Boutté investit 1,6 million d’euros dans sa chaîne de production
Pouvez-vous nous résumer l’activité de Boutté en quelques chiffres ?
Roch Buridard : En 2022, on a réalisé 30 millions de chiffre d'affaires (CA). Pour un tiers, c’est de la fabrication sur plan de pièces de plomberie atypique, un tiers des produits arrosage, et l’autre tiers pour la plomberie pure et dure.
Sur notre catalogue on a l’arrosage et la plomberie, avec plus de 6000 références. On ne propose que des produits, on propose des gamme surtout en plomberie. On est obligés de décliner sur toutes les tailles et tous les matériaux. On a notamment le cuivre, le PER, le multicouche. Donc il faut être capable de répondre à tous ces besoins. Nos principaux clients en plomberie, ce sont les négoces matériaux. Donc, en plus, on a en face de nous des personnes qui sont plus ou moins indépendantes, qui ont aussi un raisonnement familial, et c’est important pour eux-même d’assurer le service à leurs clients. On livre plus de 2500 de points de ventes par an.
En quoi les 1,662 million d’euros d’investissements déployés par Boutté reflètent ces enjeux ?
Roch Buridard : On cherche à développer notre chiffre d’affaires, et ça engage de la ressource à toutes les étapes, parce qu’on travaille en autonomie et à toutes les étapes. Ça commence avec la recherche, la mise en place de gammes marketing, la production, le bureau d’études, le packaging et le stockage. Parce que la plomberie c’est beaucoup de références, ce sont des acoups sur le marché. Et Boutté, qui est très attaché à son taux de service, veut augmenter en capacité mais garder le même taux de service et le même lien avec ses clients.
Par exemple dans les investissements, on a investi dans des tours Kardex, qui permettent de stocker en plus, en prenant moins sur le sol et en même temps, plus d’efficacité à la préparation de commandes.
Les investissements de Boutté en chiffres
Les 1,662 millions d’investissements déployés par Boutté sont repartis entre différents postes de sa chaîne de production sur son site et siège basé à Friville-Escarbotin (80) :
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Est-ce que ces nouvelles tours de stockage ont permis de contrecarrer des problèmes d’approvisionnement ?
Roch Buridard : Les problèmes d’approvisionnement, on en n’a pas sur les familles de plomberie. On a un taux de service à 97 % et on en très fiers.
Qu’en est-il des investissements côté innovations ?
Roch Buridard : La grosse innovation c'est tous les accessoires de récupération d’eau, avec tous les raccords pour lier une gouttière à un robinet classique. Boutté n’est pas fabricant des cuves, mais fabricant de tous les raccords qui vont servir à brancher ces cuves, pour les relier.
On a par exemple l’innovation Toutube. C’est un raccord qui pouvait fonctionner à la fois pour le PER, pour le multicouches et pour le cuivre. Un avantage pour les petits magasins, qui ne pouvaient pas avoir 15 mètres de linéaires, pour répondre à tous les besoins, mais qui ont besoin de répondre à tous leurs clients.
Est-ce que les pénuries d’eau, de plus en plus prégnantes, poussent l’innovation chez Boutté ?
Roch Buridard : Ça fait sept ans qu’on la pousse et aujourd'hui on se rend compte que toutes les planètes sont alignées, pour nous c’est top !
Plus l’eau est valorisée, plus c’est dans notre intérêt. Notre difficulté auparavant c’était que personne ne connaissait sa facture d’eau, alors que tout le monde connaissait sa facture d’électricité. Et là, on se rend compte que l’eau est une ressource précieuse et les gens sont prêts à choisir des produits de qualité pour tous les raccords et installations liées à l’eau.
Un budget a été investi dans la partie recyclage. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos ambitions ?
Roch Buridard : Notre métier c’est le décolletage. On travaille sur des barres en laiton, qu’on fait tourner, on les taille et leur donne la forme de raccord. L’avantage avec le laiton c’est que c’est une matière noble et recyclable quasiment à l’infini. Pour vous donner une idée, durant le process de fabrication, tous les copeaux liés à la taille de ces barres en laiton, toute la partie de la barre qui ne sera pas usinée, on la récupère et elle repart à la fonderie, où elle est fondue sous forme de barre et nous pouvons refaire des pièces dessus. Ça nous arrive de reprendre le marchandise en laiton, parce qu’on sait la réusiner. On n’est pas ferrailleur mais ça nous pose aucun problème étant donné qu’on usine plus de 1 500 tonnes par an.
On a aussi le problèmes des emballages. En tant qu’industriel, on livre des pièces en vrac en carton. La distribution nous a amené à faire des emballages. Pour ce point-là, nous avons ambition de retirer tous les emballages coque PVC, et remplacer par du carton, car 1) c’est plus écologique, 2) le carton, on arrive à le recycler et 3) on en a marre, tous, de remplir nos poubelles jaunes avec des coques en plastique et, 1 fois sur 2, on manque de s’ouvrir avec un couteau en les ouvrant.
Ça nous a demandé beaucoup de recherche, et on a du mettre une chaîne de production de packaging spécialement en place, avec des cartons épais.
Combien de croissance vise Boutté pour son CA d’ici cinq ans ?
Roch Buridard : Nos objectifs sont liés sur les trois activités, on a les mêmes ambitions sur nos trois activités que ce soit industriel pur, arrosage ou plomberie. Aujourd’hui on a un peu plus de 30 millions sur les trois activités et on veut passer à 40 millions. En gros on va chercher à avoir au moins 4-5 % de croissance sur les années à venir, en valeur.
Et des objectifs particuliers concernant le secteur de la plomberie ?
Roch Buridard : Les plombiers ont beau être assez conservateurs, on se rend compte que les usages évoluent beaucoup. Il y a donc un enjeu pour les industriels c’est d’être capable de suivre ces usages. Il y a encore peu de temps, le marché était assez réticent au multicouche et on se rend compte maintenant que c’est notre plus forte croissance.
Là on a sorti une gamme de raccord à écrous mobiles et ça fonctionne très bien. En fait ce sont des raccords assez pratiques avec un écrou libre, qui permet d’accéder dans des recoins un peu renfermés.
Stéphane Buridard : Tous les raccords à souder sont en chute libre face aux nouveaux matériaux que sont le PER et le multicouche. On est en train de vivre une explosion sur les flexibles sanitaires, parce que les plombiers n’ont plus le temps, et ne veulent plus couper et souder des bouts de tube, ainsi ils choisissent la rapidité de montage en utilisant les flexibles sanitaires.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Boutté