Amiante : « inculpation » d'un ancien patron d'Eternit
« Jusque-là, seuls des dirigeants d'établissements avaient été mis en examen. Il s'agit d'un passage très spectaculaire à l'étage supérieur dans les responsabilités du groupe », a estimé Me Jean-Paul Tessonière, avocat de plusieurs victimes de l'amiante qui se sont constituées partie civile. M. Cuvelier « est un dirigeant emblématique d'une époque où les contaminations étaient très importantes », a-t-il précisé. Cinq usines d'Eternit, aujourd'hui filiale d'Etex, font l'objet d'une instruction judiciaire centralisée au pôle de santé publique de Paris : Vitry-en-Charolais (Saône-et-Loire), Valenciennes-Thiant, Caronte-Martigues (Bouches-du-Rhône) Albi (Tarn) et Saint-Grégoire (Ille et Vilaine).
Pour l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), qui réclame depuis 2005 un procès pénal au plan national, « pour la première fois c'est un industriel et pas simplement un employeur qui devra rendre des comptes à la justice ». En France, l'amiante est jugée responsable de 10% à 20% des cancers du poumon et devrait être responsable de 100 000 morts d'ici 2025, selon l'Agence santé-environnement (Afsset). Son caractère cancérigène est connu depuis les années 50 mais le premier décret réglementant son usage ne date que de 1977 et son interdiction de 1997.
Bruno Poulard