Batimat fait la part belle à la valorisation des déchets du BTP
Federec, Paprec, l’Una et le Syndicat des recycleurs du BTP se sont tout d’abord réunis pour discuter de l’engagement des professionnels en faveur du recyclage des déchets.
Nolween Comte, secrétaire générale adjointe du Syndicat des recycleurs, s’est notamment référée à la lutte contre les sites de décharge illégaux. Elle a plaidé pour un maillage national du recyclage des déchets et l’accompagnement de la maîtrise d’ouvrage. Il s’agit en effet de rester un support pour les petites et grandes entreprises. De les informer et de les former, et également de prendre en compte toute la chaine de valeur.
Elle est revenue sur la nécessité de tracer les déchets et de les trier à la source pour plus d’économies. Elle a rappelé en outre la mise en place, par le syndicat, d’un référentiel d’excellence professionnel à savoir Qualirecycle BTP qui identifie et formalise les bonnes pratiques en matière de recyclage.
Penser aux TPE et PME
Promouvoir les bonnes pratiques, c’est également ce que les UNA (Unions nationales artisanales) de la Capeb se proposent de faire. David Morales, Président de l’UNA Plâtre et Isolation, a souligné l’importance de travailler de manière transversale et de rappeler aux professionnels les avantages de s’engager dans le recyclage des déchets du BTP. « Il faut réfléchir ensemble, avec les industriels, les négoces et les spécialistes ».Il s’est également posé la question de l’endroit où recycler. « Faut-il aller chez des professionnels ou se rendre dans des déchetteries intercommunales ? Deux artisans sur trois font moins de 10 kilomètres pour stocker leurs déchets. Le reste se débrouille encore seul ». Il est important de penser aux zones rurales : « La France ce n’est pas que les villes », a-t-il rappelé.
L’éco-conception pour diminuer la production de déchets
Thierry Juif, Directeur Environnement et Eco-conception chez Bouygues Construction, a estimé qu’il valait mieux « réhabiliter » que « déconstruire ». Dans le cas d’une construction, il faut bâtir de manière « à donner plusieurs vies au bâtiment ».Si la déconstruction est inévitable, il faut réfléchir au réemploi des matériaux : « Peut-on aller plus loin que le recyclage ? Les matériaux sont-ils arrivés en fin de vie ? ». Il a ainsi invité les professionnels à diagnostiquer en détail ce qu’il faut déconstruire pour faire le choix du recyclage ou du réemploi. De cette façon, il sera possible de limiter l’épuisement des ressources et d’atteindre un jour le zéro déchets et donc un taux de valorisation de 100%.
Le BIM et la valorisation des déchets
Olivier Ponti, vice-président de Federec, a donné une nouvelle envergure au recyclage des déchets du BTP en y intégrant le BIM. Cette nouvelle méthode permettrait de penser, au moment de la conception du projet, à la quantité de déchets qui pourrait être produite en cas de déconstruction, et aussi au nombre de matériaux qui pourrait être réutilisé en cas de déconstruction. Actuellement, seuls 5 à 10% des déchets identifiés lors du diagnostic « déchets » sont valorisés.Un nouveau guide et une nouvelle charte
La conférence a été suivie d’une table ronde menée par Récylum, l’occasion de présenter un nouveau guide. Il vise à aider la maîtrise d’ouvrage à formuler ses attentes en matière de déchets dans les Cahiers des Clauses Techniques Particulières (CCTP) et les contrats cadres de Maîtrise d’œuvre et/ou d’Entreprises de travaux. Le guide a été élaboré au sein de la plateforme collaborative Democles qui souligne l'importance de la maîtrise d'ouvrage pour faire évoluer les pratiques et améliorer le taux de valorisation des déchets issus des opérations de réhabilitation lourde / démolition du bâtiment. Ce secteur génère en effet plus de 40 millions de tonnes de déchets par an, dont 11 millions de tonnes de déchets du second oeuvre dont seulement 30% sont recyclés. Le guide vise ainsi à accompagner les maîtres d'ouvrage pour qu'ils se conforment à la réglementation en matière de prévention, de gestion et de traçabilité des déchets. Si les exigences en matière de gestion des déchets sont formulées dès la phase de rédaction des marchés de travaux, le taux de valorisation des déchets des chantiers se verrait augmenter.La présentation de ce guide a précédé la signature d'une charte d'engagement. Son intitulé : « Charte du Maître d’ouvrage volontaire pour une meilleure prise en compte de la prévention et de la gestion des déchets dans les marchés de travaux de rénovation/démolition ». Les signataires sont : la Ville de Paris, Bouygues Immobilier, l’Etablissement Public Foncier d’Ile-de-France, Foncia Institutional Property Management, Monoprix, Paris Habitat, Sncf et la Société du Grand Paris. La démarché volontaire s'intègrera naturellement dans le future feuille de route de l'économie circulaire annoncée par le ministre de la Transition écologique et solidaire.
Rose Colombel