Conjoncture bâtiment : « grosse inquiétude » de la FFB concernant le logement neuf
Compte-tenu des mauvais résultats que le ministère de la Cohésion des territoires annonce sur le marché de la construction depuis ce début d’année, le point conjoncture présenté ce matin du 19 mars par la Fédération française du bâtiment (FFB) était presque rassurant.
Son président Jacques Chanut a en effet évoqué une « activité d’un bon niveau », avec des carnets de commande qui restent globalement bien remplis. Ces derniers assurent en effet 6,5 mois de travail aux professionnels du BTP, dont plus de 8 mois pour les entreprises de plus de 10 salariés. De fait, la croissance devrait se prolonger jusqu’en septembre-octobre, d’après la Fédération.
Côté emploi, « les perspectives restent positives malgré un tassement important », comme l’a souligné Jacques Chanut. Rappelant que 50 000 postes ont été créés au cours des deux dernières années sur le marché du bâtiment, la FFB observe une hausse des perspectives d’emploi au premier trimestre 2019 pour les artisans. En revanche, la tendance s’inverse pour les entreprises de plus de 10 salariés.
Des prévisions maintenues pour 2019
Il faut dire que le climat conjoncturel est particulièrement délicat. Outre la réduction du Prêt à taux zéro (PTZ), subie par les professionnels dès l’année dernière, le logement neuf est mis à mal depuis plusieurs mois. Sur ce segment, les mises en chantier chutent de -11,1% en glissement annuel sur trois mois à fin janvier 2019. Dans le même temps, les permis de construire affichent un recul de -6,9%. Cette « accélération de la baisse des mises en chantier » constitue ainsi une « grosse inquiétude » pour Jacques Chanut.
Cependant, l’« arrêt de la chute des ventes des constructeurs de maisons individuelles », mis en évidence par le président de la FFB, est un signal plutôt positif pour les acteurs du BTP. Optimiste, l’organisme mise toujours sur une baisse de 30 000 mises en chantier cette année, pour un total de 392 000 logements neufs.
Sur le segment du non résidentiel neuf, « c’est encore pire », a déclaré, sans détour, Jacques Chanut. À fin janvier, les surfaces commencées ont perdu -4,5% en glissement annuel sur trois mois. En parallèle, les autorisations ont heureusement progressé de +6,5%, grâce aux locaux industriels et aux bâtiments administratifs entre autres. Les commerces, à l’inverse, sont « beaucoup plus en souffrance », d’après le président de la FFB. Il n’en reste pas moins que « 2019 sera une bonne année sur le non-résidentiel », d’après lui.
Autre « sujet préoccupant » abordé par Jacques Chanut : la hausse des prix des matériaux de construction, à hauteur de +1,4% pour l’ensemble (ciment, béton prêt à l’emploi, tuiles, briques et produits en terre cuite, et tubes, tuyaux, profiles creux et accessoires en acier). Sur le seul segment des matériaux, cette progression va même jusqu’à +2,5%. Une augmentation qui a des répercussions directes sur la trésorerie des entreprises du bâtiment, qui dégagent dès lors moins de marge.
« On a quand même un contexte général de taux qui reste bas, et qui va le rester encore quelques mois. Il faut profiter de cette situation-là pour continuer d’aider nos compatriotes à être solvables à la fois sur des travaux de rénovation énergétique mais aussi sur la construction et l’investissement », nuance Jacques Chanut. « Ce que nous annonçons aujourd’hui en termes de baisse d’activité est dans l’environnement institutionnel actuel, et il est de la responsabilité de notre gouvernement de faire en sorte que ces chiffres-là progressent ».
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Fabien Carré
Photo de Une : ©FC