 2023. Une hausse toutefois moins forte que celle constatée entre avril 2022 et avril 2023 (+6,09 %)
Le chiffre d’affaires des constructeurs métalliques français s’établit à 4,3 milliards d’euros, pour une production de quelque 780 000 tonnes d’acier.
Une activité portée par les ouvrages, les bâtiments industriels et commerciaux
Certes, le SCMF rapporte en 2023 des marchés bénéfiques pour la construction métallique. On note les ouvrages de ponts et passerelles (5,4 % de l’activité en 2023), portés par les chantiers des lignes de métro 16 et 17 du Grand Paris. Mais « une autre part importante » du marché revient aux bâtiments industriels (61,37 %) et commerciaux, compte tenu la réindustrialisation de la France prévu par la loi industrie verte.
Ce sont toutefois les énergies renouvelables qui ont dynamisé le secteur, avec la construction massive d’ombrières et des supports de centrales photovoltaïques.
En parallèle, « la construction métallique s’avère particulièrement bien adaptée pour les marchés de rénovation et réhabilitation », souligne la SCMF. Parmi les chantiers évoqués par le syndicat : la rénovation du Parc des Expositions de Béziers (34) par la société Cabrol et la réhabilitation de l’immeuble de bureaux Bel’Air à Nanterre (92) par Vilquin (Fayat Group).
Son président Roger Briand n’a pas manqué de souligner la rénovation du viaduc autoroutier d’Autreville (54) par Berthold. Âgée de plus de 50 ans la structure accueille de nouvelles poutres. Elles « ont été posées sous le pont existant, sans le démolir et en modifiant sa conception », nous indique M. Briand.
L’engouement pour la réhabilitation s’explique par l’entrée en vigueur de la RE2020, qui tend à limiter l’empreinte carbone du bâtiment. « La première des solutions c'est de ne plus fabriquer, c'est-à-dire qu’il faut démonter pour remonter », nous commente le président du SCMF.
Gare toutefois à la productivité globale en France
La tendance s’avère donc positive selon Roger Briand, et assure aux constructeurs métalliques une marge d’investissements. « Rappelons que les 800 entreprises de construction métallique françaises, pour l’essentiel des PME et des ETI à structure familiale, octroient annuellement 10 % de leur activité dans la modernisation de leurs unités de production », lit-on dans le communiqué du SCMF.
Gare toutefois à la productivité globale en France, dont le taux régresse sensiblement depuis mai 2023 pour atterrir à 76 % décembre dernier. « Si la décroissance de ce taux se confirme, l’évolution de l’activité générale de la profession pourrait être impactée, sachant que le 1er marché des constructeurs métalliques concerne les bâtiments industriels », s’inquiète le syndicat.
D’autant que les constructeurs ont affronté des remous dans la gestion de leur activité, compte tenu de donneurs d’ordre « de plus en plus hésitants ». « Toutefois, depuis 3 mois, nous constatons une reprise des dossiers et des lancements de projets, les carnets de commande représentent aujourd’hui entre 6 mois et 12 mois d’activité. Un volume confortable pour aborder sereinement 2024 », rassure le président du SCMF.
Côté recrutement, les besoins se chiffrent toujours à plus de 20 000 emplois sur les 4 ans à venir et l’accent est toujours mis sur l’alternance et la formation en interne.
Recommandations et crispations autour du réemploi
Le SCMF profite de sa dernière conjoncture pour promouvoir la forte recyclabilité de l’acier. Rien de nouveau sous le soleil pourrions-nous dire, sauf que le syndicat a déposé il y a une quinzaine de jours une première recommandation professionnelle. Il s’agit d’un document rédigé par le Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM) au sujet du réemploi de matériaux structurels en acier. L’idée est de décrire les règles de l’art en matière de réutilisation des matériaux, que ce soit pour un projet d’extension ou de réhabilitation, par exemple.
Une telle documentation « est très importante. Quand vous démontez un bâtiment, une structure métallique, vous ne connaissez pas la nuance des aciers qui ont été travaillés et posés à l’époque », nous confie Roger Briand. Et de nous préciser : « Elle est applicable pour les bâtiments qui ont donc été fabriqués et posés à partir de 1970 ». Car plus l'on va loin dans les époques, plus la traçabilité des aciers appliqués est difficilement identifiable, bien que « déjà dans les années 1980-1990, on avait une traçabilité très précise des aciers qu'on a travaillés ».
De plus, la Direction Générale de la Prévention des Risques a lancé au mois de janvier une consultation, visant à réviser les modalités de financement de la REP PMCB pour la filière bois. Le SCMF s’oppose à l’option de faire porter une partie des coûts correspondants aux traitements des bois en fin de vie à tous les acteurs des autres produits et matériaux de construction, sauf le béton.
« Depuis plus d’un siècle, les produits et matériaux de la construction métallique sont largement recyclés, atteignant aujourd’hui un niveau d’excellence avec plus de 90 % de taux de recyclage (taux reconnu dans le cahier des charges des éco-organismes). Au regard de l’investissement accompli par notre filière, il va sans dire que nous considérons comme une double peine de devoir financer le verdissement d’activités d’autres secteurs, alors que le métal est déjà 100 % circulaire », plaide M. Briand.
« Les effets économiques de l’adoption d’une telle mesure auraient pour conséquence, une distorsion de concurrence, des impacts plus que significatifs sur tout notre écosystème et mettraient en péril nos investissements en cours et notre filière. Aussi, nous considérons légitime d’être exemptés de ce dispositif, compte-tenu de l’exemplarité de nos activités au regard des objectifs poursuivis par la REP. Nous avons d’ailleurs sollicité à ce sujet le Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des Territoires pour une rencontre prochaine », développe le président du SCMF.
Virginie Kroun
Photo de Une : SCMF-CABROL