Cambriolage : les serruriers ont un rôle à jouer
Crée en 1985 par France Assureurs et délivrée par le Centre de Prévention et de Protection (CNPP), la marque Assurance Protection Prévention (A2P) contrôle et certifie les systèmes de sécurité, contre les cambriolages notamment.
Afin de mesurer l’ampleur du fléau et les pratiques des particuliers visant à le contrer, le certificateur a confié à Kantar la réalisation de son premier baromètre.
Dévoilée et décryptée ce jeudi 21 avril par A2P et d’autres partenaires, l’étude rapporte que 84 % des sondés sont préoccupés par les problèmes de cambriolage et d’effraction.
Cette préoccupation dépasse même les incendies, les dégâts des eaux, voire les accidents domestiques. 34 % le sont même beaucoup, et sans surprise, ce chiffre augmente chez les personnes victimes d’un tel délit dans leur résidence principale actuelle (54 %).
Sachant que, toujours selon le baromètre A2P, un tiers des Français ont été victimes d’un cambriolage. Autre chiffre global : les conséquences du cambriolage les plus craintes sont essentiellement d’ordre physique et mental.
Un risque encore mal perçu et mal anticipé par les ménages
Malgré ce climat de frayeur vis-à-vis des cambriolages, déployer les systèmes de sécurité ne semble pas être la priorité numéro 1 dans les modifications du domicile. Selon A2P, installer un système de sécurité ou protéger les points d’accès arrivent après la réduction des consommations et dépenses énergétiques et l’augmentation du confort.
« 4 Français 10 pensent que leur logement n’est pas suffisamment protégé contre les cambriolages », souligne Anne-Karine Bigot, directrice Marketing Communication du CNPP. Et encore une fois, le sentiment se renforce chez les personnes déjà exposées à ce danger, qui jaugent à 6,2 le risque, contre les 5,4 de moyenne globale.
On constate la même proportion en termes de connaissances des systèmes de sécurité, la note moyenne étant de 5,3, alors qu’elle est de 6,2 chez les victimes. En matière de sécurisation du domicile, l’attention des sondés est davantage portée sur la porte principale (42 %), une fenêtre au rez-de-chaussée (25 %), ou l’arrière d’une maison (24 %).
Les trois quarts des répondants ont recours à au moins une solution de sécurité. Dans le top 3, on compte la serrure multipoint, les volets électriques, et le chien, suivis par l’alarme sonore avec sirène, le détecteur de mouvement, ou la caméra de vidéosurveillance.
Paradoxal, quand on sait que côté sentiment d’efficacité des équipements, « ce qui apparaît le plus sécuritaire et le plus sécurisant, c’est la porte blindée. Mais c’est aussi ce qui est le moins utilisé en pourcentage [15 %, NDLR] », commente Fabrice Galland, président de l’Union nationale des industrielles de la quincaillerie (UNIQ). La serrure multipoints, quant à elle, est « le produit un peu médian, avec un sentiment de sécurité un peu moyen et par contre le plus fort taux d’installation aujourd’hui sur le marché ».
La réputation, mais aussi la qualification des serruriers à redorer
Lorsque le baromètre A2P se concentre sur les critères de choix d'un système de sécurité, la qualité de service d’installation, le niveau de service en cas d'incident, ainsi que le niveau d'efficacité perçu, occupent respectivement la 1ère, la 2ème et la 3ème place.
Ce qui nous amène à considérer le rôle de l’installateur serrurier dans la sensibilisation des ménages à la lutte contre les cambriolages. Ces professionnels sont considérés comme la première source d’information sur la sécurisation du domicile, dans l'étude A2P. « Ils devraient s’approprier ce territoire », nous confirme Fabrice Galland. « Maintenant, c’est vrai que c’est une population dans laquelle il y a un peu de tout, mais aussi des serruriers des grandes marques agréées », nuance le président de l’UNIQ.
En effet, des fabricants comme Fichet, Picard et Hormann ont déjà constitué leur réseau de serruriers, dont le niveau de prestation est souvent contrôlé. Mais est-ce que la mise en place d’une certification ou d’un label commun ne serait pas un meilleur gage d’efficacité et de qualité pour la profession, à l’image de la mention RGE dans la cadre de la rénovation énergétique ?
D’autant que, si l’A2P s’évertue à certifier la qualité des solutions de sécurité, la présence de ces distinctions arrive en sixième place des critères de sélection. Créer l’équivalent d’une telle mention pour le niveau de prestation des serruriers pourrait même aller de pair avec une meilleure prise en charge des frais d’installation.
Bien qu’une majorité des participants au baromètre se disent prêt à investir 1 000 € dans la sécurisation de leur domicile, tout le monde ne peut pas se permettre un tel budget. Des représentants, comme l’UNIQ, sont même d’accord pour dire que les assureurs doivent faire pression sur le gouvernement pour la mise en place d’une aide associée.
« Cela coûte à la collectivité. Pour les assureurs c’est quand même un coût qui est moins important que d’autres risques », constate Fabrice Galland. Selon lui, il faut que les assureurs prennent conscience qu’ « ils ont un rôle un jouer, qu’ils ont créé une marque et que, qu’on soit certificateurs et fabricants, ils nous aident assez peu », estime-t-il.
Virginie Kroun
Photo de Une : A2P